La rencontre qui devait regrouper le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, et le syndicat des propriétaires des hôpitaux privés a été reportée sine die. Pourtant, le ministre avait déclaré qu’il était ouvert au dialogue avec les différents acteurs du secteur de la santé et que la classification des hôpitaux, selon les nouveaux critères, serait révisée chaque six mois. Une démarche juste et équitable dans la mesure où les hôpitaux, dont la notation a été dégradée, auraient le temps de remettre à niveau leurs prestations qui ne sont pas conformes à certaines normes internationales de soins médicaux. Le premier rapport du ministère de la Santé a revu à la baisse la classification de six hôpitaux privés, qui sont passés de la première à la deuxième catégorie, alors que trois autres de la première catégorie ont régressé passant à la troisième. Parallèlement, quatre hôpitaux de la troisième catégorie ont vu leur notation progresser, passant à la première. Dans le même temps, la classification de vingt-trois établissements a chuté de la deuxième à la troisième catégorie.
Le bilan est surprenant au regard des tarifs hospitaliers relativement élevés appliqués par toutes les catégories des hôpitaux privés. Dans le même temps, il est à rappeler que le ministre de la Santé a informatisé le département d’audit des comptes des hôpitaux, de sorte que depuis près de quatre mois, toutes les factures hospitalières sont auditées, alors qu’auparavant seules 10% des factures de chaque hôpital (choisies au hasard) étaient soumises au contrôle du ministère. De toute façon, les hôpitaux ne peuvent plus se plaindre du retard des paiements par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) des montants qui leur sont dus pour justifier la régression du niveau de leur service de soins de santé. En fait, le total des avances accordées par la CNSS aux hôpitaux au cours de 2014 s’est élevé à ce jour à près de 484 milliards de livres (dont 405 milliards aux hôpitaux et 79 milliards aux médecins). Le directeur de la CNSS avait, par ailleurs, promulgué la décision numéro 874 afin que la caisse verse aux hôpitaux avec lesquels elle est liée par des contrats une avance de 49 milliards de livres couvrant les factures hospitalières d’octobre (dont 41 milliards de livres aux hôpitaux et 8 milliards aux médecins).
Le point de vue des hôpitaux
Dans un entretien accordé à Magazine, le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun, a minimisé le report de la rencontre avec le ministre Waël Abou Faour, tout en apportant un soutien assorti de réserves concernant les indicateurs de performance des hôpitaux. Leur classification se base sur la conformité des soins médicaux fournis à la catégorie de patients traités au compte du ministère de la Santé. Ce qui est de nature à biaiser le résultat final, a-t-il dit. Selon lui, ce sujet fera l’objet de discussions fermes avec le ministre Abou Faour. En réponse à une question, il a souligné que c’était à sa propre demande que les noms des hôpitaux n’ont pas été divulgués au public. Si Haroun a reconnu que la CNSS est en train de verser des avances, il a affirmé que ces sommes étaient bien inférieures aux arriérés dus aux hôpitaux et qu’il ignorait totalement le calendrier-programme sur la base duquel sont versés
ces montants.
Liliane Mokbel