L’importance des banques centrales dans le monde a fortement augmenté ces dernières années. Aucun jour presque ne passe sans qu’elles soient à la une de l’actualité économique et monétaire. Jean-Pierre Roth, ancien président de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS), avait considéré que ce phénomène est un signe que la politique n’a pas bien fait son travail. Les banques d’émission doivent le faire. C’est l’avis qu’il a affiché au lendemain de l’abandon par la Suisse du cours plancher de 1,20 franc犀利士
suisse pour un euro et l’émergence de ce qu’on appelle, depuis, «la crise de l’euro». Dans cette logique, la Banque du Liban (BDL) a réagi et rappelé aux banques commerciales certaines règles à appliquer strictement concernant les opérations de change. Le patron de la BDL, Riad Salamé, a souligné à l’adresse des banquiers libanais que le marché des changes est stable et connaît un excédent d’offres de temps en temps. Il est impératif, toutefois, de respecter littéralement la circulaire de la Banque centrale portant sur les opérations de change sur devises. En ligne avec cet esprit, les banques doivent exiger de leurs clients qui opèrent sur le marché des changes une marge égale à au moins 20%. Cette mesure requise s’inscrit au registre du souci de la BDL de protéger, tant les établissements de crédit que leurs clients, face à la volatilité des marchés des changes induite par les fluctuations du cours des monnaies. La Banque centrale appréhende une forte volatilité qui secouerait les opérations sur les devises sur le marché des changes, similaire à celle qui a eu lieu en janvier dernier au lendemain de la réévaluation du franc suisse. Selon le gouverneur, les marchés des changes aux Etats-Unis, en Europe et au Japon pourraient aussi connaître une forte volatilité si les autorités monétaires continuent d’avoir recours à des mesures de politiques monétaires tel l’assouplissement des liquidités (quantitive easing).
Que s’est-il passé en janvier dernier?
La décision soudaine de la Banque nationale suisse d’abandonner le cours plancher de 1,20 franc suisse pour un euro a provoqué un véritable chaos sur les marchés financiers. Dès l’annonce de la nouvelle, la monnaie européenne a décroché pour s’établir autour de la parité avec le franc. L’impact sur les valeurs suisses a été tout aussi dramatique avec un plongeon de l’indice SMI d’environ 14%. Dans le même temps, le CAC 40 a d’abord chuté de 3,7%, avant de reprendre plus de 5%. Par ailleurs, le timing de l’annonce, un mois après l’effondrement spectaculaire du rouble, laisse penser que la Suisse est également affectée par des décisions politiques venues d’ailleurs. Avec la décision de Washington d’utiliser le dollar comme vecteur de sanction contre les régimes qui ne lui plaisent pas, il ne reste plus beaucoup d’endroits sûrs dans le monde. De surcroît, les intermédiaires financiers se montrent désormais prudents dans leurs transactions en dollars après l’amende record de 9 milliards infligée à la banque BNP Paribas.
Liliane Mokbel