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Nº 3009 du vendredi 10 juillet 2015

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Samy Gemayel. Unité et pluralisme dans un système fédéral

Après des élections qui l’ont porté à la tête du parti Kataëb, Samy Gemayel a célébré sa victoire et la constitution d’un nouveau bureau politique au cours d’un meeting populaire au siège central à Saïfi. Partout, des banderoles affichant «Notre force émane de vous», accompagnées par le désormais célèbre slogan «Les Kataëb: un projet libanais».
 

«Je ne me suis pas porté candidat à la présidence du parti Kataëb pour accepter le fait accompli. Les Kataëb sont une force de changement. Or, il faut apporter les modifications nécessaires au paysage politique et entamer une nouvelle page de l’histoire du Liban», martèle Samy Gemayel devant ses partisans subjugués. «Nous ne voulons pas de rencontre à Doha ou à Lausanne ou nulle part ailleurs, poursuit-il. Nous voulons qu’une rencontre élargie se tienne à Beyrouth parce que nous n’acceptons d’autre tutelle que celle du peuple libanais. A l’occasion de cette rencontre, nous allons jeter les bases d’un nouveau Liban. Nous devons décider si nous souhaitons un Etat ou pas. Si nous voulons une vie civilisée ou pas». «Il est temps, clame-t-il, de reconnaître l’échec du système actuel et de ne pