Magazine Le Mensuel

Nº 2901 du vendredi 14 juin 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

La 1701 aux frontières nord et est?
L’élargissement de la mission de la Finul, actuellement concentrée au Sud, vers l’est, nécessite une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, bien que la 1701 interdise l’afflux des armes au Liban par voie de terre ou de mer. Une mission qui avait été confiée à l’unité allemande au moment de l’adoption de cette résolution. C’est ce qu’a expliqué le coordinateur onusien spécial pour le Liban, Derek Plumbly, à un ministre. La question a été soulevée à plusieurs reprises en Conseil des ministres, mais elle a toujours été vigoureusement rejetée par le 8 mars et par le Hezbollah, en particulier, qui s’est opposé au déploiement de la Finul à la frontière avec la Syrie, «pays ami avec lequel le Liban a signé des accords de coopération». L’Armée syrienne libre (ASL) a adressé un message au secrétaire général de l’Onu pour protester contre la débandade qui règne le long de l’axe frontalier et solliciter l’aide du Conseil de sécurité afin de défendre la souveraineté syrienne.

 

Légitimité en question
Le général Michel Aoun n’a pas fini de surprendre le mouvement du 14 mars. Un député du Moustaqbal ne cache pas son étonnement de voir le Courant patriotique libre présenter une demande d’invalidation de la décision relative à la prorogation de la législature pour 17 mois devant le Conseil constitutionnel. C’est que le général avait mené, il y a quelque temps, une campagne farouche contre ce Conseil, mettant en doute sa légitimité et l’accusant d’être illégal. Or, le voilà, aujourd’hui, qui fait appel aux membres du même Conseil qu’il avait dénigré avec virulence. Un ex-ministre de la Justice estime qu’en effet ce Conseil ne jouit plus d’une légalité depuis qu’il a prorogé le mandat de certains de ses membres qui devaient tirer leur révérence et être remplacés au tirage au sort. La réponse du Conseil constitutionnel à ces allégations est la suivante: il existe un texte clair qui stipule que le mandat d’un membre du Conseil reste valide jusqu’à la désignation d’un remplaçant par tirage au sort ou par élection.

Qui a tiré sur Dahié?
L’identité des obus tirés sur les alentours de l’église Mar Mikhaël à Chiyah n’a pas encore été révélée bien que, selon des sources proches du 8 mars, le Hezbollah aurait remis au commandement de l’armée deux suspects de la Montagne et le nom d’un troisième, un Palestinien qui s’est réfugié à Aïn el-Heloué. Ces informations n’ont pas été confirmées officiellement et l’armée n’a publié aucun communiqué dans ce sens. A l’heure où certains milieux du 14 mars ont émis des doutes sur les auteurs de cet incident subodorant une manigance du Hezb, des sources du 8 mars ont essayé de propager des infos sur l’implication dans cette opération de responsables du Parti socialiste, en dépit de la condamnation de l’agression par Walid Joumblatt qui a nié toute responsabilité de la Montagne dans cette attaque.

Connelly chez Madi
A la veille de son prochain départ à la retraite, l’ambassadeur des Etats-Unis au Liban, Maura Connelly, a passé en revue une série de questions d’actualité avec le procureur général, Hatem Madi, dans le cadre d’une visite de 90 minutes. Cette rencontre est une première et le magistrat Madi est lui aussi proche du départ à la retraite. Connelly doit quitter son poste à la fin de l’été où elle sera détachée auprès de l’Administration américaine à Washington. L’ambassadeur David Hale a déjà été désigné pour lui succéder.

Congrès inter-islamique au point mort
Le congrès inter-islamique, promu par le président Nabih Berry, est au point mort. Les instances sunnites ont posé plusieurs conditions préalables à leur participation à un tel congrès dont surtout l’annonce du retrait définitif du Hezbollah de Syrie, son engagement à respecter la politique de distanciation et la déclaration de Baabda qui consiste à tenir le Liban à l’abri des conflits régionaux et internationaux. Après l’intensification des condamnations de l’implication des combattants du Hezbollah dans la guerre en Syrie par le 14 mars, et en particulier après les prises de position en flèche exprimées par le président Fouad Siniora, les milieux du Moustaqbal affirment qu’ils ne renonceront pas à ces exigences, étant donné qu’ils ne souhaitent pas jouer le rôle de faux témoins en prenant part au congrès.

