Magazine Le Mensuel

Nº 2990 du vendredi 27 février 2015

Événement

Oscars 2015. Le 7e art entre rire et émotion

Tant attendue depuis le début de l’année, la 87e cérémonie des Oscars a enfin eu lieu dimanche soir, le 22 février. Retour sur le palmarès et les moments forts de la cérémonie.

Entre les anecdotes, les commentaires, le buzz sur la Toile et le défilé des personnalités, il ne faut surtout pas oublier que la cérémonie des Oscars est avant tout une reconnaissance du 7e art et des talents d’aujourd’hui et d’hier. Alors, ce qu’on retiendra du palmarès de la 87e cérémonie des Oscars:
La grande victoire de Birdman qui remporte quatre statuettes sur ses neuf nominations, dont deux des plus importantes, meilleur film et meilleur réalisateur pour le Mexicain Alejandro G. Iñárritu. Il est également récompensé pour le meilleur scénario original et la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki).
  Les Oscars techniques du merveilleux Grand Budapest Hotel de Wes Anderson: meilleure direction artistique, meilleurs costumes, meilleurs maquillage et coiffure, mais surtout le trophée de la meilleure musique remporté par Alexandre Desplat, le seul Français à être consacré cette année. Le compositeur était nommé à deux reprises dans cette catégorie, également pour la bande-son d’Imitation Game.
  Les trois distinctions de Whiplash de Damien Chazelle: les Oscars du meilleur montage (Tom Cross) et du meilleur mixage sonore, ainsi que celui du meilleur acteur dans un second rôle attribué au magistral J.K. Simmons. Une consécration largement méritée dans le rôle d’un professeur de musique tyrannique et sadique, le seul point fort d’ailleurs du très caricatural Whiplash.
  L’éviction presque totale de Boyhood de Richard Linklater. Cette poignante saga familiale du quotidien, filmée sur une période de douze ans, montrant le vieillissement des acteurs, était pourtant nommée à six reprises. Mais le film ne remporte que le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Patricia Arquette.
  Et finalement Timbuktu de Abdelrahman Sissako, largement salué aux Césars deux jours plus tôt, cède l’Oscar du meilleur film étranger au polonais Ida de Pawel Pawlikowski qui, dans la Pologne des années 60, suit l’histoire d’Anna, une jeune orpheline élevée dans un couvent qui découvre un sombre secret de famille datant de l’occupation nazie.
Voici en quelques lignes les plus importants éléments du palmarès, sans oublier évidemment les deux autres Oscars principaux, ceux du meilleur acteur et de la meilleure actrice. Pas de surprise de ce côté-là, Eddie Redmayne l’emporte dans The Theory of everything pour son interprétation très physique du scientifique Stephen Hawking qui, en raison de la maladie de Charcot, est cloué dans un fauteuil roulant et même privé de paroles. Le jeune acteur britannique, qui avait déjà remporté un Golden et un Bafta pour ce rôle, était pourtant face à une rude concurrence; Michael Keaton (Birdman), Steve Carell (Foxcatcher), Bradley Cooper (American Sniper) et
Benedict Cumberbatch (The Imitation Game). Ce dernier d’ailleurs a fait l’objet de pas mal de commentaires sur les réseaux sociaux, n’ayant pas apprécié être filmé en train de boire de sa flasque, lançant un retentissant «Go away» à la caméra. Quant à son duplicata féminin, c’est Juliane Moore qui se distingue dans son interprétation d’une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer dans Still Alice.
Notons également, le seul Oscar d’American Sniper pour le meilleur montage sonore, celui des effets spéciaux pour Interstellar et celui du meilleur scénario adapté pour Imitation Game.

 

Discours et messages forts
La nuit du dimanche à lundi, heure de Beyrouth – si le fuseau horaire a réussi à contourner le sommeil –, les regards étaient braqués sur le petit écran pour une transmission en direct du Dolby Theatre à Los Angeles. Rire, émotion et moments intenses, la 87e cérémonie des Oscars ne déroge pas à ces traditions. A commencer par l’incontournable défilé sur le tapis rouge. Robes de soirée signées pour les femmes et costards élégants pour les hommes, les stylistes libanais deviennent encore plus plébiscités d’année en année, à l’instar, entre autres, d’Elie Saab qui a habillé Jennifer Lopez et Emma Stone, ou Zuhair Mrad. C’est entre le crépitement des caméras et les phrases lancées rapidement, que la cérémonie commence. Succédant à Ellen DeGeneres, Neil Patrick Harris, héros de la série télévisée How I met your mother, se charge de la mission de maître de cérémonie, une vraie mission qui nécessite un dosage astucieux de plaisanterie et de sérieux, ou les deux à la fois au détour de piques qui resteront gravées dans l’histoire des Oscars. C’est ainsi qu’il a ironisé sur la tendance très blanche des nommés: «Today we honor Hollywood’s best and whitest… sorry brightest» («Nous rendons hommage aujourd’hui à la face la plus blanche de Hollywood… pardon, la plus brillante»).
Entre anecdotes et moments d’émotion, le discours de Patricia Arquette a également suscité un tollé sur la Toile et dans la salle du majestueux théâtre. Empochant l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, elle plaide en faveur de l’égalité salariale entre acteurs et actrices. Un message fort et «féministe» largement salué par Meryl Streep et Jennifer Lopez, assises côte à côte. Parmi les autres moments forts de la cérémonie, l’hommage rendu au 50e anniversaire du mythique Sound of Music. La star de la pop, Lady Gaga, a interprété, en toute sobriété, contrairement à ses légendaires excentricités, certains des plus grands tubes du film. Une interprétation suivie aussitôt de l’entrée en scène de Julie Andrews qui remet à Alexandre Desplat l’Oscar de la meilleure musique. Musique toujours et moment intense, la meilleure chanson Glory pour le film Selma est interprétée par John Legend et Common. «Cette lutte pour la justice est encore d’actualité, disent-ils. Il y a plus d’injustice qu’au temps de l’esclavagisme. Nous avons le record d’hommes noirs en prison». Frisson et standing ovation, les Oscars c’est toujours, malgré tout, autant de moments marquants.

Nayla Rached

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