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Nº 2999 du vendredi 1er mai 2015

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Jean Oghassabian, député du Futur. «La seule solution est l’élection d’un président»

Les retombées de la visite de l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, à Washington, ainsi que la vacance à la tête de l’Etat sont au cœur d’un entretien accordé à Magazine par le député Jean Oghassabian, membre du Bloc du Futur.

Comment évaluez-vous la visite du président Saad Hariri aux Etats-Unis?
C’est une visite de très haute importance à plus d’un niveau. Elle reflète le souci du président Hariri de préserver la stabilité intérieure, à travers l’appui des institutions politiques et militaires, ainsi que les services de sécurité, par le biais de l’aide militaire fournie par les Etats-Unis dans le cadre de l’assistance qu’ils offrent à plusieurs pays. Cette visite a pour but de lutter contre le terrorisme, d’en protéger le Liban et de renforcer la cohésion interne pour défendre les frontières. Elle a également pour objectif de mettre le Liban à l’abri des incendies qui ravagent la région, de le tenir à l’écart de ce qui se passe en Syrie et de ne pas l’importer au pays. Cette visite s’inscrit aussi dans le cadre de la protection des institutions à travers l’appel à l’élection d’un président de la République, la formation d’un gouvernement capable d’affronter les défis de la situation actuelle et le retour à la vie parlementaire. Le niveau des pourparlers montre l’étendue des relations de Saad Hariri à tous les niveaux et l’importance de son rôle.

Les positions prises au cours de cette tournée ne risquent-elles pas de porter atteinte au dialogue qui a lieu entre le Courant du futur et le Hezbollah?
Le dialogue est un choix stratégique interne. Il sert à ne pas précipiter le Liban dans le gouffre. Il n’empêche qu’il existe certains sujets qui ne peuvent pas faire l’objet de négociations tels que mettre le Liban à l’abri de ce qui se passe dans la région, la non-intervention en Syrie, le tribunal international. Pourquoi ne pas calmer la scène locale par le dialogue puisque cela est possible?

On assiste à une discordance au sein du Futur et le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, est la cible de plusieurs attaques venant de son parti même…
Si certaines dissonances ont existé, elles ont été réglées. Le ministre Nouhad Machnouk fait très bien son travail et il jouit de la totale confiance du Bloc du Futur et du président Hariri. La position du Futur est parfaitement claire à ce sujet et ce qui s’est passé dernièrement n’a aucune influence sur la cohésion interne du bloc.

En tant que député chrétien, que pensez-vous des propos du président Nabih Berry concernant les chrétiens?
D’abord, je suis un député libanais et, sans vouloir entrer dans les détails des propos du président Berry, il faut comprendre qu’on ne peut pas diriger le pays comme s’il n’était pas important qu’il n’y ait pas de président de la République. La vacance à la tête de l’Etat influe sur toute la vie politique et même sur les décisions prises au sein du gouvernement. C’est de là que vient l’idée de la législation d’urgence. Certains sujets devaient figurer dans la législation d’urgence tels que la loi électorale et l’échelle des salaires, pour garder un peu de vie aux institutions. Au départ cela fonctionnait mais, aujourd’hui, certains ont changé d’avis. Le vide a des conséquences à tous les niveaux. La seule solution c’est l’élection d’un président de la République, mais le problème c’est que certaines parties ont des agendas régionaux et internationaux. L’élection d’un président rendrait la vie aux institutions.

Combien sommes-nous encore loin de cette élection présidentielle?
Nous allons vers l’étranger, car celui-ci s’impose à nous ou alors nous lui faisons nous-mêmes jouer un rôle. Cet étranger nous a fait parvenir qu’il n’interviendra pas dans l’élection et ne fera aucune médiation. Beaucoup ne l’ont pas cru. Il n’y a pas d’agenda ou de conférence pour le Liban, car les priorités sont ailleurs. Ils sont bien avec le statu quo qui règne. Le pays pourrait devenir alors prêt à accepter des solutions qui lui seront imposées et dont la majorité ne voudrait pas. Les peurs du vide sont grandes. De véritables dangers pèsent sur la démocratie consensuelle du Liban, sur le pacte de Taëf et le partenariat national. Je me demande s’il existe une prise de conscience concernant les dangers de la vacance. Il faut tirer la leçon de ce qui est arrivé aux chrétiens d’Irak et de Syrie pour préserver nos institutions qui sont la garantie de l’existence de toutes les communautés surtout chrétiennes.

Les propos de Fouad Siniora sur les chances du général Michel Aoun d’être président reflètent-ils la position de Saad Hariri?
Ce n’est pas une prise de position, mais une simple lecture de la situation. Le Courant du futur n’a de veto contre personne. Nous sommes inquiets de la situation, véritable bombe qui pourrait exploser à la figure de tout le monde.

Propos recueillis par Joëlle Seif

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