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Nº 3008 du vendredi 3 juillet 2015

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Mohammad Choucair, président de la CCIA. «Je crains pour la crédibilité de Michel Aoun»

Des acteurs du milieu syndical et économique se sont réunis au Biel et ont lancé une pétition sous le slogan «Alarme du 25 juin, arrêtons le suicide collectif». Ils dénoncent la paralysie politique qui, selon eux, se répercute négativement sur l’économie. Dans ce cadre, Magazine a rencontré Mohammad Choucair, président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban, un des acteurs de cette initiative.
 

A la rencontre du Biel, vous avez dénoncé l’inertie politique, la paralysie des institutions qui, dites-vous, menacent l’économie libanaise dans son ensemble. Pourtant, cela fait plusieurs années que la situation économique se détériore. Avez-vous des assurances qui disent qu’en cas de déblocage politique l’essor économique suivra forcément?
Aucun pays ne peut survivre sans président de la République et sans la bonne marche de ses institutions politiques. Selon les chiffres que nous avons, il y a un recul flagrant sur le plan économique et tous les indicateurs sont alarmants: 25% de chômage, 35% dans la nouvelle génération, les exportations sont en baisse, le nombre de touristes a baissé de façon incroyable, les citoyens donnent des chèques sans provisions parce que le manque de liquidités se fait sentir, la Banque mondiale a mis en garde le Liban sur les dangers qui le guettent, d’autant plus que les 1,1 milliard de dollars alloués au pays ne lui seront pas remis puisque la date d’expiration est le 20 juillet et tout semble indiquer que les institutions politiques ne fonctionneront pas d’ici là. Les 170 millions que les pays donateurs ont mobilisés pour les réfugiés syriens sont également bloqués. Nous craignons que le Liban finisse par ne plus exister sur la carte internationale et qu’il y ait un plan visant à anéantir la République. Cette vacance à la tête de l’Etat est réellement alarmante.

Certains acteurs locaux affirment que votre initiative est, en fait, dirigée contre les forces du 8 mars, auxquelles vous voulez faire assumer la responsabilité de la paralysie qui sévit. Est-ce le cas?
Toutes les forces politiques étaient présentes au Biel. Nous ne comprenons pas pourquoi une partie politique a tiré à boulets rouges sur cette initiative avant même son lancement. Elle a considéré que, selon une étude, la situation économique est excellente au Liban. Je ne veux pas faire de reproches au général Aoun, mais plutôt à cet ancien ministre et à ce député actuel qui l’ont induit en erreur. Les chiffres que ces gens lui ont donnés ne correspondent en rien à la réalité libanaise, mais plutôt à la situation en Australie. D’ailleurs, je souhaite que le général ne leur demande pas une analyse de la situation économique en Grèce, il s’avérerait, selon eux, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je lance une requête au chef du CPL: qu’il se réunisse avec tous les acteurs économiques du pays et entende ce qu’ils ont à dire sur le sujet. Je crains pour la crédibilité de cet homme que je respecte. Les syndicats, dont certains sont proches du chef du Parlement, étaient à vos côtés.
 

Cela signifie-t-il que Nabih Berry soutient votre pétition?
Nous n’avons rencontré aucun politicien. Mais tous les responsables sont conscients des dangers qui guettent le pays et menacent tout le monde sans distinction aucune.

Pratiquement, comment votre appel peut-il faire bouger les choses comme vous le souhaitez?
Nous n’avons pas de baguette magique, mais nous allons poursuivre nos efforts jusqu’au bout. Nous allons mener des actions sur le plan diplomatique aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger. Nous allons peut-être décider d’organiser des manifestations de rue. En fin de compte, il revient au peuple de décider s’il souhaite vivre dans la dignité et la prospérité ou s’il souhaite croupir dans la pauvreté.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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