Magazine Le Mensuel

Nº 2947 du vendredi 2 mai 2014

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Les Arméniens n’oublient pas
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a surpris tout le monde en présentant ses condoléances à la République d’Arménie, qui commémorait le 99e anniversaire du génocide. Le qualifiant d’inhumain, il a franchi un pas jamais atteint par ses prédécesseurs. Au grand désarroi du Premier ministre turc, la réaction à Erevan a été très hostile et le président Serzh Sargsyan a rétorqué que son peuple n’oubliera jamais la barbarie turque dont la responsabilité dans ces crimes doit être reconnue. Sur le terrain, plusieurs milliers de jeunes Arméniens ont occupé les rues de la capitale, brûlé des drapeaux turcs  et condamné les propos d’Erdogan avec des slogans très durs. Des observateurs à Ankara ont souligné que le leader islamiste tentait d’apaiser la relation avec son voisin qui se prépare à fêter, l’année prochaine, le centième anniversaire du génocide par une campagne mondiale antiturque. Ceci inquiète beaucoup les dirigeants à Ankara qui persistent à nier l’existence même de ce génocide.

 

Loi de la jungle en Libye
La situation en Libye se dégrade de jour en jour et le pays de Omar el-Mokhtar semble aller vers une désintégration totale. La façon dont les deux derniers Premiers ministres ont été limogés prouve qu’il faudrait un miracle pour que le pays retrouve le calme et la prospérité. A l’appel lancé par le président tunisien, Moncef Marzouki, aux différents partis politiques libyens de se réunir à Tunis pour participer à une conférence de dialogue national, l’ancien chef de l’Exécutif, Mahmoud Jibril, a répondu par un non catégorique. Il a ainsi exprimé un «non à la démocratie imposée par les armes».

Al-Sayyed el-Badaoui président du parti centriste égyptien, al-Wafd, vient d’être réélu à son poste pour un nouveau mandat. Même si le successeur du leader historique et fondateur du parti, Saad Zaghloul, n’a toujours pas réussi à retrouver la cote de popularité dont son mouvement jouissait au début du XXe siècle, il refuse de se laisser entraîner dans les surenchères populistes. D’ailleurs, sa réélection a été le fruit d’un scrutin démocratique interne, au terme duquel il a réussi à battre son rival Fouad Badraoui à 200 voix près.

Salva Kiir fait le ménage
Alors que les pressions internationales s’intensifient sur lui, le président du Soudan du Sud, Salva Kiir Mayardit, a choisi de se débarrasser de plusieurs de ses plus proches collaborateurs. Une décision surprenante. Il a, en effet, limogé le chef d’état-major de l’armée, le chef des services de renseignements et deux autres généraux haut placés sans aucune explication. A Juba, la confusion a régné chez les observateurs, ces quatre officiers étant considérés les principaux soutiens de Kiir au sein des forces armées. Des sources bien informées assurent que les raisons de ce changement sont les défaites militaires subies par les forces loyalistes contre les rebelles ces dernières semaines. Il n’est pas certain que cela suffise à faire pencher la balance en sa faveur sur le terrain.  

        

Amr Moussa ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, ex-secrétaire général de la Ligue arabe et actuel président du comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution égyptienne, n’a pas caché son soutien à la candidature du maréchal Abdel-Fattah el-Sissi à l’élection présidentielle. Il a ainsi déployé tous les moyens pour promouvoir le programme de ce dernier, affirmant que l’Egypte avait besoin de son leadership pour surmonter les difficultés actuelles. Pourtant, Moussa était lui-même candidat quelques mois auparavant et bénéficiait du soutien de plusieurs millions d’électeurs. Il aurait pu se présenter en troisième candidat face au nassérien Hamdeen Sabahi et Sissi. Des sources au Caire assurent que cet ancien diplomate aurait reçu des promesses de l’ancien ministre de la Défense d’être nommé vice-président au cas où Sissi était élu. En politique, rien n’est gratuit.


En pointillé…
La scène politique iranienne a été secouée par les fuites dans plusieurs médias, proches du camp conservateur, sur le limogeage d’un grand nombre d’experts nucléaires à cause de leur opposition à l’accord signé à Genève. L’approche pacifiste du ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, n’est pas appréciée d’un grand nombre de faucons au sein du régime iranien. Ceci s’est répercuté sur les scientifiques actifs sur le programme nucléaire. Après cette annonce, le porte-parole de l’Agence nucléaire iranienne a reconnu que certains membres avaient été écartés sans que cela n’affecte le programme. Reste que cette décision démontre que le président iranien, Hassan Rohani, ne compte pas se laisser faire et qu’il est prêt à agir quand il le faut.

Le roi hausse le ton
La décision du roi du Maroc, Mohammad VI, de nommer Omar Hilal représentant de Rabat aux Nations unies n’est pas passée inaperçue. Le diplomate est connu pour ses positions intransigeantes sur le dossier du Sahara occidental et ses propos, tout au long de sa carrière, prouvent qu’il prône une politique agressive, très hostile à l’égard du voisin algérien. Le roi, qui avait préféré ces dernières années tenir un discours conciliateur, a dû changer de position après les déclarations du secrétaire général des Nations unies, par lesquelles il a condamné les nouvelles formes de colonialisme. Une allusion, à peine voilée, au rôle de Rabat au Sahara, poussant Mohammad VI à appeler le plus haut responsable onusien pour lui demander des explications. Mais rien à faire, puisque Ban Ki-Moon n’a pas fléchi.  

