Magazine Le Mensuel

Nº 2947 du vendredi 2 mai 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Les calculs de Frangié
Quelle est la raison pour laquelle le député Sleiman Frangié s’est abstenu de poser sa candidature à la présidentielle? La question a été posée par un député FL dans le cadre de ses cercles privés, surtout que le leader du Nord avait déclaré être prêt à se porter candidat si Bachar el-Assad se présente pour un nouveau mandat. Les milieux du 14 mars sont étonnés que la coalition du 8 mars n’ait proposé aucun nom pour le premier round de l’élection comme si elle voulait ajourner la séance, la conjoncture n’étant toujours pas favorable à un éventuel candidat issu de ses rangs, même s’il s’agit du général Michel Aoun. Les députés du 8 mars misent sur des développements régionaux, en particulier sur un rapprochement irano-saoudien dont les incidences joueraient en faveur de l’arrivée de leur candidat à Baabda.

 

Accords libano-russes d’hier et d’aujourd’hui
A l’issue de la réunion de l’Assemblée générale en collège électoral, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a pris l’avion pour Moscou à l’invitation de son homologue russe, Sergueï Lavrov. Les deux ministres ont tenu une conférence de presse commune au cours de laquelle Bassil a annoncé que la Russie va renforcer sa collaboration avec l’Etat libanais pour l’aider à résoudre ses problèmes
socioéconomiques surtout dans les domaines des transports et de l’énergie. Egalement au programme, la coopération militaire qui vise à renforcer les capacités défensives de l’armée et des forces de sécurité pour faire face au terrorisme. Toutefois, il n’a pas été question du don russe qui avait été accordé du temps du gouvernement Hariri, ni des aides militaires qui avaient été consenties à l’issue de la visite de Saad Hariri à Moscou, et avant lui celle du président Sleiman.

 

Réconciliation Raï-Berry
L’histoire de la visite du patriarche Béchara Raï à Aïn el-Tiné est liée à la prorogation du mandat des députés. Le chef de l’Assemblée avoue avoir commis une erreur à l’égard de Bkerké lorsqu’il a promis au chef de l’Eglise maronite d’organiser le scrutin législatif… Lorsque la prorogation a eu lieu, Nabih Berry a voulu communiquer avec le patriarche, mais ce dernier était fâché d’avoir été mis devant le fait accompli contrairement à l’entente conclue. Depuis, les contacts entre le siège patriarcal et Aïn el-Tiné se faisaient via des médiateurs… jusqu’à la dernière séance parlementaire consacrée à l’élection d’un nouveau président. Le patriarche Raï a alors appelé Berry pour lui exprimer sa gratitude et s’est même rendu à Aïn el-Tiné pour l’inviter à dîner à Bkerké, après son retour de Rome.

Avis partagés au sein du CPL
Les avis sont partagés au sein du Courant patriotique libre (CPL). Alors que certains membres du parti estiment que l’adoption par le Moustaqbal de la candidature du Dr Samir Geagea met fin au flirt Hariri-Aoun, d’autres considèrent que le test électoral a été un indicateur du nombre maximal de voix que le candidat Geagea peut recueillir. Contraint de miser sur un autre cheval, le Moustaqbal pourrait faire le choix du général Michel Aoun. La candidature du Dr Geagea ayant atteint sa date de péremption après la deuxième séance et le Moustaqbal s’étant acquitté de sa dette envers le chef des Forces libanaises (FL), on atteindra la deuxième étape consacrée à la recherche d’un candidat sérieux pour la présidence. C’est alors que sonnera l’heure des négociations avec le général Aoun, à moins que Hariri ne soit en train de manœuvrer, de son côté, en se cachant derrière «l’entêtement de Geagea».

