Tripoli se trouve toujours sous le feu des projecteurs. Plusieurs arrestations ont fait suite au double attentat suicide ayant frappé le quartier de Jabal Mohsen dans cette ville qui a également reçu le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, venu présenter ses condoléances aux familles des victimes et à la famille Karamé.
Plusieurs arrestations ont eu lieu dans les quartiers de Tebbané et Mankoubin provoquant un mouvement de manifestations à Bab el-Tebbané. La ville était déjà sous tension, des informations indiquant la mort du Tripolitain Hussein Haïdar surnommé «Abou el-Walid», dans une opération suicide aux côtés de groupes extrémistes sunnites en Irak. «De nombreuses arrestations ont également eu lieu dans les milieux des réfugiés syriens suspectés d’avoir des relations avec les mouvances radicales», signale un officier des services du Renseignement libanais.
Sur un autre plan, le patriarche Raï, accompagné de l’archevêque maronite de Tripoli, Mgr Georges Abou Jaoudé, et d’une délégation d’évêques, a été accueilli par une foule de gens lors de sa visite au cheikh Assad Assi, chef spirituel de la communauté alaouite et des familles des neuf victimes du double attentat.
Les deux hommes de religion ont mis l’accent sur l’importance de la coexistence islamo-chrétienne. Monseigneur Raï a fait l’éloge de la modération des habitants de Jabal Mohsen, au lendemain du double attentat suicide, en ajoutant que «le Liban dans son ensemble apprécie les efforts que vous avez menés pour désamorcer la tension et éviter la discorde, en faisant taire les pulsions vindicatives». Le patriarche a également plaidé en faveur des valeurs de tolérance et de solidarité, mettant en exergue le fait que les Libanais dans leur ensemble étaient «appelés à vivre en paix», insistant également sur la diversité culturelle et communautaire dont jouissait le Liban, une qualité de ce pays. Mgr Raï a appelé l’Etat à s’occuper de Tripoli dans le but de réduire les taux de pauvreté et de favoriser son développement. «Il faut que l’Etat sorte les habitants de la pauvreté et des privations, afin de barrer la voie à tous ceux qui essaient d’exploiter cette pauvreté», a-t-il déclaré, estimant qu’il était temps pour les autorités d’assumer leurs responsabilités et de mettre en vigueur une politique de développement équitable des régions. «Pas de paix à l’ombre des privations et de la pauvreté», a-t-il souligné, avant de féliciter le gouvernement et, plus particulièrement, les efforts déployés par le ministère de l’Intérieur afin de maintenir la sécurité et la stabilité.
Pour sa part, le cheikh Assi a mis l’accent sur la convivialité et l’importance du dialogue islamo-chrétien, avant d’exprimer l’espoir d’une issue heureuse dans l’affaire des deux évêques grec-orthodoxe et syriaque d’Alep, Boulos Yazigi et Youhanna Ibrahim, enlevés depuis plusieurs mois en Syrie. Il a également invité l’Etat à obtenir la libération des otages militaires détenus par les groupes jihadistes syriens du Front al-Nosra et de l’Etat islamique.
Avant de regagner Bkerké, Mgr Raï s’est arrêté à Tripoli pour présenter ses condoléances à la famille de l’ancien Premier ministre, Omar Karamé.
En parallèle, le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, s’est entretenu avec une délégation du Comité des ulémas musulmans, présidée par le cheikh Salem el-Rafeï, de la situation des détenus islamistes dans la prison de Roumieh, à la suite du mouvement de protestation ayant suivi le transfert des prisonniers du bâtiment B, pour des raisons sécuritaires, au bâtiment D. Les membres de la délégation ont manifesté leur satisfaction après la réunion.
«Ces mesures visent à mettre fin à la vague de violence, tout en tentant d’apaiser les tensions», souligne l’officier des services de renseignements.
Mona Alami
Arrestations en série
Quatre personnes recherchées pour divers crimes et enlèvements ont été arrêtées mardi à Baalbeck par l’Armée libanaise. L’armée a également annoncé, dans un communiqué, l’arrestation de quatre suspects à Beyrouth, recherchés pour terrorisme dont Mohammad Ali Shukr dans le quartier de Haret Hreik. Un inconnu a lancé une bombe à la lisière de Haret Saïda, quartier chiite. La bombe a provoqué une forte explosion, sans faire de victimes. Dimanche matin, a poursuivi le communiqué, une unité de l’armée a perquisitionné la résidence du suspect terroriste Ahmad Moustafa Qahwagi à Sabra, à Beyrouth.