Magazine Le Mensuel

Nº 2986 du vendredi 30 janvier 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Aoun-Geagea: besoin d’un garant
L’accord Aoun-Geagea devrait être garanti par une haute instance, de l’avis de sources chrétiennes actives dans la crise présidentielle. Le problème, analysent-elles, est dans le manque de confiance mutuel entre les deux chefs que le facteur temps ne semble pas avoir réglé. La seule solution, selon ces sources, est de trouver un parrain à l’éventuelle entente conclue entre les deux pôles chrétiens et qui, mieux que le Vatican, pour jouer ce rôle? Le Saint-Siège étant attaché à la présence des chrétiens dans les pays du Levant, et n’ayant pas cessé de déployer ses efforts dans le but d’aboutir à un règlement du casse-tête présidentiel. Sachant aussi qu’un tel parrainage, par la valeur morale qu’il représente, rendra difficile toute velléité de rupture ultérieure de l’engagement pris par les deux parties. Les sources concluent en rappelant la mission du pape François en faveur de Cuba.

 

Pourquoi Siniora a reporté son témoignage?
Quelles sont les raisons qui ont poussé le président Fouad Siniora à reporter la date de son témoignage devant le tribunal international? S’agit-il réellement d’un problème de santé comme il l’a dit, ou de motifs d’ordre politique liés à la volonté de préserver le climat de détente qui règne depuis le lancement du dialogue Moustaqbal-Hezbollah? Ou encore à des causes qui concernent Siniora lui-même qui se sent marginalisé depuis quelque temps? Des milieux diplomatiques et politiques ont tenté de trouver réponses à ces questions, mais ils sont restés sur leur faim. Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a déjà recueilli les témoignages-fleuves du député Marwan Hamadé et celui de l’ex-ministre Ghattas Khoury…

Hezbollah-Kataëb: le courant passe
«Nous sommes dans une phase de dialogue avec le Hezbollah concernant notre vision du Liban et les moyens à mettre en œuvre ensemble pour la construction de l’Etat». C’est ce que le ministre Sejaan Azzi a révélé, ajoutant que cet échange n’influera pas sur les convictions et positions du parti auquel il appartient. «Nous invitons, aujourd’hui plus que jamais, le Hezbollah à réévaluer son parcours politique et militaire au Liban et dans la région. Nous avons veillé à ce que ce dialogue se déroule loin du tapage médiatique, conformément aux directives du président Amine Gemayel. Lorsque les chances d’aboutir rapidement à un accord sur des affaires qui intéressent les gens ne sont pas réunies, il est nécessaire que le dialogue reste discret et modeste en attendant des circonstances favorables à sa réussite, cela pour ne pas décevoir l’opinion publique. Nos entretiens avec le Hezbollah ont certes bien progressé, mais nous n’en sommes pas encore à la publication d’un communiqué commun».

Dialogues et présidentielle
Le député Walid Joumblatt estime que, malgré les dialogues lancés tous azimuts, aucun progrès sérieux n’est enregistré au chapitre présidentiel. Il ne voit pas comment le dialogue entre les FL et le CPL pourrait modifier la donne, tant que ni Michel Aoun, ni Samir Geagea ne veulent faire de concessions mutuelles. Les conciliabules irano-saoudiens constituent, quant à eux, une démarche de très longue haleine, pense Joumblatt. Des sources chrétiennes expliquent que le général de Rabié détient les clés de la présidence au niveau national, alors que le Dr de Maarab possède celles de cette présidence au niveau chrétien et, par conséquent, c’est lui qui déterminera le sort de Aoun. Si jamais le Dr Geagea accepte de porter le général à la première magistrature, son choix pourra contrarier les alliés (Moustaqbal) et les adversaires (Hezbollah). Comme la position du docteur est primordiale à ce chapitre, il en demandera le prix politique. Le général Aoun acceptera-t-il de le payer?

