Magazine Le Mensuel

Nº 2939 du vendredi 7 mars 2014

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Let’s Zambo. De Rio à Tripoli à chacun son carnaval

Avez-vous déjà entendu parler du festival «Zambo» à Tripoli? Si non, vous n’êtes pas les seuls! Le chef-lieu du Nord n’est pas seulement zone de guerres et de rounds. C’est aussi la fête. Et Zambo, c’est le carnaval tripolitain, qui marque le début du carême des communautés chrétiennes orientales. Retour sur la cérémonie qui a eu lieu, dimanche dernier, dans le quartier al-Mina de Tripoli. Let’s Zambo!

Des centaines de Tripolitains ont participé, dimanche, à la fête traditionnelle Zambo qui marque le début de la saison du jeûne chrétien, le carême. C’est en réalité l’adaptation sur une beaucoup plus petite échelle du festival de Rio de Janeiro. Une sorte de mardi gras! Une manifestation haute en couleur où des jeunes et des moins jeunes, toutes communautés confondues, ont déambulé et dansé dans les rues de la ville. Les participants avaient peint leurs corps et leurs visages en plusieurs couleurs comme le noir, le rouge, l’argent et l’or, sans compter les motifs audacieux représentés pour refléter le dynamisme du carnaval coloré. Perruques et masques étaient aussi de mise. Beaucoup de costumes ressemblaient aux vêtements traditionnels des Amérindiens. «C’est un festival que nous organisons chaque année et il marque la conversion du peuple de l’esclavage au christianisme», explique un habitant de la région.
 

Une coutume brésilienne
Selon les habitants de Tripoli, le festival Zambo est une vieille coutume brésilienne qui a été importée à Tripoli par un homme de la région, il y a quelque huit décennies. Un Libanais originaire de Tripoli avait vécu au Brésil. Il a voulu apporter l’esprit et les couleurs du carnaval de Rio, qui a eu lieu à la même époque, dans sa ville natale. Pari réussi, puisque c’est devenu une tradition locale. Le festival Zambo est né dans cette ville dans les années 1930, mais a été suspendu pendant la guerre civile qui a dévasté le pays. Il a fait son
retour en 1985 et a été célébré chaque année depuis. Al-Mina, ancienne zone portuaire de Tripoli où se déroule ce mini-carnaval, abrite à la fois des musulmans et des chrétiens. Cet événement encourage les deux communautés à se rapprocher dans cette partie du pays très sensible.
«Nous tenons ce carnaval chaque année dans le quartier d’al-Mina et, comme vous pouvez le constater, il apporte la joie à la ville», déclare un autre Tripolitain venu lui aussi célébrer cette fête hors du commun.
Les participants dansent dans les rues et collectent de l’argent pour les nécessiteux. Puis les hommes et les jeunes se jettent dans la mer dans une bonne ambiance de brouhaha.
Un événement mémorable pendant lequel le sens de la communauté est mis en avant. Sans oublier que, pendant quelques heures, Tripoli, la région en ébullition continue, ne vit plus au rythme des tirs mais au rythme des danses.

Christiane Tager Deslandes   

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