Magazine Le Mensuel

Nº 2983 du vendredi 9 janvier 2015

Musique

Shwayit Souar de Tania Saleh. L’amour en temps de guerre

En Quelques images, Tania Saleh redonne à l’amour toute sa part d’espoir dans un monde où rien ne va plus. L’album Shwayit Souar, un moment de musique, de sérénité et de douceur.

Shwayit Souar: c’est le titre du dernier album de Tania Saleh pour lequel elle a milité et s’est battue durant des mois et des mois, allant même jusqu’à lancer une campagne de «crowdfunding» sur Zoomal, pour parvenir enfin à le proposer à son public. A few images, Shwayit Souar, et elle distille effectivement à travers les onze pistes de son album des images saisies à même la vie. Une aura de sérénité semble peser sur l’ensemble de l’album, tout en permettant à chaque chanson de se distinguer, seule, dans cet ensemble homogène. Et comme à chaque fois, à l’auditeur de choisir sa piste préférée, ses pistes préférées.
Dès la pochette même, le ton est donné. «L’amour c’est comme la guerre, facile à commencer, mais très difficile à arrêter». Suivant cette citation du philosophe Henry Louis Mencken, Tania Saleh énonce en termes clairs l’essence même de son 4e opus. «Les hommes arabes peuvent être en guerre, mais les femmes arabes sont en paix. Une femme dans cette partie du monde travaille dur et est pleine d’espoir et d’énergie. Contre vents et marées, elle a toujours été là pour son père, son frère, son mari et son fils, dispersant son amour sans fin en leur montrant où réside la beauté, en espérant qu’ils l’écoutent. Cet album est dédié à ces femmes».


Une image démultipliée
Tania Saleh s’habille d’encore plus de féminité et de sentiments enrobés de douceur. Une douceur enrobée elle-même de nostalgie et de volonté de vivre. D’aimer surtout. D’aimer au-delà des guerres et des horreurs, au-delà de la mort et du sang. D’aimer en toute simplicité, en toute authenticité. Et la musique de Tania Saleh sonne authentique. Authentique par rapport à elle-même, à son parcours musical et personnel, à ses aspirations, à sa détermination. A chaque discussion avec elle, à chaque rencontre, la simplicité se fait vie, se fait musique, se fait communion.
Au-delà de toute polémique, au-delà de tout engagement, critiqués ou approuvés, Tania Saleh se distinguera toujours par son authenticité et ses cris du cœur. Toujours portés en avant, toujours vers l’intérieur. La colère, l’incompréhension, l’impuissance face à ce qui se passe… tous ces sentiments frustrants semblent absents de l’album. Pourtant, l’amour lui aussi est porteur de tant de contradictions, de douleur, de dépassement de soi… «Ma bteb3od tari2 el hob 3an darb el 3asfourié», chante-t-elle dans The Road to love, texte qu’elle a elle-même écrit sur une musique de Boghos Gelalian. Et comme l’amour qui se construit ou s’effile au fil des jours, cela fait des mois et des mois que Tania Saleh construit patiemment son album, retrouvant les sonorités musicales chères à son cœur, les musiques orientales, latines et jazz, qui s’accordent en parfaite harmonie à sa voix douce et nostalgique, et collaborant notamment avec le compositeur et auteur Issam Hajali.
Shababick Beyrouth, She does not love you, Every time you go… et voilà que retentit Hushed Scat, une piste qui, comme son nom l’indique, est composée essentiellement de scat, ces espèces de vocalises qui résonnent là orientales, sur un rythme léger et épuré avant de prendre de la vitesse, de l’ampleur, oscillant au gré de la passion, pour prendre leur envol et rejoindre l’effluve du qanoun de feu Iman Homsy, à laquelle ce morceau est dédié. Alternant tour à tour paroles allègres, profondes, douces, légères, ironiques ou porteuses d’espoir, une sensation de bien-être vous empoigne à chaque fois que l’album passe.

Nayla Rached

En images visuelles
Accompagnant le lancement de l’album, Tania Saleh, comme à chaque fois, tient à renforcer la musique par des vidéos mettant certaines chansons en images visuelles. Deux vidéoclips ont ainsi été lancés, disponibles sur le Net; le premier intitulé Chababik Beyrouth, un tube écrit par Tania Saleh et réalisé par Chadi Younes et le second intitulé She does not love you, basé sur un poème de Mahmoud Darwiche et une musique de Issam Hajali. Le sourire se fait encore plus profond.

Related

Vienne à Beyrouth. Un air de Strauss transcende Beyrouth et Tripoli

L’hmoriste dean Abfdallah. Un parcours de combattant

Ya Layali, Rola Azar sings Ziyad Sahhab. Et les sentiers se croisent

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.