Machnouk à Rabié
Pas de rupture de la relation Aoun-Hariri. Les échanges se poursuivent. Il y a deux semaines, l’ex-Premier ministre, Saad Hariri, a appelé le général de Rabié pour lui souhaiter de joyeuses fêtes. Ce qui signifie que les contacts sont directs et ne se limitent plus au ministre Gebran Bassil et au conseiller Nader Hariri. Récemment, le ministre Nouhad Machnouk a été désigné pour jouer le rôle de messager avec Rabié (à l’instar du ministre Akram Chéhayeb qui transmet les messages de Walid Joumblatt à Michel Aoun). Le général Aoun a confiance en Machnouk qui tient «un discours clair, respecte ses engagements et mène une excellente campagne antiterroriste». Toutefois, cela ne veut pas dire que le dialogue politique suspendu au sujet de la présidentielle va reprendre, mais cela suffit au général pour qu’il continue à caresser l’espoir de se retrouver à Baabda.
Vide présidentiel: on s’adapte
L’échéance présidentielle fait désormais partie du domaine de la divination selon un politique centriste. Les Libanais, précise-t-il, ont raté l’occasion de parvenir à un accord sur un président et continuent à perdre leur temps dans des dialogues portant sur un tas de sujets faisant abstraction de l’essentiel. Ce qui est dangereux, c’est que le public commence à sentir que le fonctionnement des institutions n’est pas freiné par l’absence d’un président à la tête de l’Etat. Le dossier des prisons est traité avec fermeté, celui des déchets s’achemine vers un règlement, celui de la sécurité alimentaire est ouvert… Tout ce qui semblait impossible à réaliser en présence d’un chef d’Etat trouve, comme par miracle, une solution avec «24 présidents».
Les sièges du FPLP-CG occupés
Les échecs successifs du Front populaire (FP) – commandement général, présidé par Ahmad Jibril, à repousser les attaques des organisations al-Nosra et Daech, et les scissions qui commencent à apparaître dans ses rangs ont poussé le Hezbollah à occuper à la mi-décembre les sièges du FP dans les régions de Koussaya, Deir el-Ghazal et Aïn el-Baïda dans la Békaa. Le déploiement du Hezbollah dans les centres du Commandement général, qui s’est effectué dans le calme, a pour but de colmater les brèches sur la ligne de défense dans cette zone proche des frontières libano-syriennes à majorité sunnite. Un rapport établi par un journal indique que le Hezbollah œuvre à la consolidation de l’axe frontalier est avec la Syrie allant de la Békaa-Ouest jusqu’au jurd du Hermel.
Autorité et radicalisme
On chuchote dans les milieux de certains cheikhs sunnites que si l’Etat continue à traiter de la même manière le dossier des islamistes, le radicalisme gagnera des points. Ceux qui sont capables de faire face à cette vague d’extrémisme sont les dignitaires modérés qui se sont drapés dans le mutisme ces derniers temps. A titre d’exemple, on cite le cheikh Salem Rafeï, le chef du Comité des ulémas musulmans qui porte le poids d’un dossier judiciaire, accusé d’avoir encouragé les jeunes sunnites à faire le jihad en Syrie, ou le cheikh Nabih Rahim dont le dossier a été rouvert et transféré du tribunal militaire à la Cour de justice. La question que l’on pose dans ces milieux est la suivante: si les modérés qui ont tenu le rôle de pompiers durant l’étape précédente sont aujourd’hui menacés, qui donc va pouvoir contrôler la rue? 120 jeunes auraient quitté Tripoli au cours des quatre derniers mois, combien seront-ils à les suivre si l’Etat continue à agir avec eux d’une main de fer?
Girault fait du surplace
Les responsables iraniens ont fait savoir à l’émissaire français, Jean-François Girault, qui s’est rendu à Téhéran à plusieurs reprises, que les chrétiens du Liban ont le droit de choisir leur président, comme le dit l’ambassadeur d’Iran, Mohammad Fateh Ali. Parallèlement, une source diplomatique française signale que les visites de Girault ont été inutiles, parce que les autorités à Téhéran continuent à faire le lien entre l’échéance présidentielle au Liban et la conjoncture syrienne. «Nous ne pouvons pas exercer de pressions sur le Hezbollah, affirment-elles, c’est aux Libanais de régler cette question». Quant aux Saoudiens, ils continuent à soutenir l’accession au pouvoir d’un président consensuel.