Le Hezbollah veut le tiers de blocage
Après la «victoire» de Qoussair, les milieux du Hezbollah disent que le secrétaire général du parti, sayyed Hassan Nasrallah, est attaché plus que jamais à l’obtention du tiers de blocage au sein du nouveau gouvernement. Il tient, par ailleurs, à être représenté par des cadres et non par des amis ou des partisans du parti et réclame les portefeuilles des Affaires étrangères, de l’Energie, des Télécommunications et de la Justice pour les ministres du 8 mars, mettant en garde contre tout faux pas en la matière. Cette mise en garde a poussé le député Walid Joumblatt à mettre un bémol à son emballement pour la formation accélérée du nouveau cabinet. Walid Bey a donc conseillé au président désigné Tammam Salam de mener de plus amples consultations et d’inclure le duo chiite dans l’équipe en gestation. C’est cette position qui, d’après le 14 mars, a retardé la naissance du gouvernement.

Le dialogue suspendu
L’annonce de la réunion du Premier ministre démissionnaire en charge d’expédier des affaires courantes, Najib Mikati, et du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, deux jours après la démission du gouvernement, a interpellé les observateurs. Les milieux politiques se sont interrogés sur la portée de cette nouvelle publiée après l’invitation de Mikati à la reprise du dialogue sous l’égide du président de la République Michel Sleiman. Un comité, composé du ministre Nicolas Nahas, du conseiller du chef de l’Etat, l’ambassadeur Naji Abi Assi, de Moustafa Adib, conseiller du président Mikati, a entamé ses réunions en vue de promouvoir l’initiative − présentée dans le détail au président Sleiman − auprès des divers camps politiques. L’ex-ministre Khalil Hraoui pourrait également se joindre à ce comité en sa qualité de conseiller du président de la République.

Mansour se la joue perso
Les déclarations du ministre des A-E, Adnan Mansour, à l’issue de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au Caire, ont eu des répercussions sur la scène libanaise. Précisant qu’il tenait ces propos à titre personnel, le ministre a relaté les arguments avancés par sayyed Hassan Nasrallah pour justifier l’intervention du Hezbollah à Qoussair. Il venait de communiquer la position du Liban officiel aux participants à la réunion, à savoir la distanciation et la non-ingérence dans la crise syrienne. Michel Sleiman avait insisté, devant les ambassadeurs des pays du Conseil de sécurité qu’il recevait à Baabda, sur la politique de distanciation et le désaveu de toute intervention militaire étrangère et libanaise dans la crise syrienne. Le chef de l’Etat a pris la parole, en présence de Mansour, pour souligner son attachement à l’application de l’option du gouvernement libanais en la matière. Il a ajouté, faisant allusion aux propos de Mansour, que toutes les déclarations émanant d’une autre source ne reflètent pas la position officielle de Beyrouth.

 

Rupture Hamas-Hezbollah
Le Hezbollah n’a pas chassé le Hamas de la banlieue sud. C’est le Hamas qui a décidé de vider ses bureaux. Son commandement étant sous l’emprise d’éléments fidèles au chef de son bureau politique, Khaled Machaal, adepte du cheikh égyptien Youssef Kardaoui qui a lancé des fatwas contre le Hezb. Les responsables du Hamas au Liban, présents dans la banlieue sud où ils jouissaient de la protection du Hezb, n’ont pas dénoncé les fatwas émises par le cheikh qui a qualifié le parti chiite de «parti du démon». L’émission de cette fatwa à partir de Doha a eu lieu en présence de Machaal qui l’a écoutée religieusement. La sortie du Hamas de la Dahié s’inscrit dans le cadre de la dégradation de ses relations avec le Hezbollah et on apprend que c’est la Jamaa islamia qui est en charge du suivi des affaires logistiques du Hamas dans une tentative de rapprocher ce bloc palestinien du 14 mars. Le parti de sayyed Hassan Nasrallah veille au maintien des relations avec le mouvement palestinien, s’abstenant de le critiquer dans les médias. Ce qui ne fut pas le cas de certains responsables du Hamas dont le porte-parole, Salah Bardawil, a fait des déclarations intempestives contre le parti chiite. La Sûreté générale libanaise a publié un communiqué révélant l’ouverture d’une enquête officielle concernant une opération d’émission de visas libanais frauduleux dans laquelle auraient trempé des cadres du Hamas.

