Magazine Le Mensuel

Nº 2981 du vendredi 26 décembre 2014

  • Accueil
  • general
  • La Russie et l’Occident en confrontation. De la guerre froide à la guerre tout court?
general

La Russie et l’Occident en confrontation. De la guerre froide à la guerre tout court?

Ukraine, Syrie, Iran… Les points de crispation continuent de s’accumuler entre la Russie, menée tambour battant par Vladimir Poutine, et l’Occident, avec l’Union européenne et les Etats-Unis qui font front commun. Avec un relent de plus en plus prononcé de guerre froide.
 

Tous les observateurs de la géopolitique internationale ne sont pas d’accord. Assiste-t-on ou pas à un retour de la Guerre froide entre l’Ouest et l’Est? Depuis plusieurs années, les crispations s’accumulent. Point d’orgue cette année, la crise en Ukraine, révélatrice des tensions qui agitent les deux grandes puissances de la planète, les Etats-Unis et la Russie. Certes, pas de mur ni de black-out complet entre ces deux parties, mais une guerre froide qui transpire de plus en plus, sans vouloir dire son nom…
 

Guerre nucléaire?
Vladimir Poutine lui-même le martèle, l’Occident provoque la Russie pour l’entraîner dans une nouvelle guerre froide. Interrogé en novembre par la chaîne allemande ARD, le président russe déclarait que l’expansion de l’Otan en Europe centrale et orientale avait été un des «facteurs importants du changement du jeu géopolitique», qui ont forcé la Russie à répondre. «L’Otan et les Etats-Unis ont des bases militaires disséminées dans le monde entier, y compris dans les zones à proximité de nos frontières, et leur nombre est en croissance», a-t-il ajouté. Isolée sur le plan international, tant par les Etats-Unis que par l’Union européenne, qui lui reproche son attitude en Ukraine, la Russie ne se laisse pas abattre pour autant. Les tensions actuelles s’apparentent à une guerre froide feutrée. Pour certains analystes, ce nouvel épisode de la confrontation Est-Ouest pourra s’avérer bien plus grave que le précédent. Dans le Monde diplomatique, Serge Halimi estime que «la guerre civile en Ukraine (…) pourrait en effet conduire à une bataille frontale opposant l’Otan et la Russie», arguant qu’un «tel scénario, longtemps impensable, devient concevable». Halimi évoque «certains stratèges militaires moscovites qui annoncent que si les troupes conventionnelles occidentales, bien supérieures en nombre, menacent directement la Russie, celle-ci recourra à des armes nucléaires tactiques».
«L’encerclement du pays auquel procède actuellement l’Otan, avec des bases militaires et des systèmes antimissiles, rend d’autant plus plausible une telle réplique», ajoute le journaliste.
Faut-il pour autant en conclure que 2015 sera l’année d’une guerre froide déclarée entre une Russie isolée et un Occident qui se sent puissant? Pas forcément. D’autant que Moscou, avec un Poutine plus que jamais intraitable, n’a pas dit son dernier mot. Dans The Spectator, une revue britannique, le journaliste Liam Halligan avance qu’«après des mois de tension croissante à propos de l’Ukraine et d’évocations de l’arrivée d’une nouvelle guerre froide, la Russie et l’Occident pourraient, d’une manière surprenante, bientôt parvenir à un rapprochement». Parmi les facteurs dans ce sens, selon lui, le fait que «l’économie de la zone euro souffre beaucoup, partiellement à cause des sanctions contre la Russie», ou encore que «l’Ukraine s’achemine vers la déliquescence financière», ce qui devrait envoyer des ondes de choc dans l’économie globale. Un risque que personne ne souhaite prendre, surtout pas Washington, Londres ou Berlin. En Allemagne, comme en France d’ailleurs, la grogne se fait entendre quant aux conséquences des sanctions contre la Russie sur le commerce. Ajoutée à cela, selon Liam Halligan, une économie ukrainienne «au bord de l’implosion», qui ferait courir de trop gros risques de contagion financière, à des économies européennes et américaines déjà pas très en forme, voire au bord de la récession. Dans ce cadre, Poutine pourrait bel et bien avoir le dernier mot, contre toute attente.

Jenny Saleh

Janvier
1er La Grèce présidente de l’UE.
13 Goodluck Jonathan, président du Nigeria, promulgue une loi condamnant l’homosexualité.
16 Ukraine: loi restreignant le droit de manifester.
20 République centrafricaine: Catherine Samba-Panza présidente de transition.
28 Démission du Premier ministre ukrainien Mykola Azarov.

 

Février
11 Accord douanier entre les pays de l’Alliance du Pacifique.
11-14 Début d’un dialogue historique entre la Chine et Taïwan.
12 Relèvement du plafond de la dette fédérale par le Congrès US.
18 Affrontements entre la police et les manifestants à Kiev: 26 morts.
20 Journée sanglante en Ukraine: une centaine de morts.
22 Libération de Timochenko. Départ d’Ianoukovitch.

