TSL: surprises en perspective
«Après le témoignage politique du député Marwan Hamadé devant le tribunal international, celui-ci va devoir faire appel à un large éventail de personnalités du 8 et du 14 mars citées par Hamadé, afin de pouvoir évaluer les liens entre les événements politiques et le crime, comme l’estime un expert en droit international. Cette démarche risque de prolonger les travaux du tribunal et même de les rendre plus complexes, au vu de la multiplication des parties citées dans cette affaire».
Il faut s’attendre à plusieurs surprises au cours des prochaines séances, puisque 14 personnalités politiques et médiatiques seront appelées à la barre dont des proches du président Rafic Hariri, notamment le président Fouad Siniora et le député Walid Joumblatt.
La présidentielle vue par l’Iran
En visite à Beyrouth, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a évoqué l’échéance présidentielle en insistant sur «l’urgence de mettre fin au vide institutionnel. La République islamique d’Iran, a-t-il dit, soutient tout règlement à cet égard, mais ce sont les Libanais chrétiens qui sont les principaux concernés par cette question». Des sources du 8 mars estiment que la position iranienne n’a pas changé, Téhéran ne veut pas exercer de pression sur le Hezbollah et dit appuyer la volonté des parties chrétiennes, notamment celle du général Michel Aoun. C’est d’ailleurs ce que le responsable français Jean-François Girault a compris des Iraniens et transmis aux autorités libanaises. En fait, et selon ces sources, l’Iran a confié le dossier présidentiel au secrétaire général du Hezbollah qui pratique une approche stratégique de cette échéance, en restant attaché à l’allié chrétien, le général Aoun, qui en est un acteur fondamental. Donc, pas d’arrangement gratuit ou de règlement en dehors des composantes capables de respecter leur engagement au double plan interne et régional. La question de l’élection d’un président étant un enjeu qui s’inscrit dans la grande équation régionale.
Dialogue bipartite ou plus?
Le général Michel Aoun, comme le rapportent ses visiteurs, pense que tout dialogue sur la présidentielle entre le Moustaqbal et le Hezbollah devra prendre en considération l’équation Aoun-Berry-Hariri, d’autant plus que ce triangle d’or était au menu des pourparlers Aoun-Hassan Nasrallah lors de leur dernière rencontre restée secrète. Confiant que le Hezbollah respectera les principes défendus par le Courant patriotique libre (CPL) et partagera avec lui les résultats de ce dialogue, Rabié ne craint pas un dérapage surtout que l’échange Aoun-Hariri, qui n’a certes pas abouti, ne s’est pas fait au détriment du parti de Dieu.
L’évocation de la présidence, entre les deux partis chiite et sunnite, relancera forcément le dialogue Aoun-Moustaqbal, selon les convictions du général, parce que le Hezbollah, s’étant engagé à adopter le slogan: la route de Baabda passe par Rabié, n’acceptera pas de se substituer à la fraction chrétienne, principale concernée par la première magistrature.
Les dialogues inquiètent Joumblatt
Le Parti socialiste progressiste ne sera pas présent aux séances du dialogue bien qu’il ait été l’un des initiateurs du rapprochement entre les deux partis sunnite et chiite.
Pour expliquer cela, il existe deux versions. La première indique que cette éviction ne dérange pas Walid bey, surtout intéressé par le déclenchement de ce dialogue, comme il l’a dit. La deuxième version précise que Joumblatt lui-même ignore les raisons de sa mise à l’écart quant aux préparatifs du dialogue Hezbollah-Moustaqbal, sachant qu’il en a été le principal artisan. Il cherche donc à savoir qui a pris la décision de l’éloigner du processus et, à son avis, ce n’est certainement pas le président Nabih Berry. Ce qui inquiète encore plus le député du Chouf c’est que parallèlement au dialogue sunnite-chiite, on parle d’une rencontre Geagea-Aoun… Il redoute que tous ces développements n’aboutissent à un pacte sunnite-chiite béni par les chrétiens, et excluant les druzes.
