Une exposition à des niveaux sonores trop élevés et de manière prolongée peut conduire à des dégâts de l’ouïe irréversibles. Selon des données recueillies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 50% des jeunes entre 12 et 35 ans des pays à haut et moyen revenus y sont exposés et sont donc menacés par des troubles auditifs. Explications.
L’exposition au bruit est une cause première de troubles de l’audition. Des niveaux sonores élevés détruisent de façon irréversible les cellules ciliées. C’est le cas de nombreux bruits d’activités de loisirs tels les concerts, les boîtes de nuit ou les baladeurs. Au-delà de 85 dB, une exposition de plus de huit heures nécessite une protection, alors qu’au-delà de 90 dB (perceuse), il faut limiter l’exposition à deux heures et au-delà de 100 dB (marteau-piqueur), ne pas dépasser les 15 minutes. Après 115 dB (explosion, avion au décollage), des bruits très brefs provoquent immédiatement des dommages définitifs. Il existe cependant une grande variabilité individuelle face au bruit. Certains gènes semblent notamment influer sur la sensibilité au traumatisme sonore. Le niveau de bruit le plus élevé sur le lieu du travail ne doit pas dépasser 85 décibels pour un maximum de huit heures par jour. Beaucoup de personnes travaillant dans des boîtes de nuit, de bars et d’événements sportifs sont exposées à des niveaux sonores plus élevés. A l’occasion de la Journée mondiale de l’audition le 3 mars dernier, l’OMS a recommandé des mesures préventives simples. Les adolescents doivent réduire le volume de leurs appareils audio et smartphones, ne pas les utiliser plus d’une heure par jour, mettre des bouchons dans les oreilles dans les locaux bruyants et faire des pauses. Ils doivent par ailleurs surveiller leur ouïe et faire des contrôles réguliers. Les gouvernements devraient, pour leur part, imposer des réglementations strictes sur le bruit dans les lieux publics. Quant aux patrons de boîtes de nuit et de bars, ils doivent baisser le volume de la musique pour le rendre supportable.
Nada Jureidini
Trois questions au Dr Amine Haddad
L’otorhinolaryngologiste (O.R.L.) à l’Hôtel-Dieu de France répond aux questions de Magazine.
Quel niveau sonore peut-il être dangereux?
A partir de 80 dB (générateurs, moteurs industriels, brouhaha, ventilateurs), une exposition soutenue (8 heures par jour) devient dangereuse et entraînera à la longue une perte auditive dans les hautes fréquences (sons aigus); au-dessus de 100 dB (gros moteurs, enceintes acoustiques, motos), toute exposition prolongée peut entraîner des dégâts irréversibles. Et à partir de 120 dB (décollage d’avion, explosion, coups de feu, bruit strident, marteau-piqueur), une exposition isolée, même de courte durée, peut causer ces dégâts.
Quels sont les signes d’alerte des troubles auditifs?
Si, après une exposition à un bruit intense, on sent un vide dans l’oreille et/ou un sifflement, c’est que celle-ci a souffert de ce bruit. En général, cette souffrance est réversible. Dans tel cas, les symptômes disparaissent en 48 à 72 heures. Par ailleurs, quelqu’un qui commence à se plaindre de sifflements dans les oreilles, surtout dans les endroits calmes, ainsi qu’une difficulté à comprendre dans les milieux bruyants, a probablement une surdité débutante et devrait consulter.
Pouvons-nous prévenir les troubles auditifs?
Une grande partie des troubles auditifs est héréditaire, mais les facteurs externes en accélèrent la détérioration. La plupart de ces facteurs sont liés aux bruits ambiants et professionnels, mais aussi aux équipements électroniques (MP3 et portables). A noter que les casques recouvrant le pavillon de l’oreille représentent une bien meilleure protection que les petits écouteurs destinés aux activités de plein air et permettant de continuer à entendre les bruits ambiants. Ceci dit, certains médicaments (antipaludéens et chimiothérapie surtout), ainsi que plusieurs maladies systémiques mal soignées comme le diabète, l’hypertension ou les hyperlipémies, accélèrent aussi cette détérioration.
Propos recueillis par Nada Jureidini