Magazine Le Mensuel

Nº 2948 du vendredi 9 mai 2014

Supplément

Fragments de confessions

«Nous payons cher une expérience que nous pourrions trouver à bon marché chez le voisin», disait Aristophane. C’est dans ce sens qu’élèves et étudiants ont partagé leurs points de vue avec Magazine pour permettre aux lecteurs de ce supplément d’en tirer profit.
 

Des élèves impliqués
Perla Cordahi reconnaît accorder une grande importance aux études universitaires, «celles-ci constituant une continuité aux études scolaires». Pour elle, la vie universitaire joue un rôle indispensable au développement de la personnalité des étudiants et encourage chacun à vouloir s’approprier de nouvelles connaissances. Elle affirme que pour pouvoir choisir sa spécialisation, chaque personne devrait d’abord se rendre compte de ses capacités (qu’elle pourrait évaluer par le biais des notes scolaires). La spécialisation choisie devrait ensuite traduire les préférences de chacun en tenant compte des demandes du marché de travail. Le niveau académique de l’université dans laquelle l’élève choisit de poursuivre ses études et les opportunités d’emploi, qu’offre celle-ci, sont deux critères essentiels pour Perla dans son choix universitaire. «Il faudrait toutefois que l’étudiant puisse couvrir les frais de l’université choisie». Sara Medawar partage le même avis que Perla dans la mesure où les élèves doivent aujourd’hui essayer de concilier le côté financier et la qualité d’enseignement.
Pour Sara Chammas et Carine Moutran, les études universitaires sont essentielles à la formation d’une carrière professionnelle et à l’intégration à la société. Pour choisir sa spécialisation, Sara considère que «se réveiller chaque jour et se rendre dans un même milieu de travail demande beaucoup de patience et de persévérance d’où la nécessité d’opter pour des études qui me passionnent après évaluation des compétences académiques». Une fois la spécialisation choisie, elle oriente son attention vers les universités qui disposent de sa demande et qui offrent une bonne qualité d’enseignement supérieur.
L’université est un pont vers une meilleure rentabilité, explique Mario Roukoz. «Je crois tout simplement que, pour choisir une spécialisation, il suffit de penser à un métier que l’on a envie d’exercer toute notre vie, tout en se tenant compte de nos compétences parce qu’après tout, on ne peut pas aimer ce qu’on ne sait pas faire», confie Mario. Quant au choix de l’université, plusieurs facteurs d’influence se présentent, à savoir, d’une part, le niveau de l’université en question et, d’autre part, les cotisations.
«Nous vivons aujourd’hui dans une société où la femme est le plus souvent marginalisée. Celle-ci doit donc absolument s’affirmer en s’imposant, non par la force, mais par son savoir et ses connaissances». 
C’est en ces termes qu’a exprimé Jessica Cordahi son point de vue sur la nécessité d’entreprendre des études universitaires. Choisir sa future profession n’est pas chose facile pour elle. Jessica essaie de concilier compétences et envies. Le choix de l’université dépend pour elle des cotisations, du niveau académique et de la proximité de l’université dans laquelle elle compte poursuivre ses études.
Gaby Abou Karam précise qu’«avec l’évolution et le développement des sociétés, on est arrivé aujourd’hui à un stade où, pour briller en  société, l’homme doit se munir d’une arme: la connaissance». Selon lui, cette connaissance peut être acquise grâce aux études universitaires. Citant Voltaire, Gaby reprend qu’«il faut cultiver son jardin». «Ainsi, après avoir obtenu un diplôme, je pourrai devenir un membre actif dans la société, indépendant financièrement et libéré de l’autorité parentale», dit-il. Gaby choisit l’université dans laquelle il veut étudier selon différents critères: des professeurs qualifiés, la renommée de l’université, la proximité de celle-ci et les frais.
«L’expérience de chacun est le trésor 
de tous»
Aux myriades de questions d’élèves ont répondu des étudiants provenant d’universités différentes, partageant ainsi leurs expériences et leur vécu avec ces premiers.
«A l’université, je me sens plus libre du choix de ma spécialisation et donc des matières qui m’intéressent. De plus, l’emploi de temps y est important. Au final, chaque étudiant est livré à lui-même dans le sens où il acquiert une certaine responsabilité à l’égard de ses études et de son avenir», explique Karen Abou Karam.
Aux élèves indécis sur le choix de leur spécialisation, Karen conseille de ne céder ni à la panique ni à la nonchalance. «Il faut se dire que, tôt ou tard, vous finirez bien par trouver la spécialisation qui vous soit la mieux adaptée. Vous devez commencer à réfléchir à vos préférences et à vos rêves (littérature, sport, théologie, droit…). Si vous en avez plusieurs, classez-les par ordre d’importance, informez-vous sur chacune d’entre elles via Internet, votre entourage… et projetez-vous finalement dans chacune de ces carrières: avez-vous l’envie et la capacité de vous imaginer opérant des patients et gérant des infirmières durant des heures? Ou préférez-vous être assis derrière votre bureau en train de traduire, de programmer ou d’écrire le futur Harry Potter?».
Yvonne Saaïbi part du principe qu’à l’université, «on est plus libre. L’horaire est plus flexible, puisque fondé sur un système de crédits. Cette liberté est non seulement ressentie au niveau académique, mais personnel aussi. L’université est un lieu moins sécurisé que l’école, certes, mais plus attrayant!». Au sujet des amitiés, Yvonne précise qu’«un ami d’école est spécial, puisque porteur d’un passé commun et révolu. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’on peut se faire de très bons amis à l’université, d’autant plus que nous partageons plus de centres d’intérêts qu’avec nos amis d’enfance». A la question de savoir si les universités occidentales sont meilleures (du point de vue académique) que les universités libanaises, Yvonne Saaïbi répond: «Je trouve que les universités à Beyrouth sont d’un très bon niveau académique. Les classes, moins peuplées que celles des universités occidentales, favorisent la concentration et la mise en valeur de chaque étudiant. A la différence des universités occidentales, les cours des universités beyrouthines ne sont pas magistraux et permettent une interaction et donc une meilleure assimilation. Cependant, il faut prendre en considération la vie culturelle, nettement plus riche en Occident qu’en Orient».
Sissi el-Baba, parlant du rôle de la langue française dans les universités, estime que «beaucoup d’étudiants pensent que la langue française doit être uniquement liée aux formations dans le domaine des sciences humaines et que cette langue ne leur est pas utile. Ceci n’est pas vrai. J’aimerais bien demander aux profs de français de donner des cours de perfectionnement linguistique dans tous les départements des universités».
Elle conseille aux élèves de choisir ce qu’ils aiment, ce qui correspond le plus à leurs tendances, car «il n’y a rien de pire que de choisir une formation que l’on n’aime pas. Nous devons et nous pouvons choisir une formation qui nous parle et qui nous intéresse».

Natasha Metni

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