Daech vs al-Nosra au Qalamoun
Développements sur le terrain dans la région du Qalamoun où Daech a étendu son emprise sur de nouvelles zones. La débandade de l’Armée syrienne libre semble désormais imminente et le Front al-Nosra est complètement encerclé… Toutes ces péripéties sont une extension des événements qui ont lieu sur le front du Sud (Deraa, Soueida) où se déroulent des batailles entre al-Nosra et la Brigade des martyrs du Yarmouk qui a prêté allégeance à Daech. Ce front, considéré le fief d’al-Nosra, est sujet à des infiltrations répétées de Daech qui se déploie en direction du Qalamoun cherchant à prendre le contrôle de tous les passages frontaliers avec le Liban et la Jordanie…
Daech se battait dans le Qalamoun aux côtés d’al-Nosra, mais il s’est retourné contre lui avec l’arrivée d’un nouveau responsable dans la zone: Abou Walid Makdessi. Cette nouvelle donne au Qalamoun peut avoir de graves conséquences sur les régions libanaises avoisinantes si jamais une bataille décisive entre les deux organisations est déclenchée et si l’une des deux, sous pression, décide de traverser la frontière libanaise, surtout à Ersal. Cela signifie aussi que le dossier des militaires kidnappés devra être abordé d’une autre manière.
Geagea: «Le Liban est protégé»
La conjoncture sécuritaire n’inspire aucune inquiétude au Dr Samir Geagea. Il estime que «la bienveillance internationale protège le Liban. Les grandes composantes du pays veulent, elles aussi, sauvegarder la stabilité et la lutte contre les groupes radicaux fait l’unanimité. Cela n’empêche pas des actions de déstabilisation et la présence de cellules subversives, mais de tels actes restent limités. Sans oublier que le déploiement en force de l’armée à la frontière est rassurant».
Restrictions pour les réfugiés
En plus des décisions adoptées prises, relatives à la sécurité dans les régions et l’aéroport international Rafic Hariri, lors de la réunion sécuritaire élargie au ministère de l’Intérieur, le ministre Nouhad Machnouk a demandé aux responsables concernés de s’apprêter à exécuter les résolutions prises par la commission ministérielle chargée du dossier des réfugiés syriens à partir du 5 janvier prochain. Parmi les mesures à appliquer pour mettre un terme au flux de réfugiés, contraindre chaque individu désireux de rentrer au Liban de remplir un formulaire précisant les raisons de sa venue, et d’exhiber les documents prouvant sa destination.
Cellule baassiste sous les verrous
Le département des Renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) a mis la main sur une cellule du Baas syrien dans le village de Gaza dans la Békaa. La cellule était chargée par les Renseignements syriens d’enlever des opposants pour les remettre aux organes du régime à Damas. La perquisition a abouti à l’arrestation de sept individus et à la fuite du responsable du groupe, Majed Mansour. Les milieux médiatiques du Moustaqbal indiquent que les Renseignements des FSI avaient tenté, deux jours auparavant, de pénétrer chez Haytham Hamad à Kafarkouk à Rachaya le soupçonnant d’avoir enlevé le Syrien Mohammad Ahmad Naamani. Un échange de tirs entre Hamad et les éléments des FSI s’est soldé par une blessure au pied de celui-ci qui, après avoir refusé de se rendre au département des Renseignements, a été arrêté par ceux de l’armée qui l’ont remis aux FSI. A la suite de cet incident, les trois frères de Majed Mansour ont été arrêtés lors de la perquisition de leur domicile dans le village de Gaza. Les partis et forces nationaux se sont alors réunis pour publier un communiqué dénonçant «les exactions du département des Renseignements qui agit comme une milice armée».
