Le chômage, un des indicateurs les plus percutants de la croissance économique, est difficilement quantifiable au Liban, en raison d’un manque de données précises sur la question. Ce problème est aujourd’hui aggravé par le nombre de réfugiés syriens qui travaillent illégalement sur le territoire libanais. Un phénomène qui ne gêne pas vraisemblablement le patronat, qui cherche à comprimer les coûts fixes et à économiser le paiement des allocations sociales et des cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), dont les travailleurs étrangers ne bénéficient pas. Selon le ministère du Travail, le taux de chômage serait de 22%, alors que les syndicats ouvriers avancent le taux de 30%.
Ce qui serait le plus sûr en termes de quantification est le chiffre avancé par une étude de l’Escwa, qui a estimé que les réfugiés syriens ont tiré à la hausse le taux de chômage au Liban de 10%. En temps de normalité avant la crise syrienne, le nombre d’ouvriers syriens travaillant au Liban variait entre 175 000 et 250 000, selon les saisons. Le nombre d’ouvriers syriens augmentait pendant la saison estivale en raison d’un recrutement plus important de cette main-d’œuvre saisonnière dans le secteur de la restauration en montagne et sur le littoral, en supplément de celles qui avaient des emplois temporaires traditionnellement dans les secteurs de la construction et de l’agriculture. Selon les statistiques du secteur de l’éducation, l’accroissement du chômage aurait dépassé 10%, vu que le taux de sans-emplois des nouveaux diplômés est de plus de 40%. Le Liban a besoin de créer 35 000 nouvelles opportunités de travail pour absorber les nouveaux venus sur le marché du travail chaque année. Or, dans le cas du meilleur scénario, entre 12 000 et 14 000 opportunités sont créées en rythme annuel si l’on se base sur le nombre des nouveaux inscrits à la branche des indemnités de fin de service à la CNSS. Parallèlement, un grand nombre de nouveaux diplômés s’installent dans les pays du Golfe où les opportunités de travail se réduisent. Notons que les expatriés libanais effectuent des transferts de l’ordre de 8,4 milliards de dollars par an, qui sont pondérés par ceux des ouvriers étrangers vers leurs pays mères, lesquels totalisent un montant approximatif de 4,5 milliards de dollars. Cette masse ouvrière comprend tant les Syriens, que ceux venant des pays d’Asie.
Liliane Mokbel