Tournée arabe pour Salam
Le Premier ministre, Tammam Salam, attend que lui soit fixé un rendez-vous pour s’envoler à destination de Riyad et rencontrer le roi Abdallah et les hauts responsables, avant de poursuivre sa tournée dans les pays du Golfe, en Egypte et en Jordanie. L’objectif de la tournée du président du Conseil est d’encourager les Arabes, notamment les ressortissants du Golfe, à revenir au Liban, après avoir évité le pays pour des raisons d’ordre sécuritaire. L’amélioration de la conjoncture sécuritaire, la situation sous contrôle avec l’établissement d’un plan de sécurité entamé à Tripoli et qui devra s’étendre à l’ensemble des régions de la Békaa à Beyrouth… Salam exposera devant ses hôtes tous ces développements et les rassurera vu que le gouvernement est déterminé à sanctionner sévèrement tout recours aux armes.

Plus de «8» ni de «14»
Un député du 8 mars reconnaît que l’échéance présidentielle pourrait aboutir à un rabattage des cartes politiques, à travers l’émergence d’alliances nouvelles qui mettraient fin au clivage vertical 14 mars-8 mars. Des blocs nouveaux verront le jour pour un retour à la vraie vie démocratique minée tout ce temps par les forces politiques antagonistes. A travers le premier round de l’élection présidentielle, les observateurs ont perçu des indices évidents annonciateurs de ce rabattage qui passera par un consensus politique. Il est également apparu que le bloc centriste auquel Walid Joumblatt a donné la capacité de faire pencher la balance en faveur de l’un des deux camps, a vocation à s’élargir et à prendre plus de poids.

De l’inutilité des armes palestiniennes
«La présence des armes palestiniennes à l’intérieur et à l’extérieur des camps est inutile et n’a pas sa raison d’être. Depuis l’invasion israélienne, ces armes n’ont pas servi à assurer une protection aux Palestiniens, elles ont juste été utilisées dans des combats internes». Nouhad Machnouk est le premier responsable et le premier politique libanais qui parle franchement des armes à l’intérieur des camps. La position libanaise exprimée dans une décision prise dans le cadre des premiers rounds du dialogue national, concerne l’élimination des armes hors des camps, à savoir les bases militaires palestiniennes de Tilal Naamé, de Koussaya et d’autres relevant du Front populaire – commandement général d’Ahmad Jibril, l’allié de Damas. Les propos tenus par le ministre de l’Intérieur serviraient-ils de préambule à un nouveau plan de sécurité spécifique aux camps palestiniens qui commencerait à Beyrouth?

 

La présidentielle et le facteur irano-saoudien
Les composantes du 8 mars, le Hezbollah notamment, attendent les résultats des conciliabules en cours autour d’un rapprochement irano-saoudien, selon l’un des membres du 14 mars. Des responsables saoudiens, dit-on, auraient adressé une invitation au chef du Conseil de la Révolution, Hachémi Rafsandjani, l’homme n°2 en Iran, pour rencontrer les autorités saoudiennes et le roi Abdallah Ben Abdel-Aziz. Les milieux du 8 mars s’attendent à l’ouverture d’une nouvelle page entre les deux pays, à la suite de cette visite, et à la programmation d’une invitation adressée au président Hassan Rohani au cours de laquelle interviendra un accord négocié pour le règlement de la crise syrienne. Des capitales occidentales déploient des efforts pour rapprocher les points de vue iranien et saoudien.

 

Les caïds de Tripoli sévissent à Minié
La bataille, qui a opposé des membres de la famille Nazer à d’autres de la famille Masri dans la région de Nabi Youcheh dans le village de Minié, a un rapport avec Saad Masri, l’un des principaux criminels recherchés par la justice dans la région du Nord, pour avoir tiré sur l’armée et formé une milice armée de cinquante personnes. Une source du Akkar signale que, deux jours avant la querelle armée, trois grenades plantées dans la région de Nabi Youcheh avaient été trouvées par l’armée, la première près de la demeure du capitaine Hassan Hallak, la deuxième près de la station el-Atri et la troisième à proximité de la maison de Abdallah Obeid. Panique chez les habitants qui ont déserté les lieux et pointé du doigt Saad Masri, comme coupable. Au cours d’une réunion, les notables de Minié auraient demandé à ce dernier de quitter la région. La situation s’est envenimée lorsque Masri a nié, dans un communiqué, toute responsabilité dans cette affaire et accusé un camp politique de vouloir le piéger et lui faire endosser cet acte criminel. La tension dans Minié-Nabi Youcheh, dit-on, ne tombera que lorsque Masri se sera rendu à la justice ou aura quitté la région. D’autant plus que le nombre de martyrs de l’armée à Minié a dépassé les dix soldats, le dernier en date étant Amer Sayyed Ahmad dont le véhicule militaire a explosé près de Wadi Khaled.

