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Nº 2986 du vendredi 30 janvier 2015

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Ministres et députés de retour d’Arabie. La politique de Riyad restera inchangée

C’est quasiment tout le Liban officiel qui s’est retrouvé en Arabie saoudite pour les funérailles du roi Abdallah. Le roi est mort, vive le roi! Magazine recueille les impressions de quelques personnalités libanaises présentes à Riyad à cette occasion.
 

Farid Makari, vice-président de la Chambre
«L’Arabie aux côtés de tous les Libanais»

 

Le décès du roi Abdallah aura-t-il une influence sur la politique de l’Arabie saoudite au Liban?
Ma connaissance de l’Arabie saoudite, basée sur les années où j’y ai vécu, me permet de dire que le pouvoir dans ce pays est une continuité. Chaque personne possède un style qui lui est propre, mais le principe et le fond ne changent pas. D’ailleurs, le nouveau roi Salmane est connu pour l’amour qu’il porte au Liban et les nombreuses relations qu’il entretient avec les Libanais. Je l’ai connu lorsque je vivais en Arabie et son bureau était toujours ouvert aux Libanais.

Alors que les enjeux sont nombreux et la région traverse une période cruciale, quelles seront les répercussions sur la scène internationale?
La politique internationale de l’Arabie saoudite est constante à travers les règnes des différents rois qui se sont succédé. Je pense que ce sera une continuité et une même optique.

Y aura-t-il une influence sur le dialogue entre le Courant du futur et le Hezbollah?
Ce dialogue est purement interne et concerne des affaires intérieures. L’Arabie saoudite se tient toujours aux côtés de tous les Libanais. Bien qu’elle soit sunnite, elle est ouverte à toutes les communautés libanaises. L’Arabie est le pays de la modération et le dialogue entre le Futur et le Hezbollah est purement interne.

Le Dr Samir Geagea continuera-t-il à bénéficier du même appui?
Le docteur Geagea est un ami personnel de l’Arabie. Les relations avec les personnes restent et ne changent pas en ce qui concerne les principes. Ce sont les détails qui varient.

Comment décrivez-vous l’ambiance à Riyad?
Le monde entier s’est retrouvé à Riyad. C’était une circonstance sociale et il n’y a pas eu d’apartés ou de réunions à caractère politique.

Mohammad Machnouk, ministre de l’Environnement
«Riyad appuie tout dialogue entre Libanais»

 

Y aura-t-il un changement de la politique de l’Arabie saoudite au Liban?
Je ne crois pas à un changement dans la politique de l’Arabie car, depuis toujours, sa politique est constante. Malgré les différents rois, la politique à l’égard du Liban a toujours été la même. Elle n’a jamais ménagé ses efforts pour l’aider. L’Arabie considère le Liban comme un fils ou comme un frère et tient à le préserver comme une oasis de liberté et de démocratie dans le monde arabe. Nous espérons que cela va continuer. Le roi Salmane a une longue relation avec tous les Libanais.

Qu’en sera-t-il de la politique internationale?
La position de l’Arabie ne changera pas concernant les dossiers. Nous assisterons probablement à un dialogue entre l’Arabie et l’Iran. On en a déjà vu les prémices à travers un dialogue non déclaré concernant le changement du gouvernement en Irak. Il y a une continuité dans le pouvoir qui ne changera pas du jour au lendemain. D’ailleurs, durant la maladie du roi Abdallah, le roi Salmane s’est occupé de beaucoup de dossiers.

Qu’en est-il du dialogue entre le Futur et le Hezbollah?
Tout dialogue est encouragé par l’Arabie saoudite surtout que celui-ci comporte deux volets, un libanais et un autre régional, tributaire de l’équilibre des forces.

Qu’en est-il du dialogue interchrétien?
Ce dialogue va se poursuivre jusqu’à ce qu’il en sorte quelque chose où jusqu’à ce qu’on assiste à un développement régional.

Comment était l’ambiance à Riyad?
Le roi est mort, vive le roi. Simultanément, on présente les condoléances et on félicite le nouveau monarque. L’ambiance était triste, mais en même temps le nouveau commandement est entré en fonction. Le nouveau roi a pris la relève. C’était en quelque sorte une prise de contact avec la nouvelle administration sans pour autant qu’il y ait un dialogue sérieux.

Antoine Zahra, député FL
«D’excellentes relations avec le roi Salmane»

 

Quel avenir pour les relations du Liban avec l’Arabie saoudite?
Il est clair que la politique du roi Salmane à l’égard du Liban ne va pas changer surtout que l’Arabie va exécuter la donation faite à l’armée. Cette démarche a pris du retard car la troupe a mis du temps pour désigner les spécifications du matériel dont elle a besoin.

