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Nº 2990 du vendredi 27 février 2015

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Objectif: développement durable. Un business éthique et engagé

La Responsabilité sociale des entreprises gagne du terrain, y compris au Liban. Les entreprises, quel que soit leur secteur, ont en effet tout à y gagner, qu’il s’agisse d’image, mais aussi de profitabilité. Au fil des ans, le concept de responsabilité sociale − ou sociétale − des entreprises continue de tracer sa route au Liban. De plus en plus d’entreprises intègrent dans leur stratégie ce concept qui conduit à un business plus éthique, engagé et ancré dans la société. La réussite de la quatrième édition CSR Lebanon Forum, organisée en décembre dernier par CSR Lebanon, en témoigne.
 

La Responsabilité sociale des entreprises (RSE) est désormais prise au sérieux par de nombreux acteurs, conscients de la nécessité de s’engager durablement envers la société. D’abord timide, la RSE a fait son chemin au Liban, le secteur privé intégrant de plus en plus cette notion dans sa culture d’entreprise.
Si, au départ, il y a quelques années, la dimension RSE était essentiellement vue du point de vue philanthropique − en soutenant des associations caritatives ou des festivals −, la donne a aujourd’hui changé. Ce soutien, qui pouvait s’apparenter à du mécénat en même temps qu’à une opération de communication bien huilée, se poursuit bien évidemment, mais commence à laisser place à un engagement bien plus durable dans la communauté. Les entreprises ont compris qu’en tant que moteur économique, elles doivent aussi modifier leur façon de faire du business, pour une économie plus durable. Il s’agit de changer ses pratiques de gouvernance, mais aussi, par exemple, de s’impliquer directement, via son impact environnemental, ou encore son impact sociétal.

 

Global Compact
Au fil du temps, les entreprises sont de plus en plus nombreuses, dans le pays, à devenir signataires du Pacte mondial des Nations unies, qui constitue la charte à suivre en matière de RSE. L’entreprise de conseil sur la RSE, CSR Lebanon, dirigée par Khaled Kassar, a même été chargée depuis décembre 2012 de lancer au Liban le réseau libanais du Pacte mondial, appelé aussi Global Compact.
Ce pacte, qui fait office de charte de la responsabilité sociale, est un accord international mis en place par les Nations unies en 2 000 afin d’encourager les entreprises à s’engager dans le développement durable. Le Global Compact promeut ainsi dix principes universels qui mettent l’accent sur les droits de l’homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption.
Aujourd’hui, plus de 12 000 entreprises et organismes citoyens répartis dans plus de 145 pays ont rejoint le Pacte mondial, dont l’objectif premier est de promouvoir la légitimité sociale des entreprises et des marchés. Y adhérer, c’est partager la conviction que des pratiques commerciales, fondées sur un certain nombre de principes universellement reconnus, contribueront à l’émergence d’un marché mondial plus stable, plus équitable et plus ouvert et de sociétés prospères et dynamiques. Au Liban, ce sont les banques, comme la Fransabank ou, plus récemment, la Banque Libano-Française, qui ont fait office de locomotive en en devenant des signataires. Toutefois, le pacte n’est en rien contraignant et n’oblige pas les organismes et entreprises à appliquer tous ses principes. Les signataires doivent cependant s’engager à prendre des mesures pour modifier la façon dont ils opèrent. Les principes de RSE promus dans la charte peuvent donc s’intégrer à leur mode d’administration, à leur stratégie, à leurs activités quotidiennes, en tant qu’entreprises. Un rapport annuel doit être émis par l’entreprise signataire sur la manière dont elle applique le Pacte mondial et ses principes.
 

