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Nº 2964 du vendredi 29 août 2014

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Un succès croissant au Liban. Des prêts flexibles pour vivre mieux

Qu’il s’agisse d’acheter du mobilier ou de l’électroménager pour son appartement, de s’offrir la dernière tablette sortie sur le marché, ou tout simplement un voyage aux antipodes du Liban, les utilisations du crédit consommation sont très variées. Le prêt personnel apparaît aussi comme l’un des moteurs ne consommation fragilisée.
 

Besoin de financer son mariage, sa rentrée à l’université ou de s’offrir une opération de chirurgie esthétique? Si le budget en possession de chaque ménage ne suffit pas, pas de panique, les banques arrivent à la rescousse pour proposer des prêts personnels et autres crédits à la consommation. Ce type de prêts, dont le montant n’est pas forcément excessif, connaît un succès croissant au Liban, où les salaires n’augmentent pas vraiment en fonction de la cherté de vie. C’est donc dans ce contexte que depuis une vingtaine d’années, les banques proposent des gammes de prêts à la consommation ajustables pour la plupart des Libanais, afin de leur permettre d’assouvir leurs besoins. Une solution de facilité pour les consommateurs, qui permet, sans aucun doute, de vivre mieux, en échelonnant les paiements sur une certaine durée. Tout en boostant, d’un autre côté, la consommation des ménages, nécessaire en temps de crise.
Pour les banques, proposer de telles facilités de paiement fidélise incontestablement la clientèle et contribue même à drainer de nouveaux clients. En effet, pour soutenir une expansion régulière, les établissements bancaires ont tout intérêt à trouver de nouveaux produits attrayants à proposer à leurs clientèles. Les possibilités d’emprunter pour consommer et ainsi atteindre ou maintenir un certain niveau de vie sont multiples. Les banques de détail ont peaufiné, ces dernières années, leurs offres afin de séduire les plus récalcitrants. Il est ainsi possible d’emprunter des sommes modérées, dans un but précis, comme l’achat d’un nouvel appareil d’électroménager qu’on ne pourrait pas s’offrir en temps normal, ou d’une nouvelle chambre à coucher, entre autres choses. Le client peut alors se voir proposer un prêt spécifique à son besoin, ou un prêt personnel dont il n’aura pas à justifier l’utilisation.
Ces prêts personnels ont permis aux banques de toucher des personnes à revenus moyens, voire avec de petits revenus, qui ne pouvaient pas, auparavant, justifier d’un salaire assez élevé pour contracter un emprunt bancaire. Jusqu’alors, les prêts, même minimes, étaient rendus inaccessibles aux plus modestes à cause du coût qu’ils engendraient, et les banques refusaient généralement ce type de demandes par crainte d’insolvabilité du requérant.

 

