Magazine Le Mensuel

Nº 2946 du vendredi 25 avril 2014

Les Confidences

Confidences Liban

Les chrétiens et les nominations
Le chef du gouvernement, Tammam Salam, se plaignait devant l’un de ses amis du ministre Gebran Bassil qui conteste toujours les nominations soumises au Conseil des ministres, tentant d’imposer les noms proposés par son courant afin de combler les vides au niveau des fonctions administratives revenant aux chrétiens. L’ami commun a rétorqué au Premier ministre: «Lorsque le tandem chiite fait une proposition pour un poste relevant de sa communauté, est-ce que Bassil ou n’importe quel autre ministre intervient? Pourquoi les responsables refusent-ils de donner les mêmes avantages aux chrétiens? Pourquoi toutes les composantes du paysage politique se mêlent-elles des nominations qui concernent les postes relevant des communautés chrétiennes?». L’ami a ajouté pourquoi ne pas prévoir une réunion avec Bassil pour débattre avec lui des noms avancés avant de les présenter en Conseil des ministres?

 

Nabih Berry n’a pas consulté
Avant d’annoncer la date de la convocation du collège électoral pour le 23 avril, le chef de l’Assemblée nationale, Nabih Berry, avait essayé d’entrer en contact avec les présidents de la République et du Conseil pour les mettre au courant de sa décision. Comme il lui a été impossible de les joindre en raison de la réunion du Conseil des ministres qui se déroulait au palais de Baabda, le président Berry a jugé bon d’annoncer sans attendre la date de la séance, consacrée à la présidentielle, après en avoir informé les présidents Michel Sleiman et Tammam Salam par messages. Une démarche dénigrée par les milieux politiques qui reprochent au président de la Chambre de ne pas avoir patienté pour consulter les numéros 1 et 3 de la République avant d’agir. Berry ne se rend plus à Baabda, tous les mercredis comme de coutume, pour des consultations avec le chef de l’Etat et se contente d’être uniquement présent dans des cérémonies officielles.

 

Azzi-Bassil font bande à part
Les deux voisins autour de la table du Conseil des ministres, Gebran Bassil et Sejaan Azzi, font bande à part et entament des conversations qui n’en finissent pas, comme l’ont remarqué certains ministres. Selon l’un des présents, Bassil et Azzi jouent le rôle de messagers entre le général Michel Aoun et le président Amine Gemayel et souhaitent renforcer la collaboration entre leurs deux partis sur des bases nouvelles. Les Kataëb tentent de s’informer sur les coulisses et les réalités du rapprochement CPL-Moustaqbal. S’agit-il d’une entente bilatérale concernant l’échéance présidentielle, ou d’une simple trêve médiatique?

Quel paysage post-présidentiel?
Des changements radicaux de la carte politique sont à prévoir sur la scène locale dès l’élection d’un nouveau président, quelle que soit son identité, estiment des sources politiques informées. De nouvelles alliances vont émerger mettant fin à l’alignement politique actuel entre le 14 et le 8 mars à la faveur de la constitution de nouveaux blocs modifiant le paysage actuel et la division verticale que l’on connaît. Des transformations qui interviendront à la veille des législatives prévues à l’automne prochain. Le député Walid Joumblatt pourrait devenir le leader du bloc centriste auquel se joindront d’autres courants.

Mgr Raï, de Rome à Paris
Le patriarche maronite, Mar Béchara Boutros Raï, participera à la béatification des papes Jean XXIII et Jean-Paul II au Vatican où il rencontrera le pape François et les hauts responsables du Saint-Siège. Le prélat maronite s’envolera ensuite pour Paris pour présider au premier rassemblement des jeunes maronites de France et d’Europe au sanctuaire Notre-Dame de Pontmain, avant de participer au jubilé de l’Ordre de Malte à Lourdes. Au programme parisien du cardinal Raï, des rendez-vous avec des responsables français dont, peut-être, le président François Hollande avec, au menu, la présidentielle et la nécessité de la tenir dans les limites constitutionnelles.

