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Nº 2983 du vendredi 9 janvier 2015

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POLITIQUE

Occuper des villages libanais. Ibrahim dévoile la stratégie de Daech

Dans une interview accordée à l’agence Reuters samedi 3 janvier, le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a indiqué que les villages libanais frontaliers de la Syrie étaient menacés par les jihadistes. Selon lui, le Liban n’est pas à l’abri de nouvelles attaques de la part de Daech.
 

Publiée au lendemain des fêtes, l’interview accordée à Reuters par le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, a de quoi inquiéter. En effet, il a indiqué que des combattants extrémistes cherchaient à prendre le contrôle de plusieurs villages libanais frontaliers de la Syrie, dans la région du Qalamoun. Avec un objectif, protéger leurs arrières et s’assurer des bases de repli pour leurs attaques en Syrie, au sein même du territoire libanais. «L’Etat islamique ne veut pas contrôler le Qalamoun, mais veut l’utiliser pour assurer ses arrières dans la région, en prenant le contrôle des villages libanais présents sur cette zone», a-t-il dit.
Ibrahim s’est voulu tout de même rassurant, affirmant que les forces de sécurité libanaises se tenaient prêtes à contrer toute nouvelle attaque.
Le directeur de la Sûreté générale a également ajouté: «Lors de la période des fêtes, les risques d’attaques augmentent, l’ennemi misant sur un fléchissement de la part des forces armées, mais ce n’est pas du tout le cas». D’ailleurs, les mesures de sécurité avaient été augmentées sur l’ensemble du territoire durant toute la période.
Plus inquiétante, en revanche, l’affirmation de Abbas Ibrahim qui a indiqué que désormais, les combattants de l’Etat islamique dans la région du Qalamoun avoisineraient le millier de personnes. Une hausse notable qui s’explique, selon le directeur de la Sûreté générale, par les différentes allégeances de groupes jihadistes déjà présents dans la zone, à Daech. Pas moins de 700 combattants auraient ainsi prêté allégeance au groupe d’Abou Bakr el-Baghdadi, selon le général Ibrahim.

 

Menaces d’attentats
Dans son interview, il a également affirmé que la menace d’attentats perpétrés par des cellules affiliées à l’Etat islamique n’est pas écartée, notamment dans les régions à forte présence du Hezbollah, sur le territoire libanais. C’est d’ailleurs pour cette raison que le déploiement militaire autour de la banlieue sud de Beyrouth est toujours en vigueur. «Les dangers existent et la menace persiste, presque au quotidien et en public», a-t-il renchéri. Toutefois, selon lui, les forces de sécurité sont parvenues à faire échouer plusieurs opérations terroristes et plusieurs jihadistes ont été récemment arrêtés sur le territoire. «Un grand nombre de voitures piégées a été intercepté, mais nous n’avons pas annoncé cela pour ne pas semer la panique», a déclaré Abbas Ibrahim. Enfin, le directeur de la Sûreté générale a estimé que le dialogue débuté entre le Hezbollah et le Courant du futur, sous la houlette de Nabih Berry, a réduit la tension confessionnelle dans le pays. «Il n’existe pas au Liban un environnement propice au terrorisme comme dans les autres pays de la région». 

Jenny Saleh

Kanso veut l’aide de la Syrie
Dans une interview accordée au site Web elnashra.com, le député du Baas, Assem Kanso, a déclaré que la bataille de ces derniers jours dans le jurd de Ersal avait été prévue et serait continue, les combattants de l’Etat islamique voulant s’emparer des villages libanais frontaliers de la Syrie. Pour lui, une coordination des forces armées libanaises et syriennes est indispensable pour éradiquer les combattants présents dans cette zone.
Kanso a affirmé que le Liban seul est incapable de contrer les jihadistes et qu’il est nécessaire de s’appuyer sur l’artillerie et l’aviation syriennes, mais aussi de fermer les entrées de Ersal, si l’on veut éliminer complètement le risque terroriste.
Par ailleurs, concernant le problème des otages militaires toujours détenus par le Front al-Nosra et Daech, Kanso s’est dit favorable au principe d’échange des militaires avec des détenus dans les prisons libanaises. Il a estimé qu’il était essentiel qu’un mandat soit accordé au général Abbas Ibrahim pour mener à bien la médiation.
Enfin, Kanso s’est félicité du dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur, qui vise à saper la sédition dans le pays, mais aussi, des futures discussions entre le Courant patriotique libre de Michel Aoun et les Forces libanaises de Samir Geagea, espérant que cela aboutisse à l’élection d’un président. Il a souligné, à ce sujet, que si le président était élu par le peuple, il n’y aurait pas eu de crise présidentielle comme le Liban en subit depuis le mois de mai, considérant que le système confessionnel actuel est «odieux» et provoque uniquement des «conflits et des guerres».

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