Le dialogue se poursuit, la crise aussi
«Le dialogue se poursuit tant que la crise demeure». Le président Nabih Berry dixit. Il dit que le soin de décider de la programmation et du timing des débats sur des sujets et dossiers spécifiques est laissé aux participants. Les échanges sur la question de la présidentielle n’aborderont en aucun cas les noms des éventuels candidats mais l’évoqueront, sous l’angle du mécanisme à adopter pour accélérer le processus, en assurant un climat favorable à cette échéance cruciale afin que le Liban soit prêt à affronter les développements régionaux et internationaux à venir. Mais le vice-président de la Chambre, Farid Makari, fait remarquer que «la dose élevée d’optimisme, affichée par Berry, dépasse le plafond auquel pourraient parvenir les protagonistes du dialogue, à mon avis. Mais je veux bien espérer qu’il a raison!».

 

Chaos du côté des camps
La visite effectuée par Azzam el-Ahmad, membre du comité central de Fateh et superviseur général des affaires palestiniennes au Liban, était programmée à l’avance dans le but d’organiser la situation des Palestiniens sur place aux plans sécuritaire, financier et social. Surtout que la force de sécurité commune, qui devait être renforcée pour se rendre dans d’autres camps, dont celui de Bourj Brajné, a dû attendre Ahmad pour que soient réglées les difficultés qui ont entravé son extension. Cependant, la présence de terroristes et de repris de justice à Aïn el-Heloué a précipité l’arrivée du responsable palestinien qui a aussitôt rencontré les autorités libanaises (les présidents Nabih Berry et Tammam Salam, le général Abbas Ibrahim…). Les organes de sécurité lui ont remis une liste des individus recherchés présents dans le camp pour qu’il fasse le nécessaire.

Le compte à rebours a commencé
Le compte à rebours a commencé avec le coup d’envoi du dialogue Hariri-Hezbollah, clame un candidat à la présidence. La préparation de l’élection d’un chef d’Etat qui ne peut être que consensuel, constitue, explique-t-il, l’objectif premier de cet échange. Bien qu’il faille compter quelques mois encore avant le dénouement final. Le Hezbollah ne peut pas rester éternellement attaché au général Michel Aoun, il est contraint d’accepter le consensus et de convaincre celui-ci de cette nécessité. Le parti chiite, poursuit le candidat, sait très bien que les chances du chef du CPL sont nulles, mais il préfère choisir le timing propice à sa volte-face et aussi en obtenir le prix.

Grogne des sunnites du 8 mars
Lorsque sayyed Hassan Nasrallah a souligné récemment le rôle des autres acteurs politiques dans le dialogue, il cherchait à tranquilliser les alliés sunnites du Hezbollah au sein du 8 mars ou à l’extérieur de cette coalition. Certains parmi eux s’étaient interrogés sur leur éventuel rôle futur à la lumière du dialogue de Aïn el-Tiné. Des sources sunnites du 8 mars ont souligné que le Moustaqbal ne résume pas à lui seul l’ensemble de la communauté. Faire face aux groupes takfiristes au sein de cette communauté est une entreprise à laquelle toutes les composantes doivent participer… Ces sources ont, par ailleurs, rappelé que certains partis et instances avaient été attaqués par le Moustaqbal pour leur alliance avec le Hezbollah, ce qui implique qu’il va falloir leur donner des garanties et les convaincre que le dialogue en cours ne se fait pas à leur détriment.

 

L’affaire Sadr fait des remous
Le bémol mis à la discorde entre l’ex-député Hassan Yaacoub et le comité de suivi dans l’affaire Moussa Sadr et ses compagnons est salué par les milieux chiites concernés. Ceux-ci rappellent cependant que Yaacoub est politiquement intéressé par cette affaire comme tous les sympathisants de l’imam disparu, mais aussi personnellement ayant perdu son père qui accompagnait celui-ci… C’est pourquoi, il n’est pas possible de régler les désaccords avec lui via la mobilisation des médias ou les accusations personnelles. C’est bien la première fois depuis trente ans que ce dossier suscite ces dissensions publiques, le comité ayant accusé l’ex-député et fils du cheikh Mohammad Yaacoub, qui était du voyage en Libye, d’exploiter cette cause pour des acquis financiers. La dispute a atteint son paroxysme lorsque le comité, proche du mouvement Amal, a publié un communiqué contre Yaacoub dénigrant la légalité de l’association à travers laquelle il procède, et l’accusant de réclamer à Tripoli des compensations de l’ordre de 36 milliards de dollars. Les milieux considèrent que l’accalmie survenue entre les deux parties sur ce dossier serait due aux médiations d’instances libanaises, et peut-être aussi régionales. En tout cas, «la révélation de la vérité sur la disparition de l’imam Moussa Sadr ne saurait tarder», selon le président Nabih Berry.

