Les fêtes de Noël auront été l’occasion pour les leaders du Courant patriotique libre et des Forces libanaises de briser la glace, sous le parapluie de Bkerké, avant la rencontre au sommet qui devrait avoir lieu dans le courant du mois.
A l’occasion des fêtes, le leader des Forces libanaises (FL) est entré en contact avec le leader du Courant patriotique libre (CPL) par téléphone pour lui souhaiter un joyeux Noël. Un coup de téléphone aussi symbolique que le début du dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur. «Nous espérons parvenir à un partenariat dans un proche avenir avec l’avènement d’un nouveau président qui l’incarnerait avec tout ce que cela suppose en termes de représentation, de droits constitutionnels et de droits relatifs au Pacte national», a commenté hier le député du Courant patriotique libre, Ibrahim Kanaan, à l’occasion d’un dîner de Noël. Le processus de rapprochement entre le CPL et les Forces libanaises, explique-t-il «doit aboutir à l’édification d’une vision commune sur les dossiers importants, principalement les échéances constitutionnelles et la situation générale au Liban. Aussi grandes que soient les divergences et la compétition entre les partis et les courants chrétiens, il est nécessaire de ne pas s’opposer sur la question des droits constitutionnels». Selon lui, la rencontre entre le chef des FL et celui du CPL aura lieu bientôt, «même si la date n’a pas encore été décidée pour des raisons sécuritaires».
«Une seule voie de communication entre le général Michel Aoun et le chef des FL, Samir Geagea, est établie. Elle travaillait d’une façon secrète», indique Kanaan. Le député des FL, Joseph Maalouf, a été un peu plus nuancé au sujet de cette rencontre, affirmant que Geagea «n’a aucun problème à se rendre à Rabié, à condition qu’il obtienne des réponses claires» sur certaines interrogations. Rien de précis n’a encore été fixé, juste une volonté commune d’organiser la rencontre, à entendre les représentants des deux camps. Le député Walid Khoury explique que «les préparatifs vont bon train pour la rencontre» entre les deux pôles chrétiens, en 2015. Le député Farid el-Khazen assure à son tour que la volonté de tenir cette réunion existe chez les deux hommes et que les contacts se poursuivent pour déterminer la date. «La peur a fini par unifier les Libanais», note la représentante des Marada, Véra Yammine, estimant par ailleurs que les quatre pôles chrétiens ont finalement convenu de la nécessité d’élire un président fort.
Un optimisme que pourraient bien doucher les déclarations de Nouhad Machnouk. «Samir Geagea et Michel Aoun doivent abandonner leurs aspirations présidentielles et s’entendre sur un candidat de consensus», a proposé le ministre de l’Intérieur au cours d’une interview télévisée. «Il est temps pour le 8 et le 14 mars de renoncer à leurs candidats et d’adopter une approche qui pourrait aboutir à l’élection d’un président consensuel. Le leader des Forces libanaises est un adversaire pour l’autre camp et le député Michel Aoun est un rival pour nous», a-t-il ajouté. «De ce fait, aucun d’eux ne peut briguer la présidence».
Le dossier présidentiel peut-il être l’apanage des seuls chrétiens? La teneur de la rencontre entre les deux hommes le déterminera certainement. En clair, un échec remettra le Hezbollah et le Courant du futur au centre du jeu. Toutes les raisons sont décidément bonnes pour que le dialogue entre Aoun et Geagea se déroule de la meilleure des manières.
Julien Abi Ramia
Tous les chemins mènent à Bkerké
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Boutros Raï, a reçu le 26 décembre, à Bkerké, une délégation du Hezbollah formée du président du conseil politique au sein du parti, Ibrahim Amine Sayyed, et des membres dudit conseil, Ghaleb Abou Zeinab et Moustafa Hage. Après avoir transmis les salutations de Hassan Nasrallah, Sayyed a expliqué que son parti soutient la candidature du député Michel Aoun à la présidentielle. «Nous sommes convaincus que c’est la personnalité capable d’assumer cette responsabilité à cette étape», a-t-il indiqué. La veille, Michel Aoun s’était rendu à Bkerké, où il s’est entretenu avec le chef de l’Eglise, avant d’assister à la messe de Noël célébrée par le prélat maronite, en présence notamment des députés et ministres du CPL, du leader des Kataëb Amine Gemayel, des ministres du parti et de l’ambassadeur des Etats-Unis, David Hale. Une messe autour de laquelle le patriarche a prié pour que soit mis fin à la crise présidentielle.