Durant le Ramadan, un changement majeur dans le régime alimentaire survient, comparé aux autres périodes de l’année. Le manque de nourriture et de liquide durant la journée et le lourd repas du soir peuvent engendrer de sérieux problèmes de santé pour les personnes souffrant de diabète. Conseils et explications avec le Dr Mounzer Saleh, président de la Société libanaise d’endocrinologie, du diabète et des lipides.
Inciter les patients à gérer leur diabète avant, pendant et après le Ramadan est le but de l’atelier organisé par Sanofi. Les patients diabétiques, souhaitant participer à un jeûne prolongé durant le Ramadan, devraient collaborer avec leurs médecins et nutritionnistes afin de suivre le jeûne le plus sainement possible durant ce mois sacré. Rappelons que le diabète survient lorsque le corps ne produit plus suffisamment d’insuline ou lorsque cette dernière n’accomplit pas efficacement sa fonction. Ainsi, le glucose ne peut être utilisé correctement. C’est une maladie complexe et chronique qui a un impact majeur sur la santé et l’espérance de vie. Avec le temps, les niveaux de glycémie non contrôlés endommagent les tissus, aboutissant à des complications liées au diabète. La gestion du diabète pour les patients qui décident de jeûner durant le mois du Ramadan leur pose, ainsi qu’à leurs médecins, un défi de taille. Les changements métaboliques qui ont lieu dans le corps durant la période du jeûne du Ramadan engendrent un taux élevé de complications aiguës devant être contrôlées et gérées afin de protéger les patients diabétiques contre l’impact de l’hypoglycémie, de l’hyperglycémie, de la déshydratation ou même de l’acidocétose diabétique. «Vu que le mois du Ramadan survient en période estivale avec des journées plus longues, il est vital que les patients planifient leurs repas et exercices et sachent quand rompre le jeûne. C’est absolument essentiel pour une bonne gestion de la santé», note le Dr Mounzer Saleh.
Des conseils nutritionnels
En 2001, l’étude Epidiar (Epidémiologie du diabète et le Ramadan), parrainée par Sanofi, a montré que les risques d’hypoglycémie aiguë étaient multipliés par 4,7 fois dans le cas du diabète de type 1 et par 7,5 fois dans le cas du diabète de type 2. Le risque d’hyperglycémie aiguë a augmenté de 3 fois dans le cas du diabète de type 1 et de 5 fois dans le cas du diabète de type 2. «Tout est dans la modération. Il ne faut pas se gaver de nourriture, conseille le Dr Saleh. Le contrôle fréquent est essentiel et les patients devraient être incités à rompre le jeûne si leur taux glycémique chute à moins de 70 mg/dl. Les patients atteints de diabète de type 1, en particulier, devraient aussi rompre le jeûne et prendre de l’insuline si le taux glycémique dépasse les 250 mg/dl».
La pratique courante d’ingérer des quantités importantes d’aliments riches en glucides et en graisse comme les fruits secs, les biscuits, les gâteaux et les confitures, surtout lors du repas de l’iftar, doit être évitée. Selon la nutritionniste Randa Dunya Fahd, quelque 18 heures peuvent séparer les repas, du lever au coucher du soleil tous les jours. Il est important que les choix alimentaires assurent les besoins énergétiques de la journée. «Le repas qui précède l’aube doit contenir des aliments riches en amidon et en fibre, dont la digestion est lente. Citons dans cette catégorie le pain à grain entier, les lentilles, les pâtes, le lait, le riz cuit, les pommes de terre, les sons, les céréales, le blé entier, les grains, les graines, les légumes et les fruits. Le choix méticuleux des aliments des repas avant et après le jeûne quotidien, à l’aube et au coucher, peut aider les patients à éviter la fatigue et les conséquences plus sérieuses de la déshydratation. Il est toutefois conseillé de boire beaucoup d’eau, ce qui devrait aider à la réhydratation et à réduire les risques d’excès de table, tout en évitant la consommation de boissons caféinées déshydratantes comme le thé, le café et le cola. Il faut enfin éviter les aliments transformés gras comme le sucre, la farine blanche, les gâteaux, les biscuits, les chocolats et les douceurs. En général, le jeûne est rompu avec des dattes afin de fournir une dose revitalisante d’énergie. Toutefois, les jus de fruit ont le même effet», précise la nutritionniste.
Nada Jureidini