Magazine Le Mensuel

Nº 2989 du vendredi 20 février 2015

Confidences Liban

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Joumblatt et Berry à l’unisson
Le président Nabih Berry et le député Walid Joumblatt semblent être sur la même longueur d’onde: le leader druze appelle à l’activation du dossier présidentiel en lui donnant une dimension nationale et non exclusivement chrétienne, et le chef de l’Assemblée soutient le concept de «dimension nationale», révélant que la deuxième clause inscrite sur l’agenda du dialogue de Aïn el-Tiné, après l’apaisement des tensions communautaires, est la question présidentielle.
Des sources politiques chrétiennes pensent que le dialogue CPL-FL indispose Joumblatt habitué aux dissensions interchrétiennes. Pressentant une possibilité d’entente entre les deux grands pôles chrétiens, il souhaite minimiser leur influence sur cette échéance en invoquant le principe de la «dimension nationale».

 

Michel Samaha sera-t-il liquidé?
L’ancien ministre Michel Samaha a demandé son transfert à l’hôpital, pour raisons de santé, et le procureur militaire a approuvé sa requête. Mais l’approbation a été retirée après l’intervention du juge Samir Hammoud, vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, et l’accord du ministre de la Justice, Achraf Rifi, qui ont reçu des informations hautement crédibles sur une éventuelle tentative de liquidation de Samaha lors de son transfert, vu les graves informations qu’il détient. Le déplacement de Samaha vers un hôpital privé sera tributaire de deux conditions: d’abord que son état de santé le nécessite, et ensuite que l’organe sécuritaire, chargé de son transfert, puisse lui assurer une surveillance sans faille et assumer la pleine responsabilité de sa sécurité.

Armes jordaniennes à l’armée
La visite officielle du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, en Jordanie a été clôturée par une rencontre avec le roi Abdallah II au palais de Hussaynia. Le monarque jordanien, comme le rapportent des sources de la délégation libanaise, a fait savoir que son pays était disposé à ouvrir les arsenaux jordaniens pour combler les besoins de l’Armée libanaise, allant de «l’entraînement jusqu’à l’acquisition d’avions de combat». Le ministre Machnouk a appris aussi que Amman avait offert à l’institution militaire libanaise une cargaison d’armes, à la suite d’une demande présentée par l’ex-président Hariri.

Alliances tripolitaines en mutation
Fin de l’alliance entre le président Najib Mikati et le député Mohammad Safadi, rapportent des milieux à Tripoli. Ce dernier essaie de restaurer sa relation avec Saad Hariri, après leur rupture à la suite de l’acceptation par Safadi du portefeuille des Finances dans le cabinet Mikati. Parallèlement, on attend l’orientation que compte prendre l’ex-ministre Fayçal Karamé après sa visite à Riyad et son entretien courtois et prolongé avec l’ex-président Hariri. Cependant, ces milieux écartent la possibilité d’une alliance entre les deux leaders dont les positions sont aux antipodes sur plusieurs dossiers: la relation avec le Hezbollah, la candidature du général Michel Aoun à la présidence… Sans oublier que Fayçal Omar Karamé ne compte pas rompre avec le président Mikati, et qu’il est farouchement opposé à l’alliance politique actuelle entre Hariri et le Dr Samir Geagea.

Salam rencontre Zarif
Dans le cadre de sa rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, à Zurich, le Premier ministre Tammam Salam a sollicité l’aide de Téhéran pour faciliter l’organisation de la présidentielle, comme cela avait été le cas pour la mise sur pied du gouvernement libanais, il y a un an. Zarif a promis de voir ce qu’il «peut faire à ce chapitre», sachant que la position iranienne affichée est que cette échéance est purement libanaise.

Dossier sécuritaire sur la table
Le Moustaqbal, dans le cadre du dossier sécuritaire ouvert sur la table du dialogue à Aïn el-Tiné, compte aborder la question des détenus islamistes et des chefs des axes de Tripoli pour demander l’accélération de leurs procès en vue de leur libération en l’espace de quelques semaines ou de quelques mois.
La délégation du Futur avait soulevé le sujet des Brigades de la Résistance, surtout à Saïda et à Beyrouth, mais le Hezbollah ne semble pas avoir été coopératif à cet égard refusant de suspendre les «Saraya» ou même de leur demander de se faire plus discrètes.

Zahlé dans le viseur des terroristes
Les affrontements militaires entre l’armée syrienne et les combattants du Front al-Nosra et Ahrar el-Cham, qui se déroulent du côté syrien de la frontière, poussent l’Armée libanaise à consolider sa présence et à établir de nouvelles bases dans la région de l’est de Zahlé, par crainte de l’infiltration des éléments armés à l’intérieur du territoire libanais. Des mines antichars et antipersonnel ont été implantées dans les vallées et les passages montagneux menant aux divers villages, allant des collines de Anjar au sud jusqu’aux hauteurs de R’it en passant par Kfarzabad, Aïn Kfarzabad, Koussaya et Deir el-Ghazal. La troupe a prévenu les habitants (surtout les bergers), par le biais des municipalités, de la nécessité d’éviter ces régions.
Une source militaire révèle que l’armée a déplacé les camps des réfugiés syriens, situés sur les frontières à l’est de Zahlé, pour les isoler, au cas où les combattants takfiristes décident de percer le front pour que le scénario de Ersal ne se reproduise pas. Les réfugiés dans la Békaa en général, et à l’est de Zahlé en particulier, sont sous la surveillance rigoureuse de la troupe.

