Si, jusqu’à présent, les prêts bancaires destinés à l’achat d’un véhicule étaient grandement facilités par les concessionnaires comme par les banques, les conditions ont toutefois changé, avec une hausse de l’apport personnel, qui pèse sur les ventes d’automobiles.
L’acquisition d’une voiture reste l’un des achats majeurs effectués par les consommateurs libanais. Faute de réseau de transport public efficient, les Libanais sont quasi obligés de posséder un véhicule pour leurs déplacements, qu’il s’agisse de se rendre à leur travail, d’emmener leurs enfants à l’école, ou pour leurs loisirs.
Jusqu’à l’année dernière, les formalités nécessaires pour contracter un emprunt bancaire nécessaire à l’achat d’un véhicule étaient relativement simples. Moyennant salaire, bien évidemment, il suffisait de se rendre chez un concessionnaire automobile pour y choisir d’un même coup son véhicule et remplir les formalités d’emprunt. Banques, compagnies d’assurances et concessionnaires travaillent en effet de concert pour faciliter aux usagers l’accès à la propriété d’un véhicule. Des produits clés en main, combinant prêt auto et assurance assortie pour la durée de remboursement du prêt. Avec un avantage de taille pour le consommateur, celui de ne pas avoir à démarcher les banques et les compagnies d’assurances, mais de bénéficier à la place d’un «one-stop-shop», leur permettant de tout gérer depuis le garage automobile. Tous les acteurs étaient gagnants. L’acheteur devenait propriétaire de voiture sans trop de problème, les banques et les assurances élargissaient leur portefeuille clientèle et les concessionnaires pouvaient renchérir avec des offres alléchantes.
La BDL met le holà
Cette situation, c’était avant octobre 2014. Car dans un pays où l’apparence est gage de succès, des excès ont été enregistrés. Les facilités bancaires entre autres octroyées par certains établissements ont incité certains consommateurs à en profiter pour acheter des voitures bien au-dessus de leurs moyens. Avec comme conséquence, au fur et à mesure que les échéances arrivaient, de plus en plus de problèmes, pour les acheteurs imprudents, à honorer leurs paiements mensuels à la banque. Une tendance qui s’est poursuivie pendant de nombreuses années, jusqu’à ce que la Banque centrale du Liban y mette le holà. Dans une initiative destinée à protéger autant les consommateurs que les organismes de prêts, la Banque du Liban a émis une nouvelle circulaire le 21 août 2014, effective depuis le mois d’octobre dernier, instituant un apport personnel de 25% en préalable à tout prêt automobile ou immobilier. Quant aux échéances, elles ne devront pas dépasser les 45% du revenu familial de l’emprunteur. Une décision qui vise à organiser les prêts de «détail» et à réduire en même temps le risque de défaut de paiement.
Pourtant, dans le domaine des prêts automobile, les défauts de paiements restent inférieurs à 5% de manière générale, ce qui en fait un emprunt à faible risque pour les banques. Mais la Banque centrale a estimé que ce secteur devait être mieux protégé, dans l’intérêt de tous. Bien évidemment, cette nouvelle réglementation n’a pas réjoui tous les acteurs d’un marché, déjà affecté par la crise régionale et politique qui ralentit l’économie libanaise. Les concessionnaires ont ainsi constaté que cette circulaire, mettant en place un apport personnel obligatoire de 25% de la somme empruntée, avait eu des conséquences sur les ventes de petites voitures, qui attirent généralement les clients à revenus modestes. Car ce segment de clientèle, à faible revenu, ne peut très souvent pas se permettre de faire un apport aussi important. Les ventes de voitures neuves, notamment les petites cylindrées d’un montant inférieur à 15 000 dollars, pourraient donc enregistrer un léger recul, au profit des véhicules d’occasion, qui étaient ces dernières années, délaissés
par les acheteurs.
De même, si cette nouvelle circulaire complique plus l’accès à l’achat d’un véhicule pour les plus modestes, tout en protégeant les banques, elle devrait laisser de nombreux consommateurs sans accès facile aux transports, compte tenu de l’inexistence d’un réseau de transport public efficace et bon marché au Liban.
Du côté de la Banque du Liban, on se défend, en arguant que cette circulaire vise à agir sur les défauts de paiements enregistrés dans les prêts de détail, et à protéger les clients comme les acteurs bancaires. Les banques sont en effet soumises à de fortes pressions, compte tenu de la faible croissance économique.
Acheteurs plus raisonnables
De même, cette circulaire inviterait les consommateurs libanais à davantage de sagesse quant à leurs emprunts. Certains d’entre eux se retrouvent en effet avec des échéances faramineuses à régler mensuellement. L’obligation de verser un apport personnel de 25% de la somme empruntée pourrait ainsi les inciter à être plus raisonnables et surtout à éviter les défauts de paiements, sous peine de perdre leur argent. Un salarié qui toucherait par exemple 1 000 dollars par mois et qui aurait précédemment opté pour l’achat d’une berline européenne, sera sans doute obligé de se rabattre sur de petits véhicules moins onéreux pour lui. Si les ventes de voitures neuves ne devraient pas forcément plonger, leur nature et leur répartition pourraient changer, les consommateurs privilégiant désormais des automobiles moins chères, plus dans leurs moyens. Pour l’heure, il est encore difficile de mesurer l’impact de la nouvelle circulaire sur les ventes de voitures, il faudra attendre quelques mois encore pour voir si elle aura modifié le comportement des acheteurs.
Jenny Saleh
Les voitures sans conducteur
Le très sérieux journal britannique The Guardian a révélé dans un article que trois grosses sociétés d’assurances américaines s’inquièteraient du risque des voitures sans pilote, pour le secteur. Leur raisonnement est simple. Les voitures sans conducteur, conduites donc par système informatique, amélioreraient la sécurité sur les routes avec moins d’accidents. Avec pour première conséquence, celle de faire chuter les produits d’assurance automobile.
Science-fiction ou scénario réel? Dans les faits, les voitures sans pilote devraient effectivement permettre une amélioration du freinage automatique et une stabilisation de trajectoire, avec donc à la clé, une amélioration de la sécurité routière. Toutefois, une généralisation des voitures sans pilote n’est pas encore d’actualité. Selon un responsable d’un institut de prévention routière interrogé par le journal, il faudrait des années pour aboutir à une nouvelle réglementation automobile adéquate, sans compter qu’il faudrait attendre 2060 au moins pour que les derniers véhicules conduits par des humains de chair et d’os disparaissent de la circulation.
Les recherches avancent très vite dans le secteur automobile. Google est en pointe dans le domaine des voitures sans pilote, tout comme Nissan-Renault, dont le P.-D.G. Carlos Ghosn a annoncé que des véhicules autonomes pourraient être commercialisés dès 2016.
De là à dire que les automobiles dirigées par ordinateur seraient plus sûres que celles d’aujourd’hui, il y a un grand pas que l’on ne franchira pas.
Voitures neuves: baisse des ventes
Même si elles présentent toujours une progression mensuelle, les ventes de voitures neuves et d’occasion ont enregistré sur un an, une baisse de 8%, au mois de janvier 2015 par rapport à janvier 2014.
Malgré cela, 2 436 véhicules neufs ont été vendus en janvier 2015, représentant une hausse de 2,7% par rapport au mois de janvier 2014. Les petites cylindrées n’excédant pas la somme de 15 000 dollars conservent les faveurs des automobilistes, tandis que les voitures de luxe de plus de 100 000 dollars représentent 3,5% des ventes, selon l’Association des importateurs de voitures.