Des clients consomm’acteurs
Mais aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation et des réseaux sociaux, la plupart des grandes entreprises se sont dotées d’une politique de responsabilité sociale dans une démarche de développement durable. Car les consommateurs ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années. Ce sont davantage des consomm’acteurs qui peuvent juger des actions et de la valeur ajoutée d’une entreprise dans la communauté. Des mauvaises pratiques, comme le travail des enfants, la pollution de l’environnement, par exemple, sont de plus en plus dévoilées au grand jour, poussant les entreprises à rectifier la voilure.
Certaines le font par conviction, d’autres pour modifier leur image, et d’autres parce qu’elles sont conscientes qu’elles ont tout à y gagner. Parce qu’une stratégie de responsabilité sociale bien pensée a bel et bien un impact sur les performances d’une société. Aujourd’hui, celles-ci ne cherchent pas seulement une performance financière, mais aussi une performance globale, qui soit autant économique, environnementale que sociale.
Par exemple, dans le secteur des assurances, acteur majeur dans le domaine de la RSE, certaines grandes compagnies ont choisi de mettre en place un programme d’assurance spécialement destiné aux entreprises qui ont placé le développement durable au cœur de leur stratégie. Avec le postulat qu’une entreprise impliquée en matière de RSE présente moins de risques. En retour, ces compagnies proposent à ces clients moins risqués des remises tarifaires. Chacun est ainsi gagnant. L’assureur d’un côté, qui remporte un marché, et le client de l’autre qui se sent mieux compris, tout en payant moins.
Avec le temps, les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité, comprennent de plus en plus qu’elles ont tout à gagner à être plus éthiques. Plus de crédibilité, plus de visibilité, de transparence, mais aussi, une profitabilité accrue.

Jenny Saleh

Adnan Kassar récompensé
Déjà reconnu par le monde des affaires, tant sur le plan régional qu’international, le P.-D.G. du groupe Fransabank, Adnan Kassar, s’est vu remettre le 15 mai 2014, le Business for Peace Award, à Oslo. Ce prix prestigieux, décerné par un comité indépendant constitué d’anciens lauréats du prix Nobel de la paix et de l’économie, n’est pas anodin. Adnan Kassar est en effet l’un des premiers signataires de la Charte Global Compact qui réglemente en quelque sorte le concept de Responsabilité sociale des entreprises. Il a été retenu parmi plus de 120 candidats issus de 50 pays pour ses qualités d’homme d’affaires, mais pas seulement. Le président de la fondation Business for peace, Per L. Saxegaard, a salué «ses actions et ses engagements qui ont contribué d’une façon remarquable à la promotion de pratiques commerciales éthiques et socialement responsables, et constituent un exemple pour le monde entier». Un bel hommage et un prix qui ont rendu Adnan Kassar extrêmement fier, d’autant que ce prix est la plus haute distinction décernée à des personnalités du monde des affaires pour leur contribution à la «promotion de la paix et de la stabilité sociale par la création de valeurs communes entre le monde des affaires et la société». «En ce qui concerne mon engagement pour la promotion de la notion de comportements socialement responsables, je suis fermement convaincu que les entreprises se doivent d’être des acteurs exemplaires et fiables dans leur environnement. J’ai toujours soutenu cette position et j’ai essayé de la mettre en application dans toutes les entités que j’ai dirigées. Pour toute entreprise, redonner à la société ce qu’elle vous a avancé est un devoir et une responsabilité et constitue une garantie de succès à long terme», a souligné Kassar.

Le Pacte mondial
Inspiré par la Déclaration universelle des droits de l’homme, par la Déclaration de l’Organisation internationale du travail, la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement et la Convention des Nations unies contre la corruption, le Pacte mondial se focalise sur dix grands principes de bonne conduite pour les entreprises:
Droits de l’homme «Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la protection du droit international relatif aux droits de l’homme dans leur sphère d’influence, et à veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent pas complices de violations des droits de l’homme».
Droit du travail «Les entreprises sont invitées à respecter la liberté d’association et à reconnaître le droit de négociation collective; l’élimination de toutes les formes de travail forcé ou obligatoire; l’abolition effective du travail des enfants et l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession».
Environnement «Les entreprises sont appelées à appliquer l’approche de précaution face aux problèmes touchant l’environnement, à entreprendre des initiatives tendant à promouvoir une plus grande responsabilité en matière d’environnement et à favoriser la mise au point et la diffusion de technologies respectueuses de l’environnement».
Lutte contre la corruption «Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption sous toutes ses formes, y compris l’extorsion de fonds et les pots-de-vin».

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