Sommet antiterroriste: Beyrouth absent
Un responsable du secrétariat d’Etat aux Affaires étrangères américain déplore l’absence annoncée du Liban au Sommet de la lutte antiterroriste, qui doit se dérouler la semaine prochaine à Washington, tout en affirmant que le partenariat entre les Etats-Unis et le Liban, à ce chapitre, reste solide et important.
Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a communiqué aux responsables américains, le refus du Liban de participer à ce sommet en raison de la présence d’Israël qui pratique le terrorisme contre le Liban et la Palestine. Même attitude annoncée par le ministre Nouhad Machnouk, qui sera parmi les absents, mais qui a révélé qu’il prendra le chemin de Washington dans deux mois. D’après certaines sources, l’attitude libanaise a embarrassé les délégations arabes. Il n’est pas exclu que d’autres pays de la région arabe prennent exemple sur Beyrouth, notamment Bagdad.

 

Liban-Egypte: l’économie d’abord
Des participants au Forum d’affaires libano-égyptien qui s’est déroulé à Beyrouth, le 13 février, ont été surpris par le volume des relations économiques entre le Liban et l’Egypte. Ils ont affiché leur optimisme quant à une éventuelle amélioration de ces relations. En ce sens que Le Caire constituerait une porte d’entrée vers plusieurs pays d’Afrique pour les investisseurs libanais. La valeur des investissements libanais en Egypte, dont certains remontent à des décennies, a atteint 3,7 milliards de dollars pour quelque 1200 projets. Ce qui place le Liban au 15e rang parmi 150 pays ayant des investissements en Egypte. Les échanges commerciaux bilatéraux déséquilibrés ont, en revanche, été critiqués. Ils ne dépassent pas les 700 millions de dollars, dont 90% de produits importés par le Liban et 10% de produits exportés. Egalement pointée, la faiblesse des investissements égyptiens au Liban. Le marché égyptien bénéficie de plusieurs attraits pour les capitaux libanais, offrant un grand nombre d’opportunités aux plans industriel, commercial, agricole… affirment ces participants.

Restructuration des Ikhwan
Nouvelle étape pour les organisations islamistes des Ikhwan après une restructuration qui a touché la nébuleuse à l’international, en Turquie, au Pakistan et en Europe. Une restructuration qui est allée de pair avec le renouvellement du commandement de la confrérie visant à raffermir le contrôle sur les Ikhwan des pays arabes dont la Jamaa islamia au Liban. Les rapports qui dévoilent cette information notent que la Jamaa se trouve dans un grand pétrin face aux forces du courant salafiste et au Moustaqbal, étant à l’écart du dialogue communautaire qui se déroule dans le pays. Les rapports font le lien entre les déclarations antichrétiennes du député Khaled Daher et l’éducation dispensée par les Ikhwan qui a semé la haine communautaire en Egypte, depuis le milieu des années 70 du siècle dernier, puis en Irak, en Syrie et au Liban. Les conséquences de la demande «euro-américaine» pour l’octroi d’un rôle aux Ikhwan dans la vie politique des pays arabes sont néfastes pour le Liban, poursuit le rapport. Il en résulterait un environnement international et régional propice à Khaled Daher et consorts qui pourront échapper de la sorte à tout questionnement politique, médiatique ou même juridique…

Maoulawi s’active à Aïn el-Heloué
Les activités que mène Chadi Maoulawi à partir de Aïn el-Heloué, où il a trouvé refuge, font de ce takfiriste tripolitain un danger public. Il est accusé par une source politique informée d’être le rédacteur du dernier communiqué émis par les brigades Abdallah Azzam contre l’Armée libanaise. Maoulawi, a-t-on remarqué, a piloté un nombre d’éléments suicidaires, dont certains de nationalités arabes, pour mener des attaques simultanées sur les postes militaires dans le jurd du nord de la Békaa. L’attitude passive des responsables palestiniens face aux agissements de Maoulawi à partir du camp, ne pourra cependant pas se prolonger longtemps. Le délai pris pour la formation du Haut Comité sécuritaire palestinien sert les intérêts de ce chef terroriste, en contact avec quelques mouvements palestiniens, le Hamas en particulier, par le biais d’une personnalité du Nord qui a démenti la présence du prévenu dans le camp. Il faut savoir que le terroriste de Copenhague, Omar el-Hussein, est d’origine palestinienne du camp de Aïn el-Heloué. Natif de 1992, sa famille avait émigré pour l’Europe en 1985, comme le rapportent des sources libanaises.

Moustaqbal: discorde interne dans la Békaa-Ouest
Ahmad Hariri n’a pas réussi à régler les différends qui opposent le député Jamal Jarrah à certains cadres du Moustaqbal dans la Békaa-Ouest. Ces derniers accusent Jarrah d’avoir tendance à agir de façon autoritaire et arbitraire en faisant fi de la ligne politique «haririenne». Des sources proches de la branche du Futur dans la Békaa avancent, en prévision des législatives, le nom d’un concurrent haririen à Jarrah dans la région. Il s’agit de l’homme d’affaires Mohammad Yassine du village de Ghaza. Ce candidat qui, selon ses milieux familiaux, bénéficie de l’appui d’Ahmad Hariri et ne porte pas le poids d’une relation précédente avec l’autorité de tutelle syrienne. Parallèlement, l’homme a initié des projets de développement dans son milieu et n’a cessé de soutenir les institutions de Hariri, contrairement à Jarrah et à d’autres cadres qui ont tiré profit de l’action sociale… Les sources pensent que le courant de Hariri a besoin de renforcer sa dynamique structurelle et sociale dans la Békaa-Ouest, ce à quoi œuvre le «cheikh Ahmad».

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