Magazine Le Mensuel

Nº 2978 du vendredi 5 décembre 2014

Livre

Avez-vous fait vos devoirs? Les fantastiques excuses des enfants

L’une des catégories de livres qui marchent très bien en France est l’ouvrage consacré à la jeunesse. Benjamin Chaud nous le montre bien avec le dernier livre qu’il a illustré Je n’ai pas fait mes devoirs parce que… Drôles et sérieuses dans un monde enfantin, les excuses pour justifier qu’on n’a pas fait ses devoirs sont toutes plus fantastiques les unes que les autres!
 

Parlez-nous de votre métier?
Je suis auteur et illustrateur Jeunesse. Mais je fais des livres que les enfants peuvent lire aussi! Je fais des histoires qui plairaient à l’enfant que j’étais, car c’est ma seule référence. Ce qui m’intéresse, c’est de faire des choses qui me touchent, et en tant qu’adulte de 40 ans, je fais aussi des livres qui m’amusent! J’espère que d’autres adultes peuvent s’amuser aussi, car il faut savoir garder une âme d’enfant. On peut la cacher, mais on ne la perd jamais. J’espère pouvoir toucher différentes tranches d’âge avec mon travail. Des gens me demandent comment garder son âme d’enfant, je dirais que quand on est égoïste, en colère, énervé, tout comme heureux et émerveillé, c’est l’enfant, en nous, qui parle! Il y a toutes ces pulsions dans l’âme d’enfant. C’est ce que les adultes doivent garder! Alors j’essaie de parler à l’enfant qui est en moi et, ensuite, je tente de faire des livres à double tranchant!

Votre dernier ouvrage s’intitule Je n’ai pas fait mes devoirs parce que…, alors pourquoi ne les avez-vous pas faits?!
Il faut expliquer aux adultes que les enfants n’ont pas toujours envie de faire leurs devoirs et ce n’est pas de leur faute! Parfois, l’extraterrestre peut leur voler le cahier! Tout peut arriver et les enfants n’en sont pas forcément responsables. Cela part d’une bonne volonté! Je suis l’illustrateur de ce livre. Les textes m’ont fait beaucoup rire et je me suis énormément amusé en dessinant. C’était très cinématographique. Je connais l’auteur, David Atali, et cela fait longtemps que nous devions travailler ensemble. C’est quelqu’un de très drôle et exubérant. Quand j’ai lu l’histoire, j’ai tout de suite vu les dessins. Chaque phrase est une catastrophe à elle toute seule, les extraterrestres, les loups-garous, etc… c’était vraiment fantastique de travailler sur ce livre! L’enfant est de bonne foi, il ne veut pas mentir quand il trouve les excuses les plus dramatiques pour justifier le fait qu’il n’a pas fait ses devoirs. Je voulais retranscrire cette sincérité enfantine dans mes dessins. J’avais envie d’avoir un côté sérieux dans ce livre digne d’un scénario hollywoodien!

Refusez-vous d’illustrer des livres que vous n’aimez pas?
Si je ne m’amuse pas en faisant un dessin, je ne comprendrai pas comment un lecteur peut s’amuser en lisant le livre. Ce n’est pas facile de s’amuser tout le temps, mais j’essaie. Quand je n’y arrive pas, c’est très dur. J’ai la chance d’être un illustrateur assez sollicité et cela me permet, parfois, de m’offrir le luxe de refuser d’illustrer un texte qui ne me fait pas rire, car je n’ai pas le temps! C’est un vrai soulagement de ne pas avoir à mentir parce que je n’ai vraiment pas le temps! Je devrais m’inspirer du livre de David pour trouver des excuses! Malgré tout, je pense que le travail de l’illustrateur est de toujours découvrir un moyen de se reconnaître et de trouver sa place dans n’importe quelle histoire. Il y a un côté devoir dans l’exercice d’illustrer le texte d’un autre. Même pour ce livre, je me suis vraiment cassé la tête bien que le texte m’inspirait beaucoup. Cela prend du temps.

Pouvez-vous vivre de votre métier en France?
J’ai beaucoup d’amis qui sont illustrateurs dans d’autres pays, comme l’Angleterre ou l’Espagne, et ils n’arrivent pas à boucler leur fin de mois, alors que moi, en France, je peux vivre de mon métier. Je pense que dans notre pays, il y a une catégorie de livres Jeunesse qui est plus ouverte et de meilleure qualité et cela marche très bien. Il y a ce côté qui tend à montrer qu’il y a une réelle création artistique dans le livre jeunesse, et que ce n’est pas une sous-catégorie. La lecture, chez nous, est très importante. On y accorde un budget et les enfants sont importants. Oui, je vis de mon métier sans avoir à faire autre chose. Je suis heureux de voir que le seul moyen de faire asseoir mes enfants, petits, c’est avec un livre! Tant que cela continuera, je pense que je pourrais vivre de ce métier!
 

Propos recueillis par Anne Lobjoie Kanaan

Related

Mémoires d’écureuil de Lamia Charlebois. «Mon ouvrage ne relancera pas l’économie, mais adoucira le quotidien»

Vie de Net… Pas si bête D’image en image

Nadine Bergot Debbas. Une battante à 100%

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.