Tensions inter-municipales
La tension interne continue à régner sur l’Union des municipalités de Saïda-Zahrani. Les habitants espèrent que le dialogue sunnite-chiite déclenché à Aïn el-Tiné sera clôturé par une entente, mettant fin à la paralysie prolongée de cette union, paralysie qui a débuté en mai 2010. Il est regrettable, avancent des sources de la région, que quatre années soient passées sans que l’on puisse élire un président et un vice-président à l’union. Selon la coutume, c’est le chef de la municipalité de Saïda qui est désigné président, avec un vice-président issu de la communauté chrétienne, cela pour exprimer l’attachement des sudistes aux traditions nationales. On s’attend à présent à ce que le chef de l’Assemblée, Nabih Berry, donne enfin ses consignes pour mettre un terme à ce blocage pour que les élections puissent avoir lieu, sachant que l’union rassemble 16 municipalités. C’est le mohafez du Liban-Sud, Mansour Adib, qui s’occupe de l’expédition de ses affaires courantes, épaulé par la directrice du département des municipalités de la mohafaza, Houayda Moustafa Turk.
Les ulémas mécontents
Le dialogue Moustaqbal-Hezbollah est loin de plaire au Conseil des ulémas musulmans qui œuvre sans relâche à le saboter. Les milieux proches du conseil propagent des «prévisions» négatives à ce sujet, assurant qu’une entente entre les deux partis est impossible. Ces mêmes milieux ont même prétendu que le cheikh wahhabite en fuite, Daï el-Islam el-Chahhal, n’appuie pas ce dialogue, contrairement aux propos que les médias lui ont prêtés, et continue à parler de l’oppression exercée par le Hezbollah sur les «sunna». Par ailleurs, les observateurs estiment que l’aboutissement du dialogue entre les représentants du Moustaqbal et de la Résistance mènera au bâillonnement du rôle du Conseil des ulémas sur la scène sunnite en mettant fin à ses ambitions, à savoir le renversement du sunnisme traditionnel. En tout cas, ajoutent-ils, le climat d’incitation contre le dialogue orchestré par le conseil en question n’est pas porteur, parce que la scène sunnite, surtout à Tripoli, semble plutôt satisfaite de la démarche initiée par Saad Hariri.
L’antimissile israélien n’a pas fonctionné
Le Liban est sous influence des résultats des essais expérimentaux des missiles menés par le Conseil de la recherche et du développement de l’armée israélienne, selon un expert militaire qui révèle que ces expériences sont placées sous haute surveillance localement, et par des parties internationales et régionales comme la Russie et l’Iran. Tel-Aviv a tenté de dissimuler l’échec de l’essai de l’antimissile d’interception Hetz 3, mais les radars russes ont découvert le fiasco. D’après l’expert, «l’armée israélienne va sans doute détecter et dépasser les défauts techniques qui ont mené au blocage de l’antimissile, mais il faut savoir que, depuis la guerre de 2006, les autorités israéliennes reconnaissent que le front interne est devenu le théâtre de la bataille et que leurs capacités militaires, ainsi que la supériorité de leur aviation ne sont plus suffisantes face à la menace que représentent les missiles de la Résistance sur la scène interne israélienne». L’armée israélienne avait initié un premier essai en lançant un missile Angkor Kassouf à partir de la mer, simulant le missile iranien de type Chehab, qui devait être intercepté par l’antimissile Hetz 3, mais le tir d’interception n’est pas parti à la grande déception des responsables israéliens et américains.
Déstabilisation en vue
Un retour à la vague des explosions et des assassinats au Liban n’est pas exclu des récents rapports diplomatiques et sécuritaires, mais une instance politique supérieure continue à assurer que la stabilité dans le pays demeure placée sous l’ombrelle internationale, à l’abri des incendies qui font rage dans le voisinage. «La sauvegarde de la sécurité d’Israël étant le principal motif de cette décision». Mais des sources précisent que «cela n’empêche pas les tentatives de déstabilisation ponctuelles, parce que la multiplication des cellules dormantes armées rattachées au terrorisme takfiriste se poursuit avec la prolongation de la présence des réfugiés syriens au Liban. La récente arrestation de nombreux cadres takfiristes actifs, dans plus d’une région, est un indice de l’acuité de la confrontation militaro-sécuritaire que mènent l’armée et les forces de l’ordre pour maintenir la stabilité et empêcher toute escalade en provenance des rassemblements de déplacés syriens ou des camps palestiniens où sévissent les îlots takfiristes.