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Nº 3001 du vendredi 15 mai 2015

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Nouvelle coalition en Israël. A droite toute pour Bibi IV

Sur le fil, la nouvelle coalition gouvernementale de Benyamin Netanyahu, qui inaugure là son quatrième mandat, s’avère encore plus à droite que les précédentes. Et dotée d’une très faible majorité au Parlement.

Il s’en sera fallu de peu pour que Benyamin Netanyahu échoue à former son gouvernement, à l’issue du délai de 42 jours qui lui était octroyé. Mercredi dernier, le 6 mai, la nouvelle coalition a donc vu le jour, au terme d’arrangements et de règlements de comptes entre les multiples partis de la droite israélienne. Bien que rodé aux méandres de la vie politique israélienne, le Premier ministre désigné a dû manœuvrer – au grand dam de sa propre formation du Likoud – pour obtenir le soutien de certains partis, comme celui du Foyer juif de Naftali Bennett. Car Netanyahu devait s’assurer une majorité à la Knesset, qui dispose cette fois d’une très courte marge, de 61 députés sur 120. Et malgré ces 8 députés au Parlement israélien, le Foyer juif aura obtenu d’importants gains dans le cabinet Netanyahu IV. Naftali Bennett obtient en effet le ministère de l’Education pour lui-même, mais aussi le portefeuille de l’Agriculture pour Uri Ariel. Un poste-clé en matière de distribution de fonds aux colonies en Cisjordanie…
 

Une raciste à la Justice
Mais c’est surtout une troisième nomination qui n’en finit pas de faire couler de l’encre en Israël. Celle d’Ayelet Shaked, étoile montante du Foyer juif, qui obtient le ministère de la Justice. Juive laïque du nord de Tel-Aviv, la jeune femme de 39 ans est le symbole de la tentative du Foyer juif d’élargir sa base électorale. Instructrice dans la brigade Golani, puis ingénieur chez Texas Instruments, Ayelet Shaked a débuté en politique il y a deux ans, en soutenant l’adoption d’un amendement qui limiterait les pouvoirs de la Cour suprême. Parmi ses «faits d’armes», son soutien à l’expulsion des migrants africains, ou encore à la loi controversée dite «Etat juif», et ses critiques acharnées de la gauche israélienne. L’an dernier, lors de la découverte des corps des trois adolescents israéliens, Shaked avait soutenu un article qui qualifiait les enfants palestiniens de «petits serpents» et qui justifiait le bombardement des civils quand ils donnent refuge au «mal», personnes âgées, mères et enfants compris. Connue pour ses positions clairement antipalestiniennes, elle avait même été comparée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Adolf Hitler. Aux cadeaux faits au Foyer juif s’ajoute aussi le vice-ministre de la Défense, ainsi qu’un poste au cabinet de sécurité.
Le portefeuille des Affaires étrangères reste en revanche vacant. Avigdor Lieberman, qui en détenait la charge jusqu’à présent, a décidé de rompre avec son allié. Et, à l’heure où nous écrivions ces lignes, il semble que Netanyahu ait décidé de conserver ce maroquin-clé dans ses propres mains. Un responsable du Likoud a d’ailleurs confirmé que Bibi espèrerait le remettre plus tard au dirigeant syndical sioniste Isaac Herzog, au cas où celui-ci se déciderait à rejoindre la coalition. Les ministères des Finances, de la Construction et du Logement reviennent à Moshe Kahlon, un ancien du Likoud et fondateur du parti Koulanou, qui avait signé un accord avec Netanyahu.
Présenté à la Knesset lundi, le gouvernement de 18 membres, l’un des plus à droite d’Israël, va encore être élargi. Mais d’ores et déjà, il apparaît fragile, à cause de la faible majorité qu’il détient au Parlement. La moitié plus un. Loin d’être l’idéal pour gouverner. Les commentateurs israéliens restent sceptiques et pessimistes.

Jenny Saleh

A peine formé, déjà décrié
Très critiqué de l’intérieur, tant par les travaillistes que la gauche en général, le cabinet Netanyahu IV a déjà été surnommé par le leader travailliste Isaac Herzog le gouvernement «d’échec national».
Et au niveau de la communauté internationale, ce n’est guère mieux. Si Barack Obama est «impatient de travailler (avec Netanyahu) et son nouveau gouvernement», selon un communiqué de la Maison-Blanche, aucun échange téléphonique n’a en revanche été fait entre les deux hommes dont les relations sont notoirement tendues.
Les Palestiniens ont, eux, dénoncé un «gouvernement d’union pour la guerre et contre la paix». Pour le négociateur Saëb Erakat, il s’agit d’un cabinet qui «vise à (renforcer) la colonisation» dans les Territoires occupés». Un «gouvernement de colons», a souligné de son côté Nabil Chaath, membre du comité central du Fateh. Et pour une fois, le Hamas semble d’accord avec ce point de vue. «Ce gouvernement reflète la montée du racisme parmi les Israéliens», a déclaré le porte-parole du mouvement à Gaza, Sami Abou Zouhri.

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