L’Ethiopie tient tête à l’Egypte
Le bras de fer, qui oppose Le Caire à Addis-Abeba, pourrait connaître une nouvelle escalade à la suite des propos du Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, qui a douché les responsables égyptiens en assurant que son pays avait, d’ores et déjà, achevé la moitié du projet de construction du barrage al-Nahda sur les bords du Nil. Il a ajouté que son gouvernement était prêt à toute forme d’opposition si l’Egypte le souhaitait, et qu’il n’avait pas peur des menaces à répétition du gouvernement d’Ibrahim Mahlab. Pourtant, ce dernier avait opté pour une ligne pacifiste en envisageant la possibilité de l’arbitrage du Conseil de sécurité des Nations unies, alors que ses prédécesseurs menaçaient d’user de la force armée pour stopper le projet éthiopien.

 

La nostalgie des Tunisiens
Le 14e anniversaire de la disparition de Habib Bourguiba, le «Grand Mujahid», comme l’appellent avec affection ses concitoyens, a été l’occasion de lui rendre un vibrant hommage. Des dizaines de milliers de personnes se sont rendues dans sa ville natale d’al-Monastir où il est enterré, pour déposer une gerbe sur sa tombe. Une façon sans doute d’exprimer leur désarroi et leur dégoût de la classe politique actuelle qui, disent-ils, n’a pas réussi à bâtir un Etat de droit démocratique, trois ans après la chute du dictateur Zein el-Abidine Ben Ali. Cette effervescence populaire semble avoir inquiété les leaders du mouvement islamiste Ennahda, le principal exploit de Bourguiba après la libération ayant été l’émancipation des femmes et l’installation d’un Etat laïque. Un vrai cauchemar pour les disciples de Rached el-Ghannouchi.


Abbas souffle le chaud et le froid
Le président palestinien Mahmoud Abbas a tenté de contenir la colère d’Israël après sa réconciliation avec le Hamas en condamnant l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans une déclaration sans précédent, le leader palestinien a déclaré que «ce qui est arrivé aux Juifs durant l’Holocauste est le crime le plus odieux qui soit survenu contre l’humanité pendant l’ère moderne». Ce n’est pas la première fois que le président palestinien, à qui il a été reproché d’avoir émis des doutes sur l’ampleur du génocide dans son doctorat obtenu à l’Université de Moscou en 1982, dénonce le «crime» de l’Holocauste. Recevant des journalistes juifs le 1er juillet 2010 à Ramallah, il avait rappelé avoir envoyé ses représentants à des cérémonies commémoratives, y compris à Auschwitz. «Comment peut-on nous accuser de nier l’Holocauste?», avait-il lancé.
Confronté à de sévères critiques de la part d’Israël pour sa décision d’enterrer la hache de guerre avec le Hamas, qui contrôle Gaza, Mahmoud Abbas a appelé le gouvernement israélien à conclure une paix «juste» avec les Palestiniens.
Les pourparlers de paix, relancés en juillet 2013 sous l’égide de Washington et qui sont totalement enlisés, ont été suspendus jeudi par le gouvernement de Benyamin Netanyahu à la suite de la signature du nouvel accord de réconciliation entre l’OLP et le Hamas qui ne reconnaît pas jusqu’à présent Israël et prône la lutte armée.

2000 combattants occidentaux sont en Syrie depuis 2011. C’est du moins ce qu’assurent plusieurs médias belges, qui s’inquiètent de voir leurs concitoyens prendre les armes pour mener «la guerre sainte contre les infidèles». En tête du peloton vient la France, avec près de 450 jihadistes, suivie de près par la Grande-Bretagne avec près de 390. Plusieurs centaines d’Européens, dont la majorité est d’origine maghrébine, ont perdu la vie dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans et qui a fait 150000 victimes. Face à ce fléau, les Occidentaux ont décidé d’agir en arrêtant les dizaines de jeunes qui s’apprêtaient à faire le voyage, tout en tendant la main à ceux qui seraient prêts à jeter les armes et à rentrer au pays. C’est notamment la politique prônée par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui encourage ses homologues européens à en faire de même, car selon lui, ce serait le moyen le plus sûr de mettre un terme à ce jeu de la mort.

9 millions de citoyens irakiens sont privés d’eau dans les provinces de Bagdad et Diyala, à la suite de l’explosion d’un tuyau de pétrole qui a pollué le fleuve du Tigre. Ce cataclysme économique et environnemental a été provoqué par une attaque par des membres d’al-Qaïda dans la province de Salaheddine, située à 175 kilomètres de la capitale. Un scénario catastrophe pour la population locale qui souffre, depuis la chute du régime de Saddam Hussein, du manque d’électricité et qui, désormais, est touchée par le manque d’eau. Le gouvernement irakien, quant à lui, n’a pas jugé nécessaire de former une cellule de crise pour protéger les deux fleuves mythiques du pays, aussi importants pour l’économie que le pétrole, première ressource du budget national. Le gouverneur de Bagdad n’a pas caché sa colère contre le gouvernement qui, selon lui, a tardé à réagir.

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