La presse régionale et internationale a tranché. Le Liban est victime d’une crise syrienne contre laquelle il n’a pas les capacités de lutter et encore moins de se prémunir. Alors, il s’enfonce en attendant une éclaircie politique et diplomatique.
Les échos
Le shopping de l’Armée libanaise
Le journal économique français Les Echos révèle «la liste des matériels financés par l’Arabie saoudite».
La France va fournir des hélicoptères de combat Gazelle d’occasion équipés de missiles antichars Hot. Mais aussi des hélicoptères EC725 de transport, neufs cette fois. Les appareils sont fabriqués par Airbus Helicopters, l’ex-Eurocopter. Sur mer, le Liban a opté pour quatre patrouilleurs Adroit fabriqués par DCNS et dont un exemplaire a été mis à la disposition de la France.
Pour ce qui est du matériel terrestre, la liste comprend un certain nombre de blindés légers, du VBL au PVP de Renault Trucks Defense. Elle ne comprend pas de chars Leclerc en revanche. Non pas que l’Armée libanaise n’en ait pas voulu − elle en a même fait la demande. Mais les Français lui ont déconseillé cette option, les infrastructures routières du pays s’accommodant mal d’un engin de plus de cinquante tonnes.
Slate
Crise syrienne: une solution à Beyrouth?
La version française du site d’information Slate se demande si la crise syrienne connaîtra une solution qui naîtra à Beyrouth.
Deux scénarios sont ainsi à envisager, l’un réaliste, l’autre plutôt optimiste, d’abord pour le Liban, mais aussi, transitivité exige, pour la Syrie. Dans le premier, un prolongement de l’impasse politique à Damas risque de réduire l’espérance de vie du gouvernement à Beyrouth, voire d’y mettre fin, alors que le pays s’approche d’une échéance cruciale en mai prochain, celle de la présidentielle.
Pour le Hezbollah comme pour la coalition anti-Assad, l’élection d’un nouveau président semble être une ligne rouge à ne pas franchir, faute de quoi le Liban se retrouverait sans chef d’Etat ni gouvernement. Sur les trois dernières années, le pays a déjà connu les deux plus longues crises politiques depuis la fin de la guerre civile, le privant au total de seize mois de pouvoir exécutif, tandis que le mandat des parlementaires, expiré en juin 2013, a été reconduit jusqu’à fin 2014, faute d’organisation de nouvelles élections. Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, s’est d’ailleurs voulu rassurant durant son dernier discours.
Ces signes de relative détente conduisent ainsi vers le deuxième scénario, aujourd’hui largement hypothétique, d’apaisement progressif à Beyrouth, voire d’un retrait du Hezbollah de Syrie, qui serait contagieux et servirait de modèle aux protagonistes syriens pour le lancement d’une nouvelle phase de négociations dans l’optique d’un compromis à la libanaise.
Global post
Halte à la censure!
Le site Internet américain d’information GlobalPost regroupe près de 65 correspondants étrangers. Tracey Shelton s’est intéressé à la censure au Liban.
«Les lois sur la censure sont tellement vagues qu’elles permettent aux personnes chargées de cela de faire tout ce qu’elles veulent», explique Léa Baroudi, membre fondateur et coordinateur général d’une association qui lutte contre la censure au Liban. «Et ce qui m’inquiète, c’est que je pense que la situation se détériore». Baroudi explique également que les incohérences et les aberrations sont le résultat de l’absence d’organisme centralisé de la censure. Ministères, Commissions parlementaires et Sûreté générale peuvent légalement interdire tout matériel, tandis que les autorités religieuses, les partis politiques et même les ambassades étrangères exercent leur influence sur les décisions de censure. Les critères de censure figurant dans l’un des rares documents à portée juridique semblent immensément larges. Sont susceptibles d’être censurés les offenses à la sensibilité du public, la propagande contre les intérêts libanais, le trouble à l’ordre public, les manquements à la moralité et à l’éthique ou l’exposition de l’Etat à un danger. Notons, par ailleurs, que les dossiers de censure ne sont pas accessibles au grand public.
Washigton post
La dette se creuse
Pour The Washington Post, «le système politique libanais creuse la dette du pays». Explications.
Malgré une gigantesque crise humanitaire causée par l’afflux de plus d’un million de réfugiés syriens et une dette tout aussi gigantesque de soixante milliards de dollars − l’une des plus élevées au monde, lorsqu’elle est rapportée au produit intérieur brut − il y a peu de signes de réforme du marché économique dans un pays où les dysfonctionnements démocratiques sont entachés de népotisme, de corruption et d’une gouvernance tribale héritée de la guerre civile. «Nous sommes une oligarchie, pas une démocratie», explique le député Ghassan Moukheiber.
Depuis que le Parlement a été élu en juin 2009, les 128 députés ne se sont réunis que 21 fois − soit quatre fois par an. Il n’y a pas de sécurité sociale sur le plan national, ni de réseau d’électricité digne de ce nom, car les législateurs achètent la loyauté de leurs électeurs avec les fonds publics. La dernière fois que le Parlement a ratifié un budget approuvé par le gouvernement, c’était en 2005. Depuis, l’antagonisme entre les deux grandes coalitions qui dirigent le pays a empêché le Parlement de se réunir. Pire, les deux dernières années, le gouvernement n’a même pas pris la peine d’envoyer le budget au Parlement. Il a simplement doublé le montant du budget 2005 − une violation flagrante de la Constitution.
Le devoir
Les Libanaises n’ont rien à célébrer
Le grand quotidien de Montréal s’est intéressé aux inégalités hommes-femmes au Liban.
En cette Journée internationale des femmes, les associations de femmes au Liban trouvent bien peu à célébrer. Elles dénoncent l’inégalité entre hommes et femmes cautionnée par les lois en vigueur et le poids politique des dirigeants religieux. Une femme libanaise ne peut pas transmettre sa nationalité à ses enfants, elle ne peut pas voyager à l’étranger sans la permission de son mari et les femmes ne sont pas représentées dans la classe politique. Une seule femme occupe un poste ministériel sur 24 portefeuilles dans le gouvernement. «On n’est pas libre, s’écrie une activiste. Le Liban est l’une des rares démocraties dans la région et c’est un pays très diversifié. Alors, on le croit plus ouvert, mais les lois sont archaïques. En surface, on peut croire que nous sommes libres. On peut se vêtir comme on veut, on sort dans les boîtes de nuit, mais si on gratte la surface, c’est complètement superficiel». Kafa réclame une loi pour la protection de la femme contre la violence domestique. En 2007, l’ONG a soumis un projet de loi toujours bloqué à l’étude au Parlement. A elle seule, Kafa reçoit plus d’une quarantaine d’appels de détresse chaque mois. En moyenne, une femme meurt tous les mois des suites de la violence domestique.
Julien Abi Ramia