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Nº 2947 du vendredi 2 mai 2014

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Eradiquée depuis treize ans. La polio resurgira-t-elle au Liban?

Depuis le dernier trimestre de 2013, le Liban a organisé pas moins de quatre campagnes successives de prévention et de vaccination contre la polio, auprès des populations concernées.
 

Prévenir toute résurgence de la poliomyélite au Liban, c’est le moteur des quatre campagnes qui se sont tenues dans le pays depuis le dernier trimestre de 2013. A l’origine de ces craintes de la part du ministère de la Santé libanais et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la découverte de plusieurs cas de poliomyélite en Syrie, mais aussi de cas suspectés en Irak. Et avec l’afflux continu de réfugiés syriens au Liban, les risques sont réels.
Le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, l’a souligné lors de sa dernière conférence de presse, début avril. «Au cours de la dernière visite de Valérie Amos, la secrétaire générale adjointe de l’Onu pour les Affaires humanitaires, il est apparu que de nouveaux cas de poliomyélite en Syrie, en Irak, en Egypte et en Palestine, ont été signalés». Rien qu’en Syrie, a-t-il indiqué, «trente-huit cas de polio ont été recensés». De quoi inquiéter les autorités libanaises, d’autant que sur le territoire national, cette maladie a été éradiquée depuis treize ans.
Pour éviter toute réapparition de la polio sur le sol libanais, le Liban a donc pris les mesures qui s’imposent. Puisque début avril, c’est la quatrième campagne qui a été lancée, en partenariat avec l’OMS et l’Unicef, dans l’objectif de vacciner
600 000 enfants, jusqu’à l’âge de cinq ans. Car la polio n’est pas une maladie à prendre à la légère. Extrêmement infectieuse, elle attaque le système nerveux et peut paralyser à vie.
Pour mener à bien cette vaste opération de vaccination, l’Unicef a fourni au ministère 1,7 million de doses de vaccin oral contre la polio. A cela s’est ajouté un soutien logistique de grande ampleur, puisque l’OMS a dû former rapidement quelque 4200 agents vaccinateurs, qui devaient faire du porte à porte dans les zones jugées à risque. Parmi elles, les régions du Akkar, de Tripoli, de Baalbeck, Tyr, Marjeyoun, Rachaya, Bint Jbeil, Minié, Dennié ou encore certains quartiers de Beyrouth. Aux vaccinateurs s’ajoute le réseau de dispensaires établis sur le territoire, afin de toucher le maximum de monde.
En sus de cette quatrième campagne contre la poliomyélite depuis octobre 2013, le ministère de la Santé a aussi instauré l’obligation de vaccination contre la rougeole et la rubéole pour tous les enfants âgés de un à dix-huit ans. Là, pas de prise orale du vaccin, comme pour celui de la polio, mais une piqûre, nécessaire, quand on sait que la rougeole fait sa réapparition dans de nombreux pays, faute de couverture vaccinale suffisante. Pour couvrir les besoins, l’Unicef a fourni, là aussi, une grande quantité de vaccins, avec quelque 1,3 million de doses. Aux vaccinations anti-rougeole et anti-rubéole se greffe aussi la prescription d’une dose de vitamine A, destinée à renforcer le système immunitaire des populations de jeunes.
Avec déjà quatre campagnes successives en l’espace de sept mois, le Liban espère éviter toute résurgence de ces maladies, handicapantes sinon mortelles. Et ce ne seront sans doute pas les dernières. Les réfugiés syriens, avec parmi eux, de nombreux enfants venant de zones où la vaccination s’est avérée impossible à contrôler, continuent d’affluer au Liban, accroissant le risque. Les conditions de précarité et d’insalubrité dans lesquelles beaucoup vivent n’améliorent pas la situation, tout comme la difficulté d’accès aux soins. Début avril, le Haut-Commissariat aux réfugiés annonçait que plus de 21878 enfants âgés de moins de cinq ans avaient pu être vaccinés, grâce à plusieurs ONG, ainsi qu’aux dispensaires mobiles.

Jenny Saleh

Quels symptômes détecter?
La poliomyélite se manifeste par des symptômes de type grippal, fièvre, fatigue, céphalées, pouvant s’accompagner de vomissements, d’une raideur de la nuque et de douleurs dans les membres. Une paralysie irréversible, le plus souvent des jambes, survient dans un cas sur 200 infections, selon l’Institut Pasteur. De même, entre 5 à 10% des patients paralysés peuvent mourir lorsque leurs muscles respiratoires sont paralysés. Chez ceux qui survivent, la polio laisse des paralysies résiduelles occasionnant des handicaps de degrés variables.
Le virus se multiplie dans la muqueuse pharyngée et dans l’intestin grêle. Sa transmission est exclusivement interhumaine et s’effectue essentiellement par voie 
féco-orale, via de l’eau souillée ou des aliments contaminés par les selles. Les personnes atteintes peuvent transmettre l’infection au cours d’une durée variant d’une 
à six semaines.

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