 

Moustaqbal/CPL: le dialogue se poursuit
Le chef du bureau du président Saad Hariri a eu un aparté avec l’une des filles du général Michel Aoun en marge d’un dîner donné par un avocat en l’honneur du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk. Nader Hariri a profité de l’occasion pour s’entretenir longuement avec elle au grand étonnement des invités. Il est normal dans le cadre de l’ouverture mutuelle opérée par les deux courants politiques qu’une telle rencontre ait lieu, a estimé Hariri. Les milieux du Moustaqbal confirment l’existence d’échanges entre les deux partis sans que cela veuille nécessairement dire une entente bilatérale au sujet du scrutin présidentiel, comme le laisse entendre le courant orange. L’accord politique entre Aoun et Hariri est inexistant, selon les milieux du Moustaqbal, il s’agit plutôt d’une volonté commune de sauver le pays.

Liban-Syrie: présidentielles liées?
A l’apogée du débat sur la présidentielle libanaise, à Damas, on annonçait la date du scrutin présidentiel pour le 3 juin, avec possibilité pour les Syriens non résidants de s’exprimer sur place dans les ambassades de leur pays. Alors que des diplomates européens considèrent que la candidature de Bachar el-Assad pour un nouveau septennat prouve sa capacité à résister, faisant fi de ses adversaires internationaux et assénant un sérieux coup à ses opposants. L’opposition syrienne estime que l’invitation du peuple à élire son président dans les circonstances actuelles est une absurdité… Certaines sources font le lien entre les échéances présidentielles parallèles au Liban et en Syrie, sans que l’on sache pourquoi, d’autant plus que l’emprise de Damas sur Beyrouth s’est estompée cédant la place à «l’influence iranienne».

 

Les alaouites amers et déçus
Les alaouites de Jabal Mohsen essaient de s’adapter au plan de sécurité imposé par l’armée et les forces de l’ordre pour mettre un terme aux batailles qui en étaient à leur 20e round depuis 2008. Mais ils sont abattus et démoralisés après les mandats d’arrêt émis contre leur leader Ali Eid et son fils Rifaat. Les habitants de Bab Tebbané ne se portent pas mieux s’étant retrouvés contraints à accepter la réconciliation après six ans de destruction et de massacre.
Les 70000 habitants du Jabal se considèrent déshérités depuis que leurs symboles et leaders ont été attaqués. Possédés par un sentiment d’amertume, lâchés par leurs alliés du 8 mars, Hezbollah en tête, ils sont insécurisés et inquiets malgré l’arrêt des combats, surtout que l’accord conclu n’a pas été instauré sur des bases solides.

 

Kanso rapatrie les réfugiés syriens
Loin du débat politique sur l’alourdissement de la facture, dû à la multiplication des déplacés syriens au Liban, des sources fiables révèlent que certains acteurs politiques libanais encouragent ces réfugiés à prendre part à des réconciliations internes qui aboutissent à leur retour dans leurs villages syriens en toute sécurité. Ces mêmes sources soulignent le rôle du Hezbollah, du Parti syrien national social, du Baas et d’un nombre d’hommes de religion dans le rapatriement de déplacés et dans le règlement des affaires de certains repris de justice. Le député Assem Kanso a déclaré avoir assuré le retour de 300 déplacés de Ersal vers Flita leur village. L’ambassadeur de France, disent ces sources, s’est récemment rendu au siège du Hezbollah dans la banlieue sud où les responsables du parti lui ont donné des informations sur les régions sécurisées à l’intérieur des frontières syriennes qui pourraient recevoir les déplacés. Patrice Paoli aurait dit que le regroupement des réfugiés dans des régions pareilles constitue l’une des idées avancées pour régler ce dossier humanitaire, mais Paris estime que cela nécessite en plus d’une prise de position internationale claire, le consentement du gouvernement syrien.

