L’industrie du vin au Liban a de beaux jours devant elle. Les chiffres sont plus éloquents que les mots pour le montrer. Depuis la fin de la guerre, les établissements vinicoles ont progressé à un rythme accéléré, passant de 5 à 40 en 2015. Treize de ces établissements sont installés à Zahlé en raison de la nature du terroir propice à la plantation de la vigne. Les vignobles couvrent une superficie totale de 2 000 hectares produisant 8 millions de bouteilles par an. D’après l’Union vinicole du Liban (UVL), Château Ksara produit près de 3 millions de bouteilles, suivi par Château Kefraya avec 1,5 million de bouteilles, Château Musar 600 000, Clos St. Thomas 400 000 et 300 000 bouteilles pour chacun de Château Ka et Château Massaya.
Selon les données des douanes, le pays du Cèdre a été un exportateur de vin au cours des quatre dernières années avec un net surplus des échanges commerciaux de 4 millions de dollars en 2014. Sur les 8 millions de bouteilles produites par les établissements vinicoles domestiques, la moitié sont exportées, représentant une valeur totale de 16,6 millions $, avec un prix moyen de 4,2 $/bouteille et un tonnage global de 2 229 tonnes (voir tableau). La consommation en rythme annuel du vin au Liban est de 6 millions de bouteilles, dont 2 millions sont importées avec un prix moyen de la bouteille de 6,3 $. La valeur de l’importation du vin est de 12,6 millions $ consistant en des parts respectives de 65,2% de vin tranquille et une autre de 34,8% de vin mousseux. En termes de tonnage, le Liban importe 1 103 tonnes par an dont 83% proviennent de France.
Selon l’étude du département de recherches de Blominvest, plusieurs œnologues estiment qu’un retour sur investissement dans la production de vin n’est pas possible avant 10 à 20 ans. D’autant que cinq ans sont nécessaires pour la production de la 1ère bouteille de vin. C’est que les investissements sont lourds: en plus du coût élevé du terrain et des ouvriers, il faut compter les coûts des équipements, des chais, des bouchons, des bouteilles, des tonneaux et des labels. Ces articles sont tous importés et, par conséquent, sujets à l’imposition de la TVA (10%) et de la taxe douanière de 5%.
Dans le but de promouvoir le vin libanais à l’étranger, le ministère de l’Agriculture organise, depuis deux ans, La journée du vin libanais, en participant à des salons internationaux de l’alimentation qui se tiennent dans les grandes villes. Le Liban a participé au salon de Paris en 2013, à celui de Berlin en 2014 et prendra part à l’exposition de New York cette année. Toujours est-il nécessaire de souligner l’importance pour les producteurs de vin de l’adoption du système de «l’Appellation d’origine contrôlée» pour un meilleur référencement international du vin local. Ce système, appliqué en France, permet aux consommateurs d’identifier l’origine géographique des vignobles utilisés dans la production de chaque vin, d’autant que les conditions climatiques et environnementales donnent aux vignobles certaines caractéristiques aux niveaux du goût et de la qualité.
Permis de travail
3 500 demandes de Syriens en attente
Des données précises sur la situation sociale des réfugiés syriens font défaut malgré des efforts continus déployés par les autorités libanaises concernées. Néanmoins, sur base de la data disponible, 800 permis de travail ont été délivrés pour la première fois en 2014 à des ressortissants syriens par le département s’occupant des ouvriers syriens de Beyrouth. Ce chiffre aurait déjà été atteint fin juin 2015, sans compter le nombre de permis renouvelés. Des sources officieuses croient savoir que le total de la main-d’œuvre syrienne, qui livre une concurrence illégale à la main-d’œuvre libanaise dans tous les secteurs économiques confondus, est de loin supérieur à celui reconnu officiellement. Parallèlement, plus de 3 500 demandes de permis seraient en souffrance dans les tiroirs, alors que le ministre du Travail, Sejaan Azzi, réfléchit par deux fois avant d’apposer sa signature. Soulignons que le plus grand nombre de mains-d’œuvre syriennes est enregistré auprès du département des ouvriers syriens du Mont-Liban. Les descentes des Forces de sécurité intérieure (FSI) opérées sur les chantiers de construction immobiliers dans le Metn, en l’occurrence dans les localités de Mansourié et Monteverde, sont fréquentes, de sorte que tout travail illégal des ressortissants syriens est devenu impossible, raconte à Magazine un entrepreneur immobilier de la région, qui s’est plaint par ailleurs de l’arrêt intermittent des travaux dans son chantier. Tel n’est pas le cas dans le chef-lieu du Liban-Sud. La situation à Saïda est critique dans la mesure où le contrôle des autorités libanaises est quasiment inexistant. La concurrence illégale de la main-d’œuvre syrienne s’est étendue au secteur du commerce, de l’industrie et de l’artisanat, alors qu’elle était limitée par le passé aux domaines de l’agriculture et des chantiers de construction. Les rumeurs font état d’une part de marché des ouvriers syriens de 90% dans l’agriculture, alors que la part de 10% demeurant revient aux ouvriers libanais et palestiniens. Parallèlement, des restaurants servant des pâtisseries et mets syriens ont bourgeonné dans la région. Ces restaurants n’emploient que des ressortissants syriens, tandis que les propriétaires ne paient ni impôts ni des cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
UKLTH
45 start-up libanaises à Londres
La Grande-Bretagne a rejoint le momentum des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) initié par la Banque du Liban, en lançant le projet UK-Lebanon Tech Hub (UKLTH). Un bureau consacré aux entrepreneurs libanais dans le secteur des technologies a été ouvert récemment à Londres avec pour objectif d’aider ces derniers à utiliser la Grande-Bretagne comme un tremplin pour une croissance à niveau mondial de leurs start-up. Le bureau de Londres est le premier bureau basé outre-mer du projet UKLTH. «Depuis la nuit des temps, la réputation des Libanais en tant qu’entrepreneurs et commerçants n’a jamais cessé de grandir», a déclaré Colm Reilly, P.D.G. d’UKLTH, ajoutant: «En dépit des circonstances dures de la région, l’esprit entrepreneurial chez les nouvelles générations de Libanais est une évidence et constitue un catalyseur du développement du secteur des NTIC dans leur pays». Mi-juin dernier, 45 start-up ont été sélectionnées par la Banque du Liban et l’ambassade de Grande-Bretagne pour se rendre à Londres, où chacune d’elle aura un mentorship et une assistance technique pour une durée de quatre mois. A l’issue de cette période, 15 start-up seront choisies pour passer à la deuxième étape, celle de l’assistance pour une internationalisation de leurs services. Les 45 start-up libanaises choisies sont basées comme suit: 39 au Liban, 2 aux Etats-Unis, 2 en Grande-Bretagne, 1 en France et 1 aux Emirats arabes unis.
Liliane Mokbel