Cette semaine, l’actualité libanaise est dominée par l’élection présidentielle qui occupe tous les esprits. Au-delà des conjectures, la guerre de Syrie reste toujours aussi présente.
Gulf News
Obnubilé par la présidentielle
Au cours des quelques jours qui ont précédé la séance de mercredi, le quotidien anglophone de Dubaï, Gulf News, a multiplié les articles autour de l’élection présidentielle libanaise. Un premier texte s’est intéressé à l’influence et l’importance des votes en ligne organisés par différents médias. Selon les derniers pointages et la moyenne des scores obtenus, «un trio de tête se dégage, composé de Samir Geagea, Michel Aoun et Ziad Baroud». Dans un deuxième article, un éditorialiste explique qu’un ticket Aoun-Hariri «constituerait la fin brutale d’un antagonisme sans merci, mais il aurait l’avantage d’offrir un point de stabilité du pays car, confronté aux défis du million de réfugiés syriens et de la guerre voisine qui se poursuivra encore pendant longtemps, les leaders des communautés sunnite et chrétienne seraient obligés de s’entendre». Toutes les analyses s’accordent à dire qu’il est encore trop tôt pour dégager le successeur de Michel Sleiman. Malgré les assurances d’une élection 100% libanaise, les incertitudes régionales pèsent de tout leur poids.
The Washington Times
Le favori de Washington
La petite sœur du vénérable Post, The Washington Times, consacre quelques lignes au candidat que les Etats-Unis pourraient soutenir à la tête de l’Etat.
Plusieurs rumeurs à Beyrouth indiquent que l’ambassade américaine pèse de tout son poids en faveur de Michel Aoun, probablement avec l’intention de le tirer vers lui, loin du Hezbollah, afin de créer une nouvelle majorité au Liban détachée de l’alliance entre la Syrie et l’Iran. Une telle initiative, si elle se confirmait, n’est pas sans rappeler une autre vaine tentative orchestrée par les Administrations Bush et Obama, envers Damas, avec l’espoir de le tirer loin de Téhéran – malgré les preuves évidentes que l’alliance syro-iranienne était trop organique pour être démêlée. Les efforts de Washington dans le passé ont simplement fini par donner plus de temps à Damas pour renforcer ses positions. Il est inconcevable et irréaliste de s’attendre à une rupture de l’alliance entre Aoun et le Hezbollah et ses alliés -alliances renforcées, depuis, par des liens financiers et personnels – fusse-t-il pour prendre la présidence au Liban. D’autant que la rhétorique anti-américaine, anti-israélienne et anti-occidentale de la coalition dirigée par le Hezbollah rend quasiment difficiles des relations minimales, d’ordre diplomatique.
Al-Monitor
Que sont devenus les deux évêques?
Le site d’informations américain al-Monitor, qui traite de l’actualité de la région, revient sur l’enlèvement des évêques Youhanna Ibrahim et Boulos Yazigi, perpétré près d’Alep il y a un an.
En se basant sur les enlèvements d’Aazaz et de Maaloula, deux hypothèses sur le silence persistant sur la disparition des évêques semblent émerger. La première option a été largement débattue, les évêques ont, soit été abattus après leur enlèvement, soit l’un d’eux souffre d’une maladie grave. La deuxième option se base sur de nombreux rapports selon lesquels les ravisseurs appartiennent à un groupe armé tchétchène. Ces ravisseurs ne sont pas accessibles par les voies qui ont été adoptées à Aazaz et Maaloula. En outre, ni Ankara ni Doha n’ont d’autorité matérielle ou morale sur les ravisseurs. Il semble aujourd’hui que seule la Russie soit capable de déterminer le sort des deux évêques. Un responsable de la sécurité libanaise s’est rendu à Moscou à cet égard et une délégation officielle de l’Eglise russe était à Damas il y a quelques semaines. Des sources concordantes indiquent que la puissante Eglise orthodoxe en a fait un dossier d’importance capitale. Au cours de l’année écoulée, un certain nombre d’otages, y compris des religieux, ont été libérés mais d’autres ont été tués. Pour les deux évêques, les cœurs balancent entre anxiété et espoir.
Salon
Beyrouth, frénésie de la construction
Le webzine américain Salon s’inquiète de la modification à marche forcée du visage de la capitale libanaise.
Une à une, les vieilles maisons traditionnelles de Beyrouth disparaissent à mesure que poussent les tours de luxe. Après avoir résisté aux feux de la guerre civile, les maisons ottomanes et les bâtiments de style colonial et français finissent par être détruites par de riches investisseurs venus du Golfe. Beyrouth ressemble de plus en plus à Dubaï ou Doha. Dans un pays qui se targue de son héritage historique, nombreux sont ceux qui disent que Beyrouth est en train de perdre de son charme et de son caractère, les dernières choses qui lui restaient.
Cette cité méditerranéenne, autrefois entourée de montagnes luxuriantes, a désormais des gratte-ciel comme horizon. Pour les espaces verts et les voies piétonnes, on repassera. Robert Saliba, professeur d’architecture et d’urbanisme à l’AUB, explique que Beyrouth a toujours attiré les investisseurs pour sa diversité culturelle et son esprit libre. «Beyrouth est le reflet d’une ville hybride où le marché a pris le pas sur le développement durable. Je considère que Beyrouth ne s’est jamais intéressée à son histoire. C’est une ville qui a toujours recherché la modernité». Comme si un mouvement inexorable devait obliger Beyrouth à rester une ville saturée. Même pour les habitants de la ville, cette transformation devient affolante et inquiétante.
Le Monde
Ersal la rebelle
Pour le journal Le Monde, Laure Stéphan s’est rendue à Ersal.
Avec ses maisons de parpaing souvent inachevées, Ersal ressemblait, il n’y a pas si longtemps, à une ville frontalière libanaise, comme tant d’autres. Forte de 40000 âmes installées en altitude dans la Békaa, elle se présentait comme une masse grise à l’air désolé. Les tentes des camps où s’entassent les familles syriennes qui ont fui les combats s’étalent désormais entre les bâtisses de béton, en de grandes taches de couleur blanche et bleue. Des barrages de l’Armée libanaise encerclent la bourgade.
Base arrière des rebelles, Ersal retient son souffle, inquiète des contrecoups de la bataille du Qalamoun. Elle a conservé des allures de bourg rural. Des hommes se promènent coiffés du keffieh traditionnel. D’autres partent aux champs et vers les carrières de pierre en pick-up ou en vieille moto. Mais avec l’afflux des réfugiés syriens (50000 selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, HCR, 100000 selon les autorités locales), plus nombreux que les habitants de Ersal, les commerces ont décuplé. Un hôtel a ouvert, ainsi qu’une clinique, grâce à des fonds koweïtiens. Inaugurée en février, elle a aussitôt été submergée par les blessés du Qalamoun.
A Ersal, rares sont les images témoignant de l’allégeance à un parti – la coalition de l’ex-premier ministre Saad Hariri est la plus populaire – ou à un leader, contrairement à une pratique courante au Liban. Les habitants déplorent leur isolement et le manque d’infrastructures.
Julien Abi Ramia
Top Thèmes
En cette période pascale, aucun développement de taille sur la scène libanaise n’est venu contrarier la prépondérance du dossier présidentiel dans le traitement hebdomadaire de l’actualité locale par les médias étrangers. La libération des journalistes français de Syrie a remis au goût du jour les précédents de leurs confrères enlevés au Liban dans les années 80. La question des réfugiés syriens se situe toujours en bonne place dans les dépêches d’agence.