Magazine Le Mensuel

Nº 2947 du vendredi 2 mai 2014

Presse étrangère

Israël et le Hezbollah s’observent au Sud

Vampirisée par l’élection présidentielle, l’actualité libanaise traitée par la presse internationale a gardé une large place aux mouvements qui agitent la frontière sud séparant le Hezbollah de l’armée israélienne.

The Miami Herald
 Chébaa, un point chaud

Le premier quotidien de Floride, The Miami Herald, fait le point sur la situation dans les fermes de Chébaa, sorties des écrans radar de l’actualité de la région.
Ce petit lopin de terre où convergent les frontières du Liban, d’Israël et de la Syrie a longtemps été un point chaud. La guerre en Syrie l’a rendu encore plus dangereux. La contrebande d’armes et de combattants a explosé. Rejoints par plusieurs centaines de réfugiés syriens, les habitants majoritairement sunnites de Chébaa s’élèvent aujourd’hui contre le Hezbollah. Dans ces collines, la situation est extrêmement tendue.
Les troupes de l’Armée libanaise présentes sur place concentrent leurs efforts sur le contrôle de l’afflux des réfugiés. A un barrage situé dans les contreforts du mont Hermon, les soldats interceptent les Syriens arrivés sur le territoire après une marche de plusieurs heures longues à travers les montagnes. Certains confisqueraient même une partie de l’aide humanitaire acheminée sur place.
Pour les résidants, la principale crainte est que les combattants du Hezbollah finissent par s’attaquer aux sunnites libanais. Jusqu’à présent, aucun incident armé majeur n’a éclaté en dépit des tensions. Personne ne veut que la situation devienne incontrôlable, expliquent les habitants sunnites qui, à l’origine, étaient des fervents supporters du Hezbollah. Aujourd’hui, ils sont méfiants, voire carrément hostiles.

Haaretz
Une odeur de sang

Dans un long article, le quotidien israélien de référence, Haaretz, se montre beaucoup plus alarmiste: Une odeur de sang plane sur la frontière israélo-libanaise.
Des changements sont en cours ces jours-ci le long de la frontière du Liban, où le Hezbollah fait montre d’une présence de plus en plus manifeste et belliqueuse, peut-être en réponse aux actions de l’armée israélienne. La frontière avait l’air calme cette semaine, mais les commandants des bataillons des forces armées israéliennes qui y sont déployés racontent une histoire différente. Au cours de ces dernières semaines, d’importants développements ont affecté l’équilibre de la dissuasion entre Israël et le Hezbollah. Sur la frontière, les patrouilles de combattants du Hezbollah habillés en civil se sont multipliées et sensiblement rapprochées du territoire israélien. Dans le Golan, des attaques à la roquette ont causé des dégâts côté israélien. Une réponse à l’attaque de Janta, un village libano-syrien de la Békaa, en mars dernier.
Les actions du Hezbollah ont été décrites comme une tentative de tracer une ligne de conduite en direction d’Israël: vous pouvez attaquer en Syrie, mais si vous ne respectez pas la souveraineté du Liban, vous en paierez le prix. En réalité, quelque chose de profond est en train de se passer. Le Hezbollah tente de redéfinir les règles du jeu dans la confrontation avec Israël après des années de relative stabilité le long de la frontière. «Même s’il en paie le prix fort en interne, la guerre en Syrie permet au Hezbollah d’acquérir une nouvelle expérience et de nouvelles compétences que nous devons observer avec minutie», explique un général de l’armée israélienne.

Maariv
Une armée en «piteux état»

