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Nº 2993 du vendredi 20 mars 2015

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Femmes dans la politique. Pour un ministère de la Femme au Liban

Femmes dans l’engagement politique, une chance pour la démocratie, débat autour d’un ministère de la Femme au Liban. C’est sur ce thème qu’a eu lieu à l’Unesco une table ronde avec Nadia Hachem Aloul, Leila Saadé et Patricia Elias Smida. La rencontre a eu lieu en présence du professeur Hervé Sabourin, directeur du Bureau Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie.

Une centaine de personnes réunies au siège de l’Unesco à Beyrouth, autour de l’ancienne ministre jordanienne de l’Etat des Droits des femmes, Nadia Hachem Aloul, de Leila Saadé, présidente de l’Ecole doctorale de droit du Moyen-Orient, et de Patricia Elias Smida, avocate et présidente d’Avenir Liban, ont débattu du statut de la femme. C’est Leila Saadé qui a ouvert le débat en affirmant sur un ton déterminé que la cause des femmes avance à petits pas dans les pays arabes: «Il est temps, dit-elle, que l’Etat devienne partie prenante du combat pour l’égalité» et prenne les mesures nécessaires pour que les choses changent. Partageant avec les participantes son expérience personnelle, l’ancienne ministre revient sur son passage en milieu universitaire qu’elle qualifie de  «hautement discriminatoire contrairement à ce que l’on pourrait croire» et cela ne s’arrête pas là. A son avis, les femmes sont victimes de discrimination dans le milieu professionnel en général, ainsi que dans les divers domaines publics et même privés. De ce fait, elle a insisté sur l’importance et l’efficacité d’un ministère de la Femme au Liban, susceptible de faire bouger les choses.
Patricia Elias Smida, qui se dit indépendante de toute influence économique et politique, revient sur les lois libanaises qui, selon elle, sont par essence discriminatoires et soulève l’exemple du droit qui gère les faillites. Cette avocate chevronnée précise que lorsqu’une entreprise dirigée par un homme fait faillite, les biens de sa femme sont considérés siens et utilisés pour rembourser ses dettes, alors que si c’est la femme qui est responsable de la faillite, les biens de son mari sont intouchables et restent préservés.
C’est la mentalité des femmes qui doit d’abord changer, a insisté pour sa part Nadia Hachem Aloul. L’ex-ministre d’Etat des Droits des femmes en Jordanie relate le parcours d’une femme qui s’était présentée aux élections en Jordanie, mais qui n’avait pas obtenu une seule voix, ayant elle-même voté pour son cousin. Elle a, par ailleurs, insisté sur le fait que même si la bataille est difficile, même si les femmes dans le monde arabe n’obtiennent pas gain de cause dans les délais les plus brefs, la bataille vaut la peine d’être menée jusqu’au bout pour que les générations futures en profitent.
Cette conférence-débat s’est déroulée devant un parterre de femmes activistes qui se battent, chacune de son côté, pour défendre les droits des femmes notamment au Liban. Les femmes qui, à ce jour, sont spoliées de leurs droits les plus élémentaires. Après le débat, plusieurs d’entre elles ont relevé que dans les pays développés, on ne peut même pas concevoir que la question des violences conjugales reste un sujet tabou du fait que l’on favorise les diktats religieux et sociaux dans ce domaine. Autre exemple, le fait qu’une femme libanaise ayant épousé un étranger ne puisse pas donner la nationalité libanaise à ses enfants même nés au Liban, avec toutes les répercussions que cela entraîne sur leur avenir socialement, mais aussi sur le plan professionnel et autres. La question du quota a été également discutée, la plupart des activistes considérant que la femme ne pourra s’imposer sur le plan politique si ce principe n’est pas adopté, le temps que la culture et les mentalités changent.

Danièle Gergès

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