Magazine Le Mensuel

Nº 2938 du vendredi 28 février 2014

POLITIQUE

Qalamoun. Un commandant du Hezbollah raconte la bataille

Alors que la bataille entre l’armée syrienne et les rebelles fait rage dans la région du Qalamoun, adossée à la frontière libanaise, Magazine a rencontré − sous couvert d’anonymat le commandant d’une brigade du Hezbollah, déployée dans ce secteur, venu au Liban pour quelques jours de repos.
 

Quelle est la situation actuelle dans le Qalamoun?
Nous avons réussi à reprendre environ 70% de la région, divisée en plusieurs secteurs comportant chacun vingt et une brigades (wehda). Chaque brigade comptant sept combattants chacune. Notre zone d’opération se situe dans le secteur de Yabroud, qui englobe sept autres villages. Il y a environ 47 000 habitants dans cette région, dont la majorité s’efforce de fuir les violents bombardements.

Combien y a-t-il actuellement de combattants rebelles déployés dans le Qalamoun?
Ils sont près de 10 000 entre 20 et 45 ans. Nous avons récemment fait vingt-trois prisonniers libanais que nous avons remis aux Forces armées syriennes.

Quelle stratégie militaire avez-vous adoptée au Qalamoun?
Les considérations géogra-phiques nous ont obligés à avoir recours à une approche différente de celle utilisée à Qoussair ou à Damas, le Qalamoun se caractérisant par une configuration de vallées profondes et de hautes montagnes. Afin d’avoir la haute main dans ce secteur, nous devons contrôler certaines positions stratégiques généralement situées au sommet des montagnes. Pour y accéder, nous utilisons des armes lourdes et des lance-roquettes, comme la Dushka (mitrailleuse lourde soviétique déployée sur un véhicule à deux roues). Les missiles iraniens sont également utilisés comme le Raad (Tonnerre) d’une portée de 50 km, le Zalzal (tremblement de terre, fusée ayant une portée de 200 km, équipée d’une ogive de 500 à 600 kg), le Fateh (une arme de gamme moyenne) et le Radwan. Nous sommes également soutenus par des tireurs d’élite. Notre stratégie repose sur un encerclement des rebelles dans chaque secteur, en leur laissant une seule voie de sortie vers une autre zone, dans le but de les assiéger (en vidant ainsi toutes les autres régions). C’est ce qui se passe aujourd’hui à Yabroud, d’où la plupart des combattants fuient vers Flita, et de là vers Ersal (au Liban).

Quelle approche adopterez-vous lorsque ces combattants atteindront Ersal, le Hezbollah est-il prêt à lancer une offensive sur une ville où résident plus de 40 000 Libanais?
Les combattants du Front al-Nosra sont déjà à Ersal. Je pense que les Libanais sont conscients du danger et tentent déjà de s’en échapper pour aller vers la vallée de la Békaa. Ce sera cependant l’Armée libanaise qui sera responsable de l’opération de Ersal. Nous sommes prêts à la soutenir si nécessaire.

Le Hezbollah combat-il auprès de l’armée syrienne dans le Qalamoun?
Contrairement à Damas ou à Qoussair, il n’y a pas de collaboration entre l’armée syrienne et le Hezbollah dans cette région. Le seul soutien qu’elle nous offre est une couverture aérienne et de barrages d’artillerie contre les positions des rebelles.

Pourquoi l’armée syrienne n’est-elle pas impliquée dans le Qalamoun contrairement au Hezbollah qui prend part à tous les combats?
L’armée syrienne est engagée ailleurs. Nous autres, nous entraînons les troupes syriennes dans les secteurs de la caserne 881. La région du Qoussair a également été transformée en un centre de formation pour les jeunes Syriens. Nous avons déjà mis en place une brigade de plus de 300 Syriens entièrement sous le commandement du Hezbollah en Syrie.

De récents rapports militaires ont mis en exergue le déploiement de 40 000 combattants chiites 
étrangers en Syrie. Ce chiffre est-il exact?
Non, je ne pense pas qu’il le soit, il est trop élevé. Des factions irakiennes comme celle d’Abou Fadl el-Abbas, le Hezbollah irakien et Assaib Ahl el-Haq se battent auprès des forces du régime. Les militaires iraniens jouent essentiellement un rôle d’experts.

Quel regard portez-vous sur les attentats suicide perpétrés par les Brigades Azzam qui frappent les zones du Hezbollah au Liban?
Ces attaques sont un échec. Combien de commandants du Hezbollah ont-ils été tués?

Propos recueillis par Mona Alami

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