En 1948, après l’annonce officielle par les organisations sionistes de la fondation de l’Etat d’Israël, un foyer juif sur la terre de la Palestine, les soucis du Liban se sont amplifiés, notamment sur le plan de la sécurité.
Au cours des années cinquante, violant le traité d’amnistie signé après la guerre de 1948, les nombreuses infiltrations israéliennes en territoire libanais prennent des formes diverses. Malgré les dispositions prises par le Liban pour sauvegarder son autorité, des réseaux terroristes et d’espionnage sévissent. L’affaire de la «Bande de Saint-Jean-d’Acre» occupe et inquiète les Libanais durant des mois.
Le 4 février 1954, le chef du gouvernement, Abdallah el-Yafi, annonce l’arrestation d’une bande de cinq terroristes œuvrant pour le compte des Israéliens. L’enquête révèle leur responsabilité notamment dans un attentat à la bombe contre le bureau du comité supérieur de Palestine.
Des explosifs et des bombes sont saisis dans des valises transportées par les terroristes. Le gang, surnommé la «Bande de Saint-Jean-d’Acre», lieu d’origine de la plupart de ses membres, travaillait à partir de la région d’Antélias. La police enquêtait, depuis quelque temps, sur les informations concernant des débarquements clandestins d’agents israéliens, quand une jeune Palestinienne, surprise par les confidences que lui ont faites des membres de la bande, alerte la police. Cette dernière réagit et surveille la région d’Antélias.
Une maison isolée attire l’attention. La police la garde dans le collimateur pendant quelque temps avant d’agir. Elle y découvre alors des explosifs et arrête un individu dont elle recueille des aveux complets. Il reconnaît être agent pro-israélien et fournit le nom de ses complices.
Les terroristes avouent
L’affaire s’accélère. Trois des terroristes sont arrêtés et font des aveux. La police réussit à identifier d’autres agents impliqués dans d’autres régions. Elle met la main sur un radio émetteur-transmetteur chez un habitant de Hasbaya lequel est aussitôt appréhendé.
Les aveux complets faits par les terroristes permettent de mettre à jour un complot très grave. Alors que le Liban tentait d’asseoir son autorité, la bande projetait une série d’attentats qui auraient secoué la scène interne et compromis les relations du Liban avec des Etats arabes. Les terroristes, tel que les aveux l’ont révélé, avaient notamment l’intention de faire sauter l’ambassade d’Irak.
Le gouvernement libanais décide, à la lumière de ces révélations, de prendre de sérieuses mesures. La garde autour des chancelleries est renforcée et le littoral sud est placé sous la surveillance de l’armée. L’affaire est classée.
Deux années plus tard, le 25 janvier 1956, un réseau pro-israélien est arrêté au Sud. L’enquête est menée dans la plus grande discrétion, mais certains éléments ont filtré. Les Libanais ont ainsi appris de sérieuses informations sur le fait que le pays, et surtout le Sud, sont tombés entre les mains des Israéliens. Pendant des années, des échanges de marchandises et de documents se faisaient avec Israël par voies terrestre et maritime. L’Etat hébreu recueillait des informations importantes en échange de stupéfiants et de pierres précieuses.
Le 18 novembre 1957, le Conseil des ministres décide d’instaurer la peine de mort pour les individus coupables d’activités contre la sûreté de l’Etat ou d’actes terroristes.
Arlette Kassas
Les informations citées dans cet article sont tirées du Mémorial du Liban: le mandat Camille Chamoun, de Joseph Chami.
Atterrissage des Spitfire à l’AIB
Le 10 décembre 1954, trois Spitfire, venant de Chypre et en route pour Israël, atterrissent à Khaldé à cause d’une panne d’essence. L’enquête montre qu’ils font partie d’une vingtaine de vieux appareils cédés par la Grande-Bretagne à Israël. Ce dernier les aurait revendus à la Birmanie. Le Liban refuse de laisser redécoller les avions avant de s’assurer qu’ils appartenaient déjà à la Birmanie avant d’atterrir à Beyrouth. Leurs pilotes, qui ne sont pas israéliens, sont condamnés à 500 livres libanaises d’amende.