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Nº 3004 du vendredi 5 juin 2015

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Survivre de Mouna Bassili Sehnaoui. Peindre la guerre… pour s’en libérer

Jusqu’au 25 juin, la galerie Aïda Cherfan, Antélias, présente Survivre, une exposition signée Mouna Bassili Sehnaoui. L’inauguration a eu lieu, le jeudi 4 juin, à la galerie. Par la même occasion, l’artiste a signé son troisième livre Survivre, après Métiers et vocations et Le cinquième jour.
 

Ses beaux cheveux blancs descendent avec grâce sur ses épaules et encadrent son visage serein habité d’un sourire dont elle ne se sépare pas. Mouna Bassili Sehnaoui est de ces artistes qui mettent leurs mots en couleurs. Son style particulier est tout en émotion. Et le résultat est fabuleux! Des toiles qui font frissonner et devant lesquelles on ne peut rester indifférent. Survivre est sa 19e exposition individuelle accompagnée de son ouvrage éponyme, que l’artiste dédie aux générations futures afin qu’elles «fassent le choix du dialogue et non de la confrontation pour construire un avenir meilleur».
Des idées, Mouna Bassili en a toujours plein la tête. Mais ce livre et cette exposition, elle voulait les réaliser depuis longtemps. Les 80 tableaux (gouaches, aquarelles, huiles et acryliques) présentés n’ont pratiquement jamais été exposés. «Je les ai choisis parce qu’ils expriment, pour moi, des momentsimportants et m’ont aidée personnellement à survivre pendant la guerre. D’où le titre, Survivre», raconte l’artiste. «Je voulais partager ces œuvres avant qu’elles ne soient regroupées dans un livre. Une partie du texte a été écrite durant la guerre. J’ai repris l’écriture à l’occasion d’une conférence illustrée sur les années de guerre donnée à l’Université américaine de Beyrouth», poursuit-elle.
Avant la guerre du Liban, l’artiste visionnaire ressent ses prémices. «La guerre de 1967 fit naître en moi le sentiment que rien ne serait plus jamais comme avant au Moyen-Orient». Elle dessine donc, en 1969, cette gravure, Absolus, représentant un corps démembré, écartelé… Et, de fait, le Liban sera démembré et rien n’y sera plus comme avant. Durant la guerre, Mouna Bassili Sehnaoui ne se sépare pas de son cahier de croquis même au tréfonds de l’abri, préoccupée par le devoir de témoigner et de représenter la réalité que vivent les Libanais. Elle délivre ainsi plusieurs messages, dénonce les traîtrises et les supercheries des différents dirigeants mais, surtout, ce chaos inutile. Chacun de ses coups de pinceau est une façon de résister et de tenir la violence à distance. Elle a peint la guerre et s’est libérée. «Ces peintures, réalisées au cours des terribles années de guerre, sont pour moi le oud qui a apaisé mon esprit», explique-t-elle. Mais Mouna Bassili Sehnaoui a peint la guerre autrement avec une sensibilité exquise. Sa palette claire et vibrante allie une fine sensibilité à une technique très bien maîtrisée. Son art n’est pas que couleur et forme, c’est aussi une poésie. Une exposition à ne rater sous aucun prétexte.

Christiane Tager Deslandes
 

La galerie est ouverte du lundi au vendredi, de 10h à 18h.

Bio en bref
Née à Alexandrie en Egypte, Mouna Bassili Sehnaoui a commencé sa formation artistique à l’Académie Silvio Bicci. Ensuite, elle a fréquenté l’Université américaine de Beyrouth, puis s’est envolée pour l’Université de l’Arizona, où elle a étudié les beaux-arts et obtenu son B.F.A. Elle a participé à des expositions collectives au Liban, en Europe, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient. Elle a également organisé des expositions personnelles au Liban depuis 1973, ainsi qu’à Dubaï, à Paris et en Arabie saoudite. En 1990, l’une de ses peintures a été sélectionnée pour le 41e Grand prix international de peinture de Deauville, en France. Plusieurs de ses œuvres ont remporté des prix et sont aujourd’hui exposées dans de nombreux musées à travers le monde.

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