Magazine Le Mensuel

Nº 2983 du vendredi 9 janvier 2015

Disparition

Hommage unanime à Omar Karamé. La mort rassemble les adversaires

L’ancien Premier ministre libanais, Omar Karamé, est mort dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, des suites d’une longue maladie. De nombreux hommages lui ont été rendus tout au long du week-end.
 

Malgré les intempéries, c’est une foule nombreuse qui a suivi vendredi les funérailles tripolitaines de Omar Karamé, décédé à l’âge de 80 ans des suites d’une longue maladie. Le cercueil du défunt était accompagné de ses deux fils, suivis du député Ali Bazzi qui représentait le chef du Parlement, Nabih Berry, et de l’ancien Premier ministre, Najib Mikati. De nombreuses personnalités de tous bords s’étaient déplacés pour un dernier hommage à Omar Karamé, dont le Premier ministre Tammam Salam, la députée Bahia Hariri, le général Jamal Fadlallah, qui représentait le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, l’ancien ministre Ahmad Karamé, l’ancien député de Tripoli, Mosbah el-Ahdab, ou encore le président de la municipalité de Tripoli, Nader Ghazal.
Tous ont rendu hommage, malgré les dissensions politiques passées, à Omar Karamé, qui fut par deux fois Premier ministre à des périodes charnières du Liban. Il était aussi issu d’une grande famille politique sunnite, puisque son père, Abdel-Hamid Karamé, fut l’un des artisans de l’indépendance du Liban en 1943, tandis que son frère, Rachid Karamé, avait dirigé le pays, avant d’être lâchement assassiné en 1987. Appelé lui aussi à présider les destinées du Liban, une première fois de 1990 à 1992, Omar Karamé avait dû démissionner, alors que le pays témoignait de manifestations massives provoquées par l’augmentation du coût de la vie et l’effondrement de la livre libanaise face au dollar. Son deuxième mandat interviendra dans une période autant troublée, sinon plus, de 2004 à 2005, où il démissionnera sous la pression de la rue, choquée par l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, et alors que le régime syrien est pointé du doigt.
Malgré cette carrière politique controversée, les hommages politiques ont été nombreux, y compris par ses anciens adversaires politiques. Saad Hariri a ainsi déclaré que le Liban avait perdu «une voix du dialogue et de la modération», tandis que l’ancien président Amine Gemayel estimait que le décès de Karamé constituait une «perte pour le Liban, comme pour Tripoli, ville de dialogue, de modération et d’ouverture». Présent également, Ahmad Hariri a souligné: «Malgré nos divergences politiques, nous avions des valeurs communes par lesquelles nous défendions le Liban et la nation». Pourtant, certaines voix du 8 mars ont regretté, au cours du week-end, que la personnalité de Omar Karamé ait été réduite uniquement à Tripoli, et non au Liban tout entier.
Parmi les personnalités venues présenter leurs condoléances à la famille, 8 et 14 mars confondus, figuraient Fouad Siniora, les députés Marwan Hamadé, Walid Joumblatt, Sleiman Frangié, Ghazi Aridi, Abbas Hachem, Ammar Houri, Alain Aoun, Ahmad Fatfat  Hadi Hobeiche, Ghassan Moukheiber, Robert Fadel, Mouïn Merhebi, Khaled Daher et Nicolas Fattouche, ainsi que d’actuels ministres, dont Mohammad Machnouk, à l’Environnement, Michel Pharaon, au Tourisme, Rachid Derbas, aux Affaires sociales, Nouhad Machnouk, à l’Intérieur, ou encore Abdel-Mottaleb Hennaoui, à la Jeunesse et aux Sports.

Jenny Saleh

Port d’armes sans permis
Un incident s’est déroulé en marge des condoléances rendues à Omar Karamé. L’Armée libanaise a interpellé, dimanche, plusieurs gardes du corps de l’ancien député Wagih Baarini, pour ports d’armes sans permis. L’arrestation a eu lieu devant l’hôtel Quality Inn de Tripoli où l’ancien député s’était rendu pour présenter ses condoléances à la famille Karamé. Lors de leur départ, ses gardes du corps ont sorti leurs armes par les fenêtres de leur véhicule. Une patrouille qui passait par là les a alors interceptés et contrôlés, arrêtant ceux qui ne détenaient pas de ports d’armes autorisés.

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