Aïn el-Tiné: le règne de la courtoisie
Le dialogue entre sunnites et chiites progresse à une vitesse insoupçonnée, indique une personnalité politique proche d’une haute instance. Elle révèle que la question des Brigades de la Résistance a été soulevée lors du quatrième round du dialogue sans que cela porte atteinte au climat de courtoisie entre les deux parties. L’atmosphère générale s’améliore sur le plan interne, ajoute la personnalité, à tel point que les faucons du Moustaqbal ont présenté leurs condoléances au Hezbollah après l’opération de Qoneitra. Les deux groupes qui se rencontrent semblent d’accord sur la moitié des sujets inscrits à l’ordre du jour, comme, par exemple, la prise d’une position nationale ferme contre l’agression israélienne malgré la présence des combattants du parti chiite dans le Golan. Les Brigades (Saraya) sont perçues comme un facteur de provocation par le Moustaqbal dans plusieurs régions, particulièrement à Saïda, où elles sont accusées de commettre des abus à l’encontre des partisans du président Saad Hariri. Les participants au quatrième round du dialogue ont donc convenu d’une série de mesures médiatiques prônant l’apaisement. Ils ont, par ailleurs, décidé d’alléger les signes partisans extérieurs dans les régions sujettes à frictions à Beyrouth… Tout cela montre que le dialogue avance à la grande satisfaction de Aïn el-Tiné.

L’œil des takfiristes sur le Liban
Il est probable, comme le pensent des sources sécuritaires, que les combattants opposés au régime syrien renouvellent leur attaque pour ouvrir un axe d’accès et de ravitaillement en direction du Liban, surtout dans les régions de l’ouest de Zabadani proches du point frontalier de Masnaa. Les Renseignements de l’armée prennent des mesures préventives dans les villages du centre et du nord de la Békaa pour démolir l’environnement favorable aux groupes terroristes et démonter l’infrastructure qu’ils ont implantée dans ces bourgades tout au long des années passées. Parallèlement aux informations sur la présence de dizaines de takfiristes candidats au suicide prêts à passer à l’acte dans plus d’une région libanaise, la victoire remportée par l’armée syrienne qui a repris le contrôle de Yabous, au nord de Masnaa, a éloigné quelque peu le danger terroriste des villages de la Békaa centrale, comme Anjar, Majdel Anjar et leurs alentours, ont affirmé ces sources qui rendent hommage à la ferme détermination de l’armée dans sa guerre contre le terrorisme. C’est ce que les batailles menées et les sacrifices consentis dans le jurd de Ras Baalbeck ont prouvé une fois de plus.

Druzes d’Idleb: al-Nosra impose sa loi
Alors que l’on enregistre des mouvements sur le front du Sud syrien, on parle d’une réunion secrète, en Turquie, des druzes opposants au régime. D’après une source qui suit ce dossier, le député Walid Joumblatt a joué un rôle dans l’organisation de ce rassemblement auquel des alaouites opposants de l’extérieur ont participé. Le leader du Chouf est partie prenante dans l’exécution d’un plan visant à modifier la position populaire qui soutient le gouvernement syrien auquel sont restés attachés les druzes dans la ville de Soueïda et son rif dont le nombre s’élève à quelque 500000 personnes, poursuit cette source. L’entente conclue entre Joumblatt et l’opposition armée, notamment avec al-Nosra, pour soi-disant préserver la présence druze dans la région d’Idleb, dissimule en fait la vérité sur la persécution que font subir les combattants de ce mouvement takfiriste à la minorité druze d’Idleb (18000 personnes), à qui al-Nosra a donné, selon les informations qui circulent, un délai d’une semaine pour détruire ses cimetières. On rapporte aussi que des appels sont lancés à ces mêmes habitants pour qu’ils se convertissent à l’islam. Par ailleurs, les représentants de vingt villages druzes ont été contraints de signer un document imposant l’application des règles de la charia: interdiction de la mixité, femmes au foyer et vêtements conformes…

 

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