Alain Aoun chez la Jamaa islamia
Lorsque le député Alain Aoun, en réponse à une invitation, a pris le chemin du siège de la Jamaa islamia à Aïché Bakkar pour un dialogue culturel et politique avec ses cadres, les observateurs se sont mobilisés surtout que le député du Courant patriotique libre (CPL) a été honoré à la fin de la rencontre par un trophée «d’amitié et de coopération». Cet épisode s’inscrit dans le cadre d’une décision prise, il y a six mois, par la Jamaa relative à l’organisation de rencontres d’échange avec les divers courants politiques. Aoun a mis au clair la position du tayyar par rapport à plusieurs questions et affirmé, par exemple, que son courant ne cautionnait pas «la détention d’armes hors de l’autorité de l’Etat».
Par ailleurs, pas de rupture entre le Moustaqbal et la Jamaa, ont relevé les analystes, ce qui signifie que Riyad n’a pas mis au ban la Jamaa bien qu’elle soit perçue comme la branche libanaise de la confrérie des Frères musulmans interdite en Arabie et inscrite sur la liste des organisations terroristes.
Aïn el-Heloué, le panier de crabes
C’est à Aïn el-Heloué que se sont manifestées les protestations les plus importantes contre l’opération de la prison de Roumieh. Le camp a été le théâtre de l’apparition d’éléments armés de Jund el-Cham et Fateh el-islam, alors que des routes principales étaient bloquées. Le règlement de la situation dans ce camp palestinien ne peut pas être comparé à celui de Nahr el-Bared, parce que les circonstances ici et les données actuelles sont bien différentes et bien plus complexes.
Aïn el-Heloué est le plus vaste camp palestinien du Liban, le plus surpeuplé et le plus divisé. On y assiste à un net recul de l’influence du Fateh en faveur des courants islamistes. De plus, il est situé à un croisement géographique et démographique avec la ville de Saïda. Ainsi le camp fait partie intégrante de la sécurité de cette dernière et, par conséquent, du Sud tout entier. Toute détérioration sur le terrain mènerait, selon les analystes, à trois résultats immédiats: la stimulation de la fitna communautaire, la coupure de l’accès au Sud chiite et l’isolement de la Finul qui se trouverait séparée de Beyrouth.
Priorité à l’armée
L’ambassadeur des Etats-Unis, David Hale, aurait encouragé le patriarche Béchara Raï, qu’il a rencontré à Bkerké à la mi-janvier, à poursuivre ses efforts en faveur de l’élection présidentielle et à continuer à œuvrer pour lever les obstacles qui l’entravent, du côté chrétien. Mgr Raï a, pour sa part, interrogé le diplomate sur la véritable attitude de son pays par rapport à cette échéance, surtout que le prélat maronite a remarqué une sorte d’apathie à ce sujet de la part de l’Administration américaine ces derniers mois, contrairement à l’emballement qu’elle affichait durant la période précédente. La réponse de Hale était claire: «La position américaine par rapport à la présidentielle est la même. Mais les autorités de mon pays concentrent actuellement leurs efforts sur le renforcement de l’armée pour la ravitailler en armes et équipements afin qu’elle soit en mesure de confronter Daech et al-Nosra sur le territoire libanais». Commentant le dialogue Aoun/Geagea, il a ajouté que Washington encourageait tout dialogue interne.
Où se posera Khaled Mechaal?
