Le vendredi 28 février, au Théâtre du Châtelet à Paris, s’est tenue la 39e cérémonie des Césars. Et le palmarès marque la grande victoire de Guillaume Gallienne et son premier film, la comédie populaire Les garçons et Guillaume, à table!
Il est sorti avec cinq statuettes entre les bras. Guillaume Gallienne, avec ses Garçons et Guillaume, à table!, a remporté les Césars du meilleur film, meilleur premier film, meilleur acteur, meilleure adaptation et meilleur montage. La première réalisation de Gallienne est l’adaptation cinématographique de sa propre pièce éponyme dans laquelle il campe tous les rôles. Au cinéma, il se glisse derrière et devant la caméra pour jouer son propre rôle et celui de sa mère, dans une comédie autobiographique décapante sur les traumatismes de son adolescence et sa quête d’identité sexuelle.
Quand le cinéma se fête
Grand vainqueur de la 39e cérémonie des Césars, le film s’annonçait déjà comme le favori imbattable avec ses dix nominations, même face aux huit nominations de chacun des deux autres plus importants films de l’année, La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche et L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie. Sacré Palme d’or à Cannes, le long métrage de Abdellatif Kechiche, qui n’est d’ailleurs pas venu à la cérémonie, n’a emporté que le César du meilleur espoir féminin décerné à Adèle Exarchopoulos. Idem en ce qui concerne L’inconnu du lac; seule récompense, celle de meilleur Espoir masculin à Pierre Deladonchamps.
Tapis rouge, crépitements des caméras et des flashs, pauses photos et interviews express, la 39e édition des Césars est inaugurée par le président de la cérémonie François Cluzet: «Vive le cinéma, lance-t-il. Ce métier m’a tout appris. Je sais qu’un artiste a tout à prouver. Quand ce n’est pas le cas, c’est qu’il est mort ou devrait l’être. Un acteur, c’est un partenaire». Cécile de France, la maîtresse de cérémonie, fait son entrée, avec un accent belge prononcé, entre semblant de naturel, sourires figés, anecdotes et même quelques bourdes. Parmi les événements marquants de cette cérémonie et largement relatée par la presse, la première apparition publique de l’actrice Julie Gayet, après les révélations sur son affaire avec François Hollande, et qui a perdu la main face à Adèle Haenel pour le César de la meilleure actrice dans un second rôle dans Suzanne.
Et la remise des prix est entamée entre un discours de présentation et un autre de remerciement. Parmi les trophées les plus importants, signalons celui de la meilleure actrice à Sandrine Kiberlain pour 9 mois ferme qui a permis à Albert Dupontel d’obtenir le prix du meilleur scénario original, celui du meilleur acteur dans un second rôle à Niels Arestrup pour Quai d’Orsay, celui du meilleur long métrage d’animation à Loulou, l’incroyable secret d’Eric Omond, celui du meilleur film étranger à Alabama Monroe du Belge Félix Van Groeningen et, finalement, celui du meilleur réalisateur à Roman Polanski pour La Vénus à la fourrure, son quatrième César du genre après Tess (1980), The pianist (2003) et The Ghost Writer (2011). Notons également le César d’honneur remis à Scarlett Johansson pour l’ensemble de son œuvre.
Accepté ou critiqué, le palmarès soulève plusieurs questions dans les médias français, notamment par rapport aux films qui traitent, chacun à sa manière, l’homosexualité, que ce soit avec La vie d’Adèle, L’inconnu du lac ou Les garçons et Guillaume, à table! «Césars 2014: Les histoires gay ont enfin leur place dans le cinéma grand public», titre Le Nouvel Observateur. Un point qu’Alain Terzian, le président de l’Académie des Césars, avait auparavant soulevé: «C’est la première fois que les trois films les plus cités abordent sans fausse pudeur les questions d’identité sexuelle qui agitent le corps social (…) On est en prise totale avec la société et même en avance sur les évolutions sociétales, puisque tous ces films ont été lancés il y a deux ou trois ans. Le cinéma français prouve qu’il est en phase avec sa jeunesse, ses émois, ses troubles, ses passions».
Leila Rihani