Bien étudier les offres
Le Liban, comme ailleurs, n’a pas été épargné par la fièvre de la consommation. Surtout dans un pays où l’image qu’on donne de soi revêt une importance primordiale. Et les effets conjugués de la publicité et de l’Internet ont rendu la consommation, voire la fièvre acheteuse, irrépressible. Alors qu’auparavant, contracter des dettes n’était pas souhaitable et devenait parfois même honteux, aujourd’hui, les prêts à la consommation permettent de succomber à l’envie d’acheter. Mais attention, il convient pour l’usager de savoir trouver l’offre de prêt la plus adaptée à ses besoins, afin d’éviter les mauvaises surprises. Car une bonne lecture des offres permettra aussi de trouver celle qui convient le mieux et parfois, de réaliser de substantielles économies.
Autre atout du prêt personnel, son échéance de remboursement limitée dans le temps. En effet, quand le prêt personnel est accordé au demandeur, il l’est dans un laps de temps donné. La plupart du temps, la somme empruntée via le prêt personnel doit être remboursée dans un délai compris entre 3 et 48 mois. Ainsi, l’emprunteur sait qu’il doit payer à la banque chaque mois une telle somme et peut planifier ses dépenses au mieux.
Le crédit accordé lors d’un prêt personnel correspond en général à maximum trois fois le revenu du ménage. Au Liban, les mensualités à rembourser ne peuvent pas dépasser le tiers de ce revenu, afin de ne pas étouffer le client dans des montants trop lourds à gérer, étant donné qu’ils s’ajoutent aux dépenses de la vie quotidienne. Ces prêts peuvent prendre deux formes: les prêts affectés ou non affectés. Pour le prêt affecté, les banques allouent une somme donnée au demandeur, selon l’achat précis qu’il compte réaliser. Ces dernières années, les établissements bancaires ont précisé leur gamme d’offres. Ainsi, on trouve désormais, des prêts pour acheter un ordinateur, des prêts destinés spécifiquement aux étudiants ou aux fonctionnaires, etc. Dans le second cas, le client peut demander à sa banque une somme donnée, sans avoir à justifier son usage final. A la banque de décider si elle peut ou pas lui accorder, sans savoir quelle en sera l’utilisation.
Aujourd’hui, le marché du crédit à la consommation au Liban propose des offres de niche variées et originales ciblant des besoins ponctuels. Cependant, en le rendant indispensable à la vie des ménages ou en séduisant ces derniers par des offres encore plus ciblées, les banques risquent dans certains cas de transformer le crédit à la consommation en un piège inexorable. Pour les banques de détail, l’enjeu est énorme, puisqu’il s’agit là de fidéliser des clients auxquels elles n’auraient peut-être pas eu accès auparavant. Mais pour les clients justement, il convient de rester prudent et de ne pas accumuler les petits crédits qui, au final, représentent un endettement conséquent. Car le risque d’impayés et de surendettement n’est jamais loin. Représentant un danger pour le consommateur, mais aussi pour les banques émettrices de prêts. Ces dernières prennent bien évidemment leurs précautions, n’étant pas, après tout, des organismes de charité. La plupart d’entre elles disposent donc d’un département spécifique chargé de l’étude des risques et des dossiers de prêts. Un service de renseignements étroitement connecté à celui des autres banques au Liban. A chaque demande de crédit, notamment quand le client a déjà domicilié son salaire dans une autre banque, une enquête est réalisée à travers ce réseau. La banque obtient ainsi de nombreuses informations sur l’état des créances du client.
Elle peut aussi s’appuyer sur les fichiers de la Centrale des risques, qui lui permettent de savoir si le demandeur a déjà d’autres crédits dans des banques concurrentes. Pour le client, l’accumulation de crédits peut avoir des conséquences dramatiques en cas d’impayés (voir encadré). Il peut ainsi se retrouver face à des poursuites judiciaires, même si la plupart des banques assurent privilégier la discussion à l’amiable, avant d’entreprendre des démarches radicales. A prendre en compte aussi côté client, la survenue d’impondérables de la vie, comme la maladie, la perte d’emploi, l’accident, qui peuvent le rendre incapable de rembourser ses échéances le moment venu. Autant de réalités qu’il est nécessaire de connaître avant d’emprunter, et ce, quel que soit le montant du crédit. Enfin, l’objet réel du crédit peut présenter certains niveaux de risque. Pris dans la spirale infernale du prêt à la consommation, certains clients peuvent être tentés de souscrire un prêt non affecté pour rembourser un prêt précédent.


Qu’arrive-t-il en cas d’impayés?
Généralement, les banques qui constatent une impossibilité de régler une échéance de la part d’un client s’efforcent, dans un premier temps, de négocier à l’amiable. Dans ce cas, les échéances peuvent être rééchelonnées, la durée du prêt rallongée, etc. Les banques gèrent la situation en contrôlant les transactions et en discutant avec le client.
Toutefois, en cas de trois impayés consécutifs, le dossier est transféré au département contentieux. Une lettre de sommation est d’abord envoyée au client, l’enjoignant de rembourser le montant dû, assortie d’un suivi plus accru de ses transactions. Parfois, une enquête peut être menée par le service de recouvrement attaché à la banque.
Si le mauvais payeur ne fait pas montre d’une bonne volonté et de coopération, une procédure juridique, dont les frais sont imputés au client, peut être ouverte.
En cas de possession d’actifs mobiliers ou immobiliers, la justice peut donner à la banque le droit de saisir ces biens, jusqu’à remboursement de l’intégralité de la dette.
Par ailleurs, après de tels extrêmes, le nom du mauvais payeur apparaît souvent blacklisté, l’empêchant ainsi de souscrire des prêts dans d’autres banques.

La Centrale des risques
Dépendante de la Banque du Liban, la Centrale des risques est une entité qui archive tous les crédits excédant la somme de 4 000 $ octroyés par les institutions financières. Avant d’autoriser un prêt, les banques commerciales consultent donc les fichiers de la centrale afin de connaître le niveau d’endettement des clients. Mais là où le bât blesse, c’est que les sommes inférieures à 4 000 dollars ne sont référencées nulle part, ajoutant donc une prise de risques supplémentaires pour l’organisme financier qui alloue le prêt. Si un même client a déjà multiplié les «petits» prêts d’un montant de 1 000 ou 2 000 dollars, qui peuvent représenter déjà plus du tiers de son salaire, les banques n’en auront pas forcément connaissance. Avec, à la clé, un risque de surendettement pour le client et de non-paiement des échéances pour les banques.

Jenny Saleh

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