Les informations qui ont circulé sur l’élection d’un nouveau secrétaire général au Hamas ont fermé les portes des capitales arabes et régionales au nez du chef du bureau politique, Khaled Mechaal. Selon des sources concordantes palestiniennes et libanaises proches de Téhéran, ce dernier aurait été expulsé du Qatar. Le sommet, qui a ramené cet émirat au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), aurait provoqué le départ de Mechaal de Doha vers Ankara. Des sources ont démenti les rumeurs sur la disposition du Hezbollah à le recevoir et à organiser son séjour à Beyrouth. Cela malgré le fait que le bureau du Hamas est toujours ouvert dans la banlieue sud sous la protection du parti chiite. Une source islamique supérieure pense que le «cas» Mechaal ne trouvera pas son dénouement final en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a évité de rencontrer le responsable palestinien, sachant que l’influence de ce dernier au sein du Hamas a régressé à la faveur de nouvelles personnalités que les Turcs aimeraient attirer dans leur filet. Les Turcs continuent à confisquer des milliards de dollars revenant aux Palestiniens que le Hamas a échoué à récupérer, malgré plusieurs plaintes déposées dans ce sens par des hommes d’affaires palestiniens.
Les chiites appuient la Résistance
Des rapports statistiques portant sur les penchants politiques du public chiite, par rapport à la résistance contre Israël, publiés par des milieux proches du 14 mars, ont été transmis aux ambassades occidentales à Beyrouth par une haute instance parlementaire. Ces rapports soulignent que 86% de la communauté chiite appuient la résistance menée par le Hezbollah. Ces sources mettent en garde contre l’usage qui pourrait être fait de ces résultats livrés à Israël. Par leur timing politique, ces rapports coïncident avec une campagne d’incitation que Tel-Aviv cherche à mener contre l’ensemble de la communauté chiite, en la diabolisant aux yeux de la communauté internationale. Il semble que des ambassades occidentales, notamment l’ambassade américaine, ont cherché à entreprendre des sondages et à recueillir des informations sur la réaction des veuves et élites médiatiques et politiques chiites à l’implication du Hezbollah en Syrie. Dans le cadre d’une interview télévisée, sayyed Hassan Nasrallah avait révélé que des rapports statistiques, financés par les Américains, ont révélé que 96% du public chiite soutient la Résistance face aux agressions contre le Liban du gouvernement d’occupation israélien.
Aïn el-Heloué nid de terroristes
Pour consolider la situation interne, il est nécessaire de trouver une solution aux îlots de sécurité situés dans les quartiers adjacents à Aïn el-Heloué, affirment des sources informées. Plusieurs mouvements takfiristes armés s’y sont implantés, dont le groupe Abdallah Moubarak composé d’environ 25 combattants. Moubarak, selon des milieux palestiniens, qui aurait porté allégeance à Daech, est perçu comme le bras de l’Etat islamique (EI) dans le camp. Cinq autres groupes, menés par de vieux terroristes comme Haytham Chaabi, Oussama Chéhabi et Bilal Badr, se sont largement déployés dans les ruelles de ces quartiers au moment où les forces de l’ordre exécutaient l’opération spéciale dans le bâtiment B de Roumieh. Les sources lient la multiplication de ces bandes armées à la fuite de Chadi Maoulawi de son repaire à Bab el-Tebbané, en octobre passé, lorsqu’il a été accueilli dans le camp, avec la complicité du Hamas, le laisser-faire du Fateh. C’est ce qui a encouragé ces groupes à élargir leur émirat de l’extrémité de Taamir jusqu’au quartier de Tahin, et a permis à Maoulawi de reconstruire, de réarmer les cellules existantes et de réveiller les cellules dormantes dans le chef-lieu du Liban-Nord et dans le camp.
Le CCG veut expulser les pro-Hezbollah
Les pays du Conseil de coopération du Golfe auraient pris, aux plus hauts niveaux, la décision de réactiver une résolution précédente relative à l’expulsion des Libanais ayant des attaches avec le Hezbollah ou qui le soutiennent politiquement ou financièrement. Cela en réponse à l’ingérence du parti chiite dans les affaires internes de ces pays, et particulièrement de Bahreïn.
Les sources du Golfe qui véhiculent l’information précisent que les dernières déclarations du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ont provoqué l’exaspération et la colère de ces pays, les autorités les ayant qualifiées de tissu de mensonges et d’incitation à la violence à Bahreïn avec tout le danger que cela implique sur la sécurité régionale…