Les initiatives du secteur privé continuent d’être le moteur de l’activité économique dans le pays. L’Association des industriels libanais (AIL) a décidé de prendre en main le dossier des zones industrielles, en attendant des jours meilleurs où l’Etat accorderait l’intérêt nécessaire au secteur. Le conseil d’administration de l’AIL a approuvé la création de zones industrielles dans la localité de Terbol, dans le caza de Zahlé, et à Shakadif, dans le caza de Jezzine. Deux autres zones, véhiculées par des agents privés, seraient installées à Tebna, dans le caza de Saïda, et à Dmoul, à Nabatiyé.
Concernant la zone de Terbol, le projet n’est plus hypothétique, déclare Michel Daher, président de la commission des zones industrielles au sein de l’AIL dans un entretien accordé à Magazine. La zone industrielle de Terbol s’étend sur deux millions de mètres carrés, sur un terrain appartenant à la municipalité. Les négociations ont abouti à une transaction dans le cadre de laquelle celle-ci cèdera en location le mètre carré à 0,25 dollar/an. Une transaction avantageuse pour toutes les parties concernées. L’industriel, qui aurait besoin de 2 000 m2 pour l’installation de ses unités, verserait un loyer symbolique de 500 dollars par an, sachant que le prix du mètre carré à Mkallès est de 3 000 dollars à l’achat. Ce qui aurait nécessité un investissement de départ d’environ 6 000 000 de dollars. Michel Daher souligne par ailleurs que l’économie pour l’industriel sur le coût de la main-d’œuvre est plus faible dans les régions éloignées de la capitale et la possibilité d’allouer davantage de fonds à l’acquisition de lignes de production à la pointe de la technologie. Il est vrai que la municipalité n’aurait pas beaucoup à gagner de la location des terrains. Toujours est-il qu’elle est bénéficiaire en termes d’émission de permis de construction, des estimations de la valeur locative des lopins de terre lotis et de développement de la région via la création d’emplois aux habitants. Le ministre de l’Industrie, Hussein Hajj Hassan, a alloué 30 000 dollars pour l’étude des besoins en infrastructure de Terbol. Le classement de zone industrielle de cette localité a déjà été approuvé et Idal a accordé une exemption de l’impôt sur le revenu sur dix ans à chaque industriel qui s’y installerait. En réponse à une question, Michel Daher a dit espérer que l’Etat prenne en charge le projet d’un point de vue de l’installation de l’infrastructure de base, mettant l’accent, non sans amertume, sur le fait que ce projet d’intérêt général mérite du gouvernement toute l’attention nécessaire. «Trois millions de dollars n’est pas une grande somme si l’on prend en compte tout le gaspillage des deniers publics qui a lieu», dit-il. Le cas échéant, l’AIL prendrait en charge cette mission et pourrait avoir recours à plusieurs options afin d’atteindre un autofinancement. Daher s’explique en donnant en exemple des sociétés qui seraient intéressées par l’installation de carrières pour l’aplatissement des terrains rocheux de Terbol. Ce qui devrait générer de l’argent pour financer l’infrastructure. «C’est le moment et la conjoncture idéale pour démarrer un tel projet à Terbol. Il y a à prendre en considération les travaux de tracé de l’autoroute panarabe et la situation en Syrie, où l’idée d’un réinvestissement pour les industriels syriens dans leur pays ne se poserait pas ni à moyen ni à court terme. La zone industrielle de Terbol serait un emplacement de choix». A noter que la location des parcelles loties se fera sur une période d’au moins cinquante ans.
Quant à la zone industrielle planifiée à Shakadif à Jezzine, les pourparlers se poursuivent avec une congrégation religieuse propriétaire d’un terrain de 600 000 m2. Shakadif est à 25 minutes en voiture de Tyr en empruntant la route de Kaytoula et à 15 minutes de Saïda en utilisant le pont qui la relie à Kfarfalous.
Liliane Mokbel