Magazine a profité du passage du député UMP de la Xe circonscription des Français de l’étranger, englobant le Liban, pour l’interroger sur la situation bouillonnante de la région. Le président du groupe de travail sur la Syrie à l’Assemblée nationale lance de nouvelles pistes pour la diplomatie française.
Où situez-vous l’élection présidentielle libanaise dans la parenthèse électorale qui s’est ouverte dans la région, de l’Irak à l’Egypte, en passant par la Syrie?
Au Liban, nous sommes très désireux de voir la mise en place d’une présidence de la République, d’un gouvernement et d’un Parlement. Hélas, ça n’a pas l’air de devoir se passer de cette manière. Comme la diplomatie française, je suis pressé de voir toutes ces institutions se remettre en route. D’autant que le Liban a plusieurs dossiers urgents à traiter comme celui des réfugiés syriens. Il faut que le Liban reprenne voix au chapitre diplomatique. J’ai l’impression que jusqu’ici, la diplomatie libanaise est passive. Le pays ne fait pas entendre sa voix comme il mériterait de se faire entendre, et je le dis en tant qu’amoureux du Liban.
Vous avez pris le dossier syrien à bras-le-corps. Que pensez-vous de la position de la diplomatie française?
En Syrie, la situation évolue, mais évolue-t-elle dans le bon sens? Nous avons été manichéens en disant que les rebelles étaient bons et que le gouvernement était mauvais. Les choses sont plus compliquées. L’Occident a une part de responsabilité. On a encouragé l’Armée syrienne libre (ASL) à engager un processus de guerre et politique sans réellement la soutenir. Aujourd’hui, la rébellion «laïque» est abandonnée et incapable de mener son processus contre Assad.
Le président syrien en sort-il renforcé?
Le discours de la diplomatie française, c’est qu’au fond, Bachar el-Assad est très satisfait des groupes comme al-Nosra car ça le sert, et c’est vrai que ça le sert, au moins médiatiquement. Ça permet de mettre sur le terrain deux mauvais. Mais ce n’est pas une raison de ne pas lutter contre eux. Je considère que l’islamisme violent est un des grands dangers qui menacent l’Occident, une position développée par le président russe Vladimir Poutine. Même si c’est politiquement incorrect, on ne peut pas fermer les yeux.
Comment jugez-vous l’action des Etats-Unis
et de la France?
Les Etats-Unis veulent se désengager. Obama solde les comptes négatifs des interventions politico-militaires américaines en Irak et en Afghanistan. Il a reculé et changé de politique. François Hollande est un fidèle suiveur de la politique américaine, et ce n’est pas nouveau. Les socialistes français ont toujours été très atlantistes. Hollande est un exécuteur de la politique d’Obama.
Et l’action du président russe Vladimir Poutine?
Il s’est positionné en sa qualité de défenseur des chrétiens d’Orient, un sujet qui m’est cher. Un rôle que devrait d’ailleurs jouer plus fortement le pape François. La politique russe aujourd’hui m’apparaît totalement incontournable, notamment sur les dossiers syrien et iranien. Mais la suite se joue à Kiev, car je considère que le règlement des problèmes du Moyen-Orient dépend de ce qui va se passer en Ukraine. Celui qui gagnera le bras de fer sera en mesure d’imposer ses solutions, solutions que nous attendons tous sur la Syrie et l’Iran.
Croyez-vous à une réconciliation globale entre l’Iran et l’Arabie saoudite, parrainée par la Russie et les Etats-Unis?
Oui. Il y a une grande évolution à l’égard du problème iranien. L’Iran a été mis au ban du concert des nations, mais il est incontournable pour le règlement des problèmes de la région. La France a, là, peut-être, un rôle à jouer. Nous devons écouter la Perse, nous devons recommencer à nous parler. Il y a deux acteurs incontournables: alors que les Etats-Unis s’en vont sur la pointe des pieds, et que l’Europe n’existe pas, ce sont les Russes et les Iraniens qui mènent le jeu. Le nier serait s’engager dans un processus d’échec. La France doit prendre du recul.
Propos recueillis par Julien Abi Ramia
Les élections consulaires
«Je suis venu participer à la campagne que mène l’UMP, avec à sa tête Fabienne Blineau-Abiramia pour les élections consulaires et européennes, a déclaré le député Alain Marsaud. J’espère que la mobilisation sera importante. Les Français ne doivent pas se tromper. Ils ont intérêt à choisir de véritables acteurs de leur vie au quotidien. C’est la raison pour laquelle ils doivent donner ses responsabilités à notre liste de tête, qui s’est déjà beaucoup activée pendant des années, de manière désintéressée», a-t-il conclu.