A l’occasion des fêtes de fin d’année, Sakker el-Dekkéné, ONG (organisation non gouvernementale) luttant contre la corruption au Liban, a offert aux ministres et députés des cadeaux explosifs. Une initiative pour le moins originale.
Ce sont des cartes de vœux comprenant des billets de cent dollars sur lesquelles est écrit «Cadeau explosif, refusez-le afin que nous puissions avoir un pays digne de ce nom» qu’ont reçues les ministres et les députés. L’expression «In God we trust» a, elle, été remplacée par «In gangs we trust», reflétant ainsi l’image de tous ceux qui encouragent la corruption.
Selon Rabih el-Chaer, président de l’ONG, le but de cette farce est de rappeler aux responsables politiques que le cadeau le plus précieux que les citoyens souhaiteraient recevoir cette année c’est la réduction de la corruption. Les fonctionnaires publics et les politiciens devraient donc refuser les cadeaux empoisonnés. «La corruption masquée, dit-il, pourrait porter atteinte à la vie et à la liberté personnelle de la personne qui les reçoit, ainsi que la liberté de ses enfants et ses proches». «L’étude des 1 600 actes de corruption et pots-de-vin signalés grâce à l’application Sakkera, poursuit-il, a montré qu’une personne dépense, en moyenne, chaque année, plus de 1 500 dollars sur les pots-de-vin. Si ces montants volés sont payés à l’Etat ou investis dans le secteur privé, cela permettra de développer l’économie et les services et améliorer ainsi la vie des citoyens».
Les projets importants à développer
Sur la plateforme Sakkera, le ministère de l’Intérieur s’est avéré être l’institution publique la plus corrompue, ceci probablement en raison de la fréquence de ses contacts avec les citoyens. Le ministère des Finances est l’institution où le montant total d’argent gaspillé dans la corruption est le plus élevé, notamment en matière d’enregistrement foncier et de douanes.
«Si la corruption n’est pas contrôlée, les citoyens paieront le prix, tant au niveau de l’économie, des services, du développement du pays, de la sécurité personnelle, de la santé ou autre», souligne Chaer. D’où, selon lui, l’importance de développer au moins un projet de lutte contre la corruption, afin que chaque membre du Parlement et du gouvernement puisse réaliser un vrai succès en matière de lutte contre ce phénomène.
Créer une autorité nationale de lutte contre la corruption et définir une stratégie afin de réduire les actes de corruption
au Liban.
Garantir l’indépendance de la magistrature, améliorer les relations entre les procureurs et les postes de police et renforcer le travail de l’inspection centrale et judiciaire.
Réduire le gaspillage en matière de douanes.
Réduire le gaspillage dans les marchés publics, faire pression sur le gouvernement afin d’adopter des procédures strictes pour appel d’offres et sur le Parlement afin de réformer la loi relative aux marchés publics.
Refusez la corruption!
Traquer et pénaliser l’enrichissement illicite à travers l’exécution de la loi “min ayna laka haza?” La lutte contre la corruption devrait aller au-delà du combat de simple forme et sanctionner les fonctionnaires publics qui se sont enrichis aux dépens de l’intérêt public.
Informatiser les institutions publiques et adopter le e-gouvernement afin d’éviter tout intermédiaire entre les fonctionnaires et les citoyens.
Le président de Sakker el-Dekkéné encourage tous les Libanais à participer à cette lutte, à refuser la corruption et à signaler de tels actes à travers le site Web de l’ONG www.sakkera.com, ou via son application smartphone (‘sakkera’ sur iOS et Android) ou son numéro direct (76 – 808 080). Toutes les données sont recueillies afin de déterminer l’ampleur de la corruption et garantir la responsabilité de chaque représentant du gouvernement qui, non seulement refusera un billet de cent dollars, mais des centaines de milliers de dollars.