Un incendie d’une ampleur catastrophique a ravagé des hectares de forêts dans les régions de Wadi Chahrour, Betchay, Baabda, Yarzé et Jamhour. Il a fallu que les flammes sévissent pendant trois heures et que le feu s’étende à une vitesse inouïe pour que les autorités concernées interviennent enfin.
«Nous avons été réveillés par un incendie monstre qui s’est étendu comme une traînée de poudre à cause de la forte chaleur», déclare Marlène, une habitante de Baabda. «Les flammes ont rapidement ravagé la forêt, appelée «Khandaa el-Rehban», qui avait été, jusque-là, épargnée par les sinistres qui ont frappé la région l’été passé», poursuit la jeune femme, les yeux rouges de fatigue.
Main criminelle ou incendie dû à la hausse des températures et à la vitesse du vent chaud? Toutes les hypothèses sont possibles quant à l’origine du sinistre, en attendant les premiers résultats des investigations. Toujours est-il que, selon plusieurs témoignages, les autorités ont fait preuve, dès le départ du feu, d’une indifférence inouïe et d’un laxisme incompréhensible. Elles ont mis du temps à réaliser l’ampleur du désastre. «Les autorités sont restées indifférentes aux appels de détresse, inconscientes devant l’imminence du danger. Pas de réaction, ni d’action face à la peur, à la terreur de voir nos enfants brûlés», ajoute Marlène.
Les flammes se sont dangereusement approchées de dizaines d’habitations et les riverains ont dû compter sur eux-mêmes pour tenter d’éteindre le feu en attendant l’intervention de la Défense civile. Aux coups de téléphone des habitants de la région, des employés répondaient sur un ton morne et ennuyé: «On a envoyé les chabab. Calmez-vous. Pas besoin de toute cette panique».
«Les chabab ont tellement tardé à débarquer que la forêt a flambé durant trois heures et le feu a eu le temps de s’étendre de Wadi Chahrour à Yarzé avant qu’il n’y ait de sérieuses interventions pour circonscrire le sinistre, explique Paul Abi Rached à Magazine. L’incendie s’est déclaré dès les premières lueurs du matin, mais les premiers secours ne sont arrivés que vers 11h. L’inefficacité des secours a été incroyable», conclut Abi Rached, qui gère ce magnifique site protégé de Baabda. Il a fallu que les volontaires de Terre Liban et les habitants s’y mettent pour étouffer le feu. L’hélicoptère est arrivé sur le tard».
Ce laxisme, confirmé unanimement par tous les témoins, est d’autant plus curieux que la région de Baabda-Yarzé abrite le palais présidentiel, le ministère de la Défense, de nombreuses ambassades et résidences de diplomates, ainsi que les résidences de plusieurs hommes politiques. L’Agence nationale de l’Information (Ani) a rapporté que les voitures garées dans l’un des parkings du palais présidentiel de Baabda, où se tenait une séance de la conférence nationale de dialogue, ont été déplacées afin d’éviter qu’elles ne soient touchées par les flammes. Les écoles de la région ont également été évacuées. Et des parents pris de panique embouteillaient les routes.
«Mobilisez-vous»
La société civile a lancé, en réaction à cette catastrophe, une pétition, sous le slogan «Mobilisez-vous», pour un reboisement rapide des zones atteintes par l’incendie.
Danièle Gerges