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Nº 3009 du vendredi 10 juillet 2015

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Farid el-Khazen, député CPL du Kesrouan. «Manifester est un instrument légitime»

Un accord américano-iranien sur le nucléaire est imminent. Quelles sont les répercussions de cet accord sur la région et sur le Liban? Les craintes des pays arabes de voir l’Iran gagner de l’influence dans la région sont-elles justifiées? Interview de Farid el-Khazen, député du Courant patriotique libre (CPL), qui revient aussi sur le référendum auprès des chrétiens et sur des manifestations de rue auxquelles le général Michel Aoun pourrait appeler.

Quel est l’intérêt des autorités américaines à signer un accord avec l’Iran, après toutes les accusations échangées par les deux protagonistes, notamment sur le dossier nucléaire?
Précisons d’abord que cet accord est bilatéral entre les Etats-Unis et l’Iran. C’est une sorte d’héritage que le président Barack Obama veut se donner. Il l’a d’ailleurs fait avec Cuba après de longues années d’hostilité. Il semble aussi qu’il souhaite normaliser les relations entre l’Iran et le monde.

Certains pays arabes expriment leurs craintes de cet accord qui pourrait renforcer le rôle de l’Iran dans la région. Quelles seront les répercussions de cette entente sur l’ensemble de la région et particulièrement sur le Liban?
Pour les pays arabes, cette question du nucléaire est secondaire. Ce qui leur importe en fait c’est que l’influence de l’Iran ne s’étende pas et que cet Etat puisse agir sur le plan politique sans contraintes. Actuellement, le Liban n’est plus une priorité sur l’échiquier international. Il ne constitue plus un champ de bataille. C’est le statu quo qui prévaut. La priorité des grandes puissances c’est la Syrie et l’Irak. Comment affronter le terrorisme dans ces régions et comment trouver en Syrie et au Yémen des solutions qui auraient l’aval de l’Iran.

Ce rapprochement peut-il se répercuter sur l’élection d’un président de la République au Liban?
Je ne vois pas de lien direct entre ces deux dossiers, même si un tel accord peut contribuer à assainir l’ambiance générale et à favoriser une meilleure entente entre les protagonistes. En fin de compte, il revient aux Libanais eux-mêmes de trouver les solutions adéquates. Il ne faut pas oublier, d’ailleurs, que cet accord américano-iranien a besoin de temps pour se concrétiser d’autant plus que des voix dissonantes s’élèvent dans les deux pays, ce qui ralentira tout le processus d’application.

Après avoir sévèrement énuméré les violations constitutionnelles du gouvernement, le général Michel Aoun menace d’avoir recours à des manifestations de rues si les choses se poursuivent de la sorte. Etes-vous d’accord avec cet éventuel appel?
Descendre dans la rue est un moyen de contester la politique adoptée par le gouvernement qui fait fi des revendications d’un bloc qui a son poids. C’est démocratique, pacifique et sans défis envers quiconque.

Il semble que vos alliés soient contre un tel recours pour manifester votre désapprobation. Par ailleurs, la situation sécuritaire peut-elle supporter une descente dans la rue?
Manifester est un instrument légitime. Et si la décision est prise, les manifestations n’auront pas lieu dans des régions où les tensions sont exacerbées. En fin de compte, il serait plus facile que le Conseil des ministres prenne en considération nos requêtes, on évitera alors l’escalade. Nous souhaitons simplement faire pression sur les instances responsables pour éviter que le pays ne se dirige vers sa perdition.

Le CPL et les FL se sont entendus sur l’organisation d’un référendum auprès des chrétiens autour du choix de la présidence de la République. En pratique, à quoi sert cette initiative qui attend encore l’aval du patriarche Béchara Raï, des Kataëb et des Marada?
Le référendum est le moyen le plus démocratique, le plus naturel pour sonder l’opinion des citoyens. Ce référendum n’est dirigé contre personne. Je ne vois pas pourquoi il susciterait un tollé.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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