Face à cette menace, Maariv, l’autre grand quotidien d’Israël, dresse le bilan d’une armée israélienne «en piteux état».
Les soldats israéliens partagent comme un sentiment d’impuissance. Les réservistes et les officiers de plein exercice expliquent qu’il s’agit d’un sentiment bien ancien. L’état dans lequel se trouve l’armée est identique à celui d’avant 2006. «Sur les frontières avec le Liban, au lieu de deux véhicules blindés, il n’y a qu’un seul véhicule non blindé et non armé de système de défense antimissile qui patrouille», se plaint un soldat réserviste. Le commandant en chef des forces terrestres de l’armée israélienne, le général Gaï Tssour, ajoute: «En 2013, les stages de formation de nos soldats se sont heurtés à des problèmes. En 2014, les unités de l’armée se sont entraînées sans la présence de spécialistes». Aujourd’hui, l’armée israélienne fonctionne grâce aux réservistes et aux forces non professionnelles. Les hauts officiers de l’armée se sont réunis tout dernièrement en présence d’un représentant du gouvernement. Ils lui ont dit que l’armée avait besoin d’être secouée. L’armée israélienne s’apprête à faire une cure de dégraissage avec à la clé le licenciement des membres des unités qui en comptent trop. Elle est incapable de s’attaquer au Hezbollah ou à l’Iran, voire à la résistance palestinienne. Une dernière question se pose: qu’est-ce qu’Israël fait de ses trois milliards de dollars d’aide militaire annuelle que les Etats-Unis lui octroient?  

La Tribune
Le Liban attend le chèque

Le quotidien économique français, La Tribune titre: Le Liban attend le chèque de Riyad pour s’offrir des armes françaises».
L’Arabie saoudite a entre ses mains la vente d’armes par la France au Liban pour un montant de trois milliards de dollars. Après quatre mois de travail seulement, la fameuse «shopping list» a été arrêtée entre l’acheteur, le Liban, et le vendeur, la France. Reste à la faire valider par le financeur, l’Arabie saoudite. A ce trio, il faut rajouter aussi un pays qui s’agite beaucoup en coulisse, Israël, que l’on dit préoccupé par cette opération et qui a regardé de très près cette liste d’armements. «Un vrai tour de force pour boucler cette liste à trois pays qui ont des objectifs et un calendrier qui divergent et qu’il a fallu réconcilier, explique un proche du dossier. Cela n’a pas été facile». Toutefois, selon plusieurs sources concordantes, cette liste faite de compromis a été arrêtée par la France et le Liban il y a plus de dix jours – le 12 avril – et remise à l’Arabie saoudite, qui est aujourd’hui en train de l’étudier. «Ce sont les Saoudiens et eux seuls qui vont imprimer le tempo de cette opération». Sur les 3 milliards de dollars promis par Riyad, 2,1 milliards seront consacrés à l’achat d’armements et 900 millions à l’entretien de ces matériels. Un principe accepté par le Liban qui pourra par la suite gérer seul le MCO (Maintien en condition opérationnelle) de ces matériels militaires.

The Christian Science Monitor
Les derniers souffleurs de verre

The Christian Science Monitor raconte le sauvetage des derniers souffleurs de verre libanais.
Dans la ville balnéaire de Sarafand, Mahmoud Khalifé est assis devant un four chauffé à plus de 2500 degrés, une serviette sur une jambe et un tube en acier creux dans l’autre main. Il plonge le tube en verre fondu, y souffle et crée une forme en le faisant tourner et en appuyant dessus. Après des mois sans travail, les Khalifé recommencent à fabriquer des lampes, des carafes, des tasses et des vases à Beyrouth et à l’étranger, l’équivalent de 20000 dollars de commandes depuis novembre – jusqu’à New York et la Suisse.
La renaissance de cet artisanat est un triomphe de la coopération dans un pays de plus en plus secoué par la guerre syrienne et les tensions politiques internes. Il peut être en grande partie attribué à l’ingéniosité d’un ingénieur en environnement industriel, Ziad Abichaker, nommé innovateur social de l’année dans le monde arabe pour ses projets visionnaires de recyclage. Le projet a aidé la famille Khalifé à ressusciter son commerce et nettoyé près d’un quart du stock de 60 tonnes de bouteilles ramassées.

Julien Abi Ramia

Top Thèmes
En dehors des sentiers battus cette semaine par l’élection présidentielle libanaise et les reportages consacrés aux réfugiés syriens, le Liban a été évoqué à plusieurs occasions mais de manière périphérique. Sur la place Saint-Pierre de Rome, les médias ont noté la présence d’un large public libanais pour la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Les fiançailles de l’acteur américain George Clooney avec l’avocate d’origine libanaise Amal Alameddine ont replacé le Liban sur la carte des people.

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