 

Aïn el-Heloué bouillonne
La récente victime tombée dans le camp de Aïn el-Heloué est Ali Nidal Khalil, neveu d’Oussama Chéhabi, un responsable du mouvement terroriste, Fateh el-islam, selon des sources de Saïda. Les informations sur cet assassinat restent contradictoires. Certains habitants du camp en donnent une version selon laquelle un groupe armé a tiré sur un individu dans le quartier de Safsaf tuant Ali Khalil. La deuxième version parle d’une tentative d’assassinat d’Oussama Chéhabi, où il serait tombé dans une embuscade… Un échange de tirs s’est soldé par un mort, Ali, et cinq blessés parmi les bodyguards de Chéhabi. La victime aurait été condamnée à mort par contumace, pour son appartenance à un réseau terroriste et pour détention d’armes. Ali Khalil était le bras droit de Bilal Badr, leader d’al-Qaïda. Il avait exécuté plusieurs liquidations, aveux à l’appui. La tension est à son comble dans le camp où les éléments armés se promènent en liberté.

Qui succèdera à Brahimi?
Moukhtar Lamani, adjoint de Lakhdar Brahimi, a rendu visite à des personnalités politiques chiites en vue à Beyrouth.  Le diplomate a affirmé qu’en sa qualité de représentant de l’Onu en Syrie, il peut confirmer que «l’appui populaire dont bénéficie le président Bachar el-Assad suit une courbe ascendante et que la perception de l’Etat et de ses institutions en général par les couches populaires est bien meilleure aujourd’hui». Ces informations sont véhiculées dans un rapport diplomatique citant Lamani, le Marocain: «C’est l’opposition syrienne qui assume une si grande dégradation de la situation dans le pays après avoir attiré chez elle des combattants venus des quatre coins du monde qui ont maltraité les citoyens syriens. C’est ce qui a fait perdre sa popularité à l’opposition surtout après la campagne qu’elle a menée pour encourager une agression militaire étrangère sur la Syrie». Lamani aurait confié à ses hôtes libanais être convaincu que «le Front al-Nosra est responsable de l’attaque chimique sur al-Ghouta dans le rif de Damas en août 2013». Des informations qui circulent à Beyrouth indiquent que Moukhtar Lamani pourrait succéder à Lakhdar Brahimi en tant qu’émissaire arabo-onusien en Syrie, alors que Martin Griffiths, président du Centre de dialogue humanitaire à Genève, le remplacerait au poste de chef du bureau de l’Onu à Damas.

Le dossier libanais chez Obama
Un chercheur américain, se trouvant récemment à Beyrouth, indique que la gestion du dossier libanais n’est pas du ressort du secrétariat d’Etat américain, mais plutôt de la Maison-Blanche. L’Administration du président Barack Obama, dit-il sur un ton ironique, a certes confié à John Kerry le dossier palestinien en guise de divertissement, mais Washington reconnaît l’influence de l’Iran et l’importance de son rôle, via le Hezbollah, dans le maintien de la stabilité au Liban. Une source diplomatique arabe assure que l’affaiblissement de l’influence de Washington dans cette région du monde semble évident, face à la montée en puissance d’acteurs locaux. Les analystes qui prévoient une visite prochaine en Arabie saoudite, de l’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth, David Hale, pour des consultations sur le dossier de la présidentielle, ne serait qu’une preuve de plus de la «libanisation» des négociations menées par des forces locales et régionales autour du programme du futur locataire de Baabda. Le diplomate confirme l’anecdote, selon laquelle John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, ayant demandé un rendez-vous à Abdel-Fattah el-Sissi, alors que ce dernier occupait encore le poste de ministre de la Défense et chef d’état-major des armées, pour l’interroger sur ses intentions et notamment sur celle de se porter candidat à la présidence, lui conseilla de ne pas le faire. Après cet épisode, Sissi a annoncé sa candidature sans la bénédiction des Américains et sans s’être consulté avec eux.

 

 

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