On l’attend avec impatience. Et maintenant, c’est New York qui lui ouvre bien grand ses bras pour la énième fois. A 90 ans, le monde artistique n’a pas fini de saluer le travail d’Etel Adnan. L’artiste, romancière et journaliste expose à la galerie Lelong, jusqu’au 8 mai. Zoom sur son travail.
Une légende vivante. Etel Adnan continue de séduire tous ceux qui la connaissent et qui ont eu la chance de découvrir son art. Après Paris, c’est à New York qu’elle expose actuellement. Des peintures vibrantes de vie, des œuvres sur papier et des tapisseries rappelant les tapis persans de son enfance sont dévoilées au public. Des œuvres démontrant à quel point Etel Adnan s’est engagée, au fil des ans, dans la communication au-delà des limites de la parole. Ce sont les couleurs, les formes et, surtout, la lumière qui sont devenues sa marque de fabrique. Comme l’explique l’artiste, cette dernière joue un rôle important dans son art. «Elle est tout pour moi», dit-elle. La lumière peut être perçue dans le soleil et d’autres œuvres souvent symbolisées par un rectangle rouge. Grâce à l’exposition Recent paitings, on peut découvrir les paysages qui font sa renommée. Comme ceux du mont Tamalpais (comté de Marin, en Californie), devenus la pierre angulaire du travail de l’artiste. Ces montagnes, sa muse, qu’elle qualifie de «mon meilleur ami».
Outre ses peintures, la galerie Lelong propose également une lecture de la poésie d’Etel Adnan. Un film de l’artiste sera également projeté. Impossible, en effet, de séparer les divers outils dont elle se sert pour s’exprimer.
Ayant quitté Beyrouth alors qu’elle était assez jeune, l’artiste est une voix de la diaspora qui a su comment et dans quel contexte replonger dans ses souvenirs et sa mémoire. A 90 ans, cette dame exceptionnelle a certes beaucoup de souvenirs. Les années qu’elle a passées à Beyrouth – dans les années 70 – l’auraient le plus marquée, et ce pour deux raisons. C’est, d’abord, là qu’elle a rencontré Simone Fattal, sculptrice et éditrice. Depuis, les deux artistes ont vécu entre Paris, Beyrouth et le nord de la Californie. Ensuite, durant la guerre, l’une de ses amies est décédée assassinée, alors qu’elle est en relation avec des Palestiniens. Ebranlée, Etel Adnan publie Sitt Marie-Rose, à Paris. Ce roman remporte le prix France-Pays arabes et est traduit en plus de dix langues. Il a eu une immense influence, devenant un classique de la littérature de la guerre. Par ailleurs, les musiciens, Zad Moultaka et Annea Lockwood, se sont emparés de ses poèmes. Adnan a également écrit des textes pour le théâtre. Quant à ses livres, certains sont devenus des films cultes. Tout ce succès mondial peut être perçu si on se penche sur les divers articles publiés sur l’artiste. Wall Street Journal, New York Times, The New Yorker, The Daily Star…, pour ne citer que quelques-uns, en ont déjà parlé. Pas de doute, le mythe Etel Adnan, qui a commencé depuis des années, devra bien durer.
Pauline Mouhanna, Illinois, Etats-Unis
Bio en bref
Née en 1925, Etel Adnan grandit à Beyrouth où elle poursuit ses études scolaires. Elle étudie, par la suite, la philosophie à la Sorbonne et continue ses études à l’Université de California Berkeley et à Harvard. De 1958 à 1972, elle enseigne la philosophie au Collège dominicain de San Rafael, en Californie. Puis, elle devient peintre. Et c’est en participant au mouvement de poètes contre la guerre au Viêtnam qu’elle a commencé à rédiger des poèmes. En 1972, elle retourne à Beyrouth et travaille en tant que rédactrice culturelle pour des quotidiens francophones. Depuis, elle vit entre Paris et la Californie.