Moussa Sadr serait-il encore vivant?
De nouvelles informations, véhiculées par une source, indiquent que le régime libyen de Moammar Kadhafi, jusqu’aux derniers jours précédant sa chute, a continué à retenir l’imam Moussa Sadr. Elles révèlent aussi qu’un important Etat occidental est impliqué dans la disparition de l’imam chiite, dans le cadre d’un plan à long terme établi par les Renseignements de cet Etat pour étouffer le courant mené par le dignitaire qui appelle à la résistance contre Israël, et renforcer les courants de la confrérie des Frères musulmans qui ont combattu les laïcs, les communistes et les chrétiens depuis les années soixante-dix du siècle dernier. Cette source pense que Saïf el-islam Kadhafi détient des données sur cette affaire. Le document d’entente, récemment signé entre le Liban et la Libye, en vue d’élucider la disparition de Moussa Sadr a été qualifié par le président Nabih Berry de «pas historique», alors qu’il recevait des représentants de la famille de l’imam et le coordonnateur juridique avec les autorités libyennes, le magistrat Hassan Chami. Ce document «consacre, a-t-il dit, le droit de la partie libanaise à participer aux enquêtes et mesures prises pour libérer l’imam et ses accompagnateurs». Berry a aussi remercié les autorités libyennes pour leur coopération positive dans ce dossier.

Terroristes arrêtés à Ersal
L’arrestation à Ersal du dénommé Mohammad Abdel-Dayem Aaraj (Abou Jassem) par les Renseignements de l’armée constitue un coup anticipé à l’encontre des éléments terroristes qui s’infiltrent de Syrie. D’après les observateurs, l’appréhension de Abdel-Dayem, «commandant du Conseil militaire des régions du Qalamoun et de Qoussair», et quelques-uns de ses hommes au barrage de Aïn el-Chaab est doublement important par son timing. Des rapports sécuritaires avaient fait état de l’intention de ces groupes terroristes, cachés dans le village, de mener une attaque en direction du territoire syrien, à la demande conjointe des Renseignements d’un pays arabe et d’un Etat régional qui souhaitent saper les acquis sur le terrain du régime de Damas.
Des équipes des Renseignements des deux Etats étaient arrivées au Liban, selon des observateurs, équipes incluant des officiers experts en exploration topographique, qui avaient décrété que l’attaque du territoire syrien, à partir de la frontière est du Liban, notamment du jurd de Ersal, comporte de graves dangers pour les civils libanais et syriens dans cette localité. Le commandement de l’armée avait publié un communiqué annonçant l’arrestation de deux Syriens, Mohammad Abdel-Dayem Aaraj et de Merhej Bakkar… Le premier accusé de trafic d’armes portait sur lui un gros montant de devises libanaises et étrangères, quant au deuxième, il était en possession d’un passeport et d’une carte d’identité qui ne lui appartiennent pas.

Les tribus s’entretuent à Dahié
Les frictions armées qui ont eu lieu dans la rue Jamous, à Saki Hadath, dans la banlieue sud prouvent que la politique de black-out médiatique visant à dissimuler les problèmes de la société de la Résistance, est inefficace et source d’inquiétude pour les citoyens. Il ne manquait plus aux habitants de Dahié que la guerre entre les tribus Mikdad et Nassereddine, ou la vengeance des Zeaïter et Hjoula… La banlieue sud souffre de surpeuplement, de pollution, de chômage, de pauvreté, de mauvaise alimentation, de criminalité et de toxicomanie… C’est pourquoi, il faut dénoncer, d’après des sources, les groupes qui sèment le trouble en s’entretuant et en échangeant des coups de feu sous les fenêtres des citoyens et les terrasses des immeubles…

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