Magazine Le Mensuel

Nº 2947 du vendredi 2 mai 2014

Expositions

Mitsou. A l’ombre de la sérénité

L’homme d’affaires Fouad Tabet, alias Mitsou, expose une trentaine de ses toiles à la galerie SV à Saïfi Village. Quand la nature se fait impression, quand la quiétude se fait couleur…

Quiétude et sérénité. Une impression générale d’apaisement se dégage de la trentaine de toiles, signées Mitsou, exposées sur les cimaises de la galerie SV à Saïfi Village. Un rapport étroit qui s’établit avec la nature, un éloignement de l’effervescence des villes qui grouillent et s’enrouillent. Une pause, une longue pause avant de retrouver le chaos de la capitale, l’affairement du quotidien.
Et c’est pour cette raison que Fouad Tabet peint. Célèbre homme d’affaires libanais, il cultive deux hobbies: la peinture et l’écriture. Deux moyens d’évasion qui le tiennent loin des vicissitudes de sa vie professionnelle. Une évasion qui résonne clairement dans ses toiles où l’être humain est presque complètement absent. Et s’il apparaît, dans une ou deux toiles, c’est plutôt comme une forme vague, floue, éloignée, très éloignée du champ de vision, une idée même. L’idée d’une présence habitant le monde, d’une ombre qui passe ou qui s’installe éthérée, toujours fugitive, toujours désirée, au-delà de sa présence. Le titre même de la toile La femme au chapeau rouge suggère cette notion qui semble guider le peintre dans son travail, dans sa quête des couleurs qui vont à la rencontre des impressions, qui créent les impressions. Un large champ de verdure, un lac, quelques figures humaines qui se complaisent dans ce paysage idyllique et voilà le détail qui attire le regard, le rouge d’un chapeau à peine visible. Le regard du visiteur s’y braque. Et l’imaginaire ouvre ses portes.
Tout a commencé pour cet autodidacte à la suite d’une opération qu’il a subie au poumon, en 1967. «La peinture me prend aux tripes», dit-il. Fortement influencé par l’impressionnisme, au fil de ses voyages, au fil des paysages qui défilent devant son regard, Mitsou capte l’instant, les instants, l’instantanéité d’un mouvement de la nature, d’une tradition qui s’ancre comme image, d’une expérience visuelle qu’il fige, qu’il recrée par la peinture. L’île de Pôros, Port de Honfleur, Le saule pleureur, Vague à Hawaï, Jardin japonais, Vieille maison libanaise, Venise fête des Gondoliers… Couleurs vives, couleurs fugaces, Mitsou emmêle toute la palette chromatique, souvent par une application en relief, par de larges traits de pinceau, par une attention aux détails. Quand le pinceau s’éloigne de l’actualité pour retrouver la joie d’une communication avec la nature, la simplicité de la vie, l’essence de la vie, le bonheur d’être tout simplement, au près du souffle du vent, du bruissement d’une feuille d’arbre, à l’ombre d’un arbre, de l’Arbre de Vie.

10e édition de Jabal
Lieu incontournable pour découvrir les jeunes talents, le salon Jabal (Jeunes artistes des beaux-arts du Liban), organisé par la Fransabank, se tiendra cette année du 7 au 10 mai, à l’hôtel Le Gray. Trente-cinq jeunes artistes libanais ou résidant au Liban présenteront leurs œuvres, peintures, sculptures et photographies. Ces travaux représentent les tendances artistiques de cette nouvelle génération.
Sur les 130 dossiers présentés, 60 candidats ont été retenus et 35 sélectionnés pour cette nouvelle édition qui regorge de talents prometteurs. C’est en ressentant ce désir que le comité artistique de Jabal a sélectionné les artistes, se concentrant moins sur le support d’expression que sur le sujet: eux, nous, l’autre, l’homme, la femme, l’environnement. La figuration domine la création d’aujourd’hui, la photographie a changé le témoignage de l’artiste, mais dans les deux sens, le photographe tente de s’éloigner du réalisme et recherche l’atmosphère d’un lieu ou d’une situation, le peintre refroidit sa palette pour se rapprocher du même effet. Tous les deux veulent trouver leur discours commun, alors que l’ordinateur permet à ceux qui l’utilisent, au contraire, de rendre leur discours onirique et individualiste.

 

Nayla Rached

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