Qu’en est-il de l’appui de l’Arabie saoudite au docteur Samir Geagea?
La relation avec le royaume est ancienne et elle est le résultat des prises de position des Forces libanaises. L’appui au docteur Geagea vient de ses positions politiques et non d’une relation personnelle. Nous avons d’excellentes relations avec le roi Salmane et avec l’héritier du trône.

Qu’en est-il de l’élection présidentielle?
Malheureusement, il n’y a toujours rien à l’horizon malgré le fait que ceux qui ont rencontré l’émissaire français Jean-François Girault rapportent qu’il a l’intention de poursuivre sa mission.

Comment était l’ambiance à Riyad?
Riyad était une capitale mondiale par excellence qui accueillait tous les dirigeants du monde. L’atmosphère n’était pas aux échanges politiques, il s’agissait plutôt d’une circonstance pénible où l’on partageait la tristesse d’un deuil national.

Ghazi Aridi, député PSP
«Position inchangée et stable»

Comment voyez-vous la politique de l’Arabie saoudite envers le Liban après le décès du roi Abdallah?
L’Arabie a toujours eu une position inchangée et stable. Elle s’est toujours tenue aux côtés du Liban. Le roi Abdallah avait une relation exceptionnelle avec le Liban, mais le nouveau roi Salmane a de nombreuses relations avec le Pays du Cèdre et entretient des liens avec de nombreuses familles libanaises. Il suit la presse de très près et il est proche des grands journalistes dans le monde arabe.

Qu’en est-il au niveau des différents dialogues qui se tiennent?
Le Liban est une constante principale pour le nouveau roi. Il appuie toute initiative qui peut avoir une influence sur la stabilité du pays. L’avenir du Liban pour la prochaine étape s’oriente dans le même sens et sera construit sur les mêmes constantes. Mais il revient également aux Libanais d’être à la hauteur et d’assumer leurs responsabilités. L’absence de dialogue entre les différentes parties libanaises était une affaire locale qu’on ne peut pas faire assumer à l’Arabie saoudite. Le royaume a des relations avec tous les Libanais et n’a aucun intérêt particulier au Liban. C’est la raison pour laquelle nous avons assisté à une compassion de tous les Libanais, de tous bords après le décès du roi Abdallah.

Y aura-t-il du retard dans la livraison du matériel et munitions consacrés à l’armée?
Il n’y aura aucun retard. Tous les contrats ont déjà été signés entre les différents partenaires.

Qu’en est-il de l’élection présidentielle?
L’Arabie saoudite ne se mêle pas de cette affaire et estime que c’est une échéance purement libanaise. Elle est au-dessus d’une ingérence dans une question pareille et n’impose aucun choix. L’Arabie voudrait un accord de tous les Libanais à ce sujet et le point de départ de celui-ci serait un accord chrétien-chrétien. Ceci n’a rien à voir avec les relations personnelles qu’elle entretient avec certaines personnes.

Comment décrivez-vous l’ambiance à Riyad?
Tout le monde était le bienvenu à Riyad pour présenter ses condoléances. Il n’y a pas eu de conversations politiques car les circonstances ne s’y prêtaient pas.

Jean Oghassabian, député du Futur
«La même politique depuis l’indépendance»

 

Quelle était l’atmosphère à Riyad?
Le monde entier était présent pour les obsèques du grand homme qu’était le roi Abdallah. C’était une visite de condoléances pure. Au domicile du président Saad Hariri, il n’y a eu aucun aparté ou réunion à caractère politique. Même dans l’avion privé qui nous transportait, et au bord duquel il y avait plusieurs personnalités dont les anciens présidents Amine Gemayel et Michel Sleiman, il n’y a pas eu de conversations politiques.

La politique de l’Arabie changera-t-elle à l’égard du Liban?
La politique de l’Arabie à l’égard du Liban est la même depuis l’indépendance. Elle se tient aux côtés du Liban dans toutes les circonstances. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de transformations et de confrontations qui me fait dire que nous vivons une guerre planétaire. C’est une lutte d’influence entre les différentes forces et une confrontation entre les pays décideurs dans la région. Nous sommes dans un tunnel où personne n’a encore une vision claire concernant l’avenir. Nous avons besoin que l’Arabie saoudite se tienne à nos côtés pour préserver la stabilité du Liban afin qu’il puisse traverser cette période cruciale. Je ne vois pas de changement dans la politique du royaume mais, au contraire, plus de détermination à préserver la stabilité et la coexistence et à reconstruire la confiance entre Libanais.

Qu’en est-il de l’élection présidentielle?
C’est une affaire purement libanaise et l’Arabie appuie tout accord entre Libanais. 
 

Propos recueillis par Joëlle Seif

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