Le 13 mai, les journalistes Ibrahim el-Amine et Karma Khayat devront comparaître devant le TSL pour outrage au tribunal et obstruction à la justice. Que pensez-vous de cette affaire?
Il faut attendre les résultats de cette comparution. Soit ils sont présents personnellement à La Haye, soit ils seront présents avec leurs avocats à travers une vidéoconférence. Le juge de l’outrage prendra alors une décision. Soit ils seront innocentés ou condamnés, et ils auront alors quinze jours pour interjeter appel.
Sur quelles bases la défense pourra-t-elle bâtir sa stratégie?
Les deux journalistes sont accusés par le TSL d’avoir entravé le cours de la justice en diffusant ou publiant des informations sur de prétendus témoins confidentiels. Je crois qu’une défense bien bâtie pourrait prouver qu’il n’y a pas eu d’outrage au tribunal, et que les journalistes n’ont fait que publier des informations qu’ils ont reçues, sans pour autant qu’il soit prouvé que ceci ait eu des conséquences à quelque niveau que ce soit sur les témoins potentiels ou leurs dépositions. En tant que journalistes, ils ont le droit de publier les informations qu’ils détiennent. Ce que les deux journalistes ont fait entre dans le cadre des critiques adressées au tribunal concernant des failles dans son fonctionnement. Et c’est au tribunal de conduire une enquête interne pour connaître l’origine des fuites.
L’Etat libanais pourrait-il prendre des mesures contre la décision du TSL?
Bien sûr. Le Conseil des ministres pourrait demander au ministère de la Justice d’intervenir dans le procès, par l’intermédiaire des Services du Contentieux de l’Etat, celui-ci devenant ainsi un tiers intervenant pour prendre fait et cause de ses citoyens et pour expliquer au tribunal l’importance de la liberté d’information au Liban et dans quel contexte elle s’exerce selon la Constitution et les lois en vigueur.
Arlette Kassas