 

Amal reprend les armes
Confirmation, par des sources chiites informées, de la véracité des rapports selon lesquels le mouvement Amal s’apprête à réhabiliter ses forces militaires pour qu’elles soient prêtes à agir en temps et lieu voulus. Cette mesure cible en particulier le mohafazat du Sud où plane une double menace venant d’Israël et aussi des groupes takfiristes venus de Jordanie et des pays du Golfe qui cheminent sur l’axe frontalier du plateau du Golan pour parvenir aux villages libanais situés dans la zone d’action de la Finul. D’après ces sources, les forces du mouvement chiite procèdent à la surveillance nocturne dans les villages et sur les axes routiers au Sud où les mouvements de provocation israéliens se sont multipliés ces derniers mois tout le long de la frontière. Amal agit en coordination totale avec le Hezbollah, ce qui a donné un push aux actions défensives organisées par la Résistance dans cette région. Un inventaire comportant le nom, l’adresse et le lieu de travail de tous les résidents syriens au Sud a été établi, sans aucune intention d’intimidation. Cela après l’implication d’un certain nombre d’entre eux dans l’entreposage et le transport d’armes de guerre et dans des activités d’espionnage.

Pas d’unanimité
La campagne européenne, menée par la France, en vue d’inscrire le 
Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes, pourrait affaiblir la position de Paris sur 
l’échiquier libanais et régional. C’est ce que pense un diplomate des Brics accrédité à Beyrouth. L’objectif de cette campagne est d’influencer les préparatifs du sommet de Genève II sur la crise syrienne. Il s’agit de cibler la participation de l’Iran à ce congrès et d’exercer des pressions sur le 
gouvernement de «l’armée, du peuple et de la Résistance» libanais. Le diplomate accuse Paris et ses alliés d’être des suivistes du gouvernement israélien, alors que Washington et Moscou mènent des pourparlers pour aboutir à une entente. La source rappelle l’information véhiculée par le quotidien Maariv qui a signalé l’échec des négociations menées à Bruxelles à ce sujet. L’Irlande et la Suède ayant refusé d’appuyer la France et de 
qualifier la Résistance de terroriste sur base des explosions qui ont eu lieu à Burgas. Le diplomate dit aussi être au courant des canaux de liaison que les organes français gardent ouverts avec le Hezb. Le gouvernement bulgare a refusé de coller l’étiquette «terroriste» au Hezbollah.

 

Patrouille syrienne au Liban
Les rumeurs propagées au nord du Akkar, depuis quelque temps, sur le retour des forces syriennes dans les villages de la région, commencent à devenir réalité. Une patrouille syrienne a, selon des sources locales, traversé un pont secondaire sur le Nahr el-Kébir face à une petite bourgade du côté est de Tall Abbas  nommée al Mas’oudiyé, pour sillonner en plein jour et pour une courte période de temps, une région agricole à l’intérieur du territoire libanais avant de quitter les lieux par la même voie. Des milieux proches du Moustaqbal révèlent que les soldats syriens n’ont pas été importunés par les habitants, leur passage n’ayant suscité aucune réaction de la part des partis et groupes politiques actifs dans cette zone, invoquant l’effet de surprise et la rapidité avec laquelle la patrouille s’est retirée.
Si cet épisode se confirme, cela veut dire que les rumeurs qui circulent au Akkar sur la volonté de Damas de poursuivre les groupes armés terroristes jusqu’au Liban et de leur interdire l’usage des passages frontaliers du Nord pour s’infiltrer à Homs et son Rif dans le but de combattre l’armée régulière, sont sérieuses.
Des hélicoptères syriens avaient pilonné, il y a deux semaines, des postes frontaliers syriens près du jurd de Ersal où des combattants s’étaient implantés.

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