 

Mars
6 Rome: conférence internationale sur la stabilisation de la Libye.
13 Sommet à Addis-Abeba sur la crise au Sud-Soudan.
16 Référendum en Crimée pour le rattachement à la Russie.
22-30 Première visite du président chinois Xi Jinping en Europe.
24 Accord Japon-EU sur le renvoi des matériaux nucléaires nippons aux Etats-Unis.
24-31 Tournée de Barack Obama en Europe, puis en Arabie saoudite.
27 Résolution de l’Onu contre le rattachement de la Crimée à la Russie.

 

Avril
1er Suspension de la coopération de l’Otan avec la Russie.
7 La crise en Ukraine s’étend aux régions russophones de l’Est.
10 Création d’une mission de maintien de la paix en République centrafricaine, la Minusca.

 

Mai
9-13 Sanctions de l’Onu et des Etats-Unis contre des responsables de la République centrafricaine.
20 Chine: attentat à Urumqi, capitale de la région ouïgoure du Xinjiang.
24 Bruxelles: fusillade au Musée juif de Belgique fait plusieurs morts.
29 Création de l’Union économique eurasiatique entre la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie.

 

Juin
2 Espagne: abdication de Juan Carlos Ier au profit du prince Felipe.
8 Attentat des Talibans contre l’aéroport de Karachi au Pakistan.
27 Accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine.
29 Chine: référendum officieux à Hong Kong sur l’instauration du suffrage universel direct.

 

Juillet
5 L’armée ukrainienne reprend Sloviansk1, jusqu’alors assiégée.
21 L’offensive de Donetsk est lancée en Ukraine, au cours de la guerre du Donbass.
23 Le vol 5017 d’Air Algérie s’écrase au Mali.

 

Août
1er Début de l’opération Barkhane au Sahel, par l’armée française.
8 L’OMS: l’Ebola une urgence de santé publique mondiale.

 

Septembre
5 Cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, signé à Minsk.
18 Référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, le non l’emporte.
24 Décapitation d’Herbé Gourdel, guide français enlevé par l’EI.
28 France: le Sénat bascule à droite.
29 Afghanistan: Ashraf Ghani président et Abdullah Abdullah Premier ministre.

 

Octobre
5 Synode des évêques sur la famille, à Rome.
22 Canada: fusillade au Parlement.
26 Brésil: Dilma Rousseff réélue.

 

Novembre
4 Le parti républicain obtient la majorité au Sénat US, en plus
du Congrès.
12 Contact entre Philae de la sonde Rosetta et la comète Tchourioumov-Guérassimenko.
30 Michaëlle Jean secrétaire générale de l’OIF à Dakar.

 

Décembre
1er Le Polonais Donald Tusk devient président du Conseil européen.
6 Deux otages américain et sud-africain tués au Yémen lors d’une opération visant à les libérer.
15 Prise d’otages à Sydney par un forcené se revendiquant de l’Etat islamique.
21 Un «déséquilibré» vêtu d’une djellaba fonce en voiture sur la foule à Dijon, en France, en criant «Allah Akbar». Bilan: 11 blessés.

Petro Porochenko
Seul oligarque à avoir soutenu la révolution ukrainienne du Maïdan, il est devenu président du pays avec 55,9% des voix dès le 1er tour. Ce milliardaire a fait fortune dans le cacao dans les années 90 avec le groupe Ukrprominvest, qui compte aussi une chaîne TV d’opposition, Channel 5, des usines de confection et une division auto. Pro-européen, c’est un homme de compromis qui a déjà fait ses preuves en politique, en occupant plusieurs ministères, dont celui des Affaires étrangères.

Malala Yousafzai
Cette jeune adolescente pakistanaise est connue dans le monde entier pour avoir survécu à une balle dans la tête tirée par les Talibans, alors qu’elle n’avait que 15 ans. Militante de la première heure en faveur des droits des filles à l’éducation, aux côtés de son père, elle réside depuis en Grande-Bretagne.
Saluée en 2014 par le prix Nobel de la paix, elle ambitionne désormais à poursuivre une carrière politique pour changer l’avenir de son pays, le Pakistan, et rendre l’éducation obligatoire contre l’obscurantisme.

Ellen Johnson Sirleaf
Présidente du Liberia depuis 2005, elle est la première femme chef d’Etat en Afrique. Cette «Dame de fer« appartient au Parti de l’unité, qui devra tout mettre en œuvre pour reconstruire le pays. Soutenue par les Etats-Unis et la communauté internationale, elle s’est distinguée dans la lutte contre l’Ebola qui a touché le Liberia, en prônant des mesures drastiques, comme la mise en quarantaine de régions entières ou la fermeture des frontières.

Narendra Modi
Devenu Premier ministre de l’Inde après la victoire écrasante de son parti nationaliste hindou, le BJP, Narendra Modi a promis d’incarner un pouvoir fort, à même de relancer l’économie. A 63 ans, il se pose en rassembleur, alors que sa personnalité reste très controversée. Beaucoup lui reprochent notamment sa passivité lors d’émeutes intercommunautaires qui ont ensanglanté l’Etat du Gujarat, en 2002. Qualifié de «marchand de morts» par Sonia Gandhi, il réussit à faire oublier ses déboires en affichant une bonne santé économique. Toutefois, son accession au pouvoir inquiète les minorités religieuses.

Related

Helen Zughaib. L’artiste chérie des institutions américaines

Passeports. Retard dans les ambassades du Liban

Pour l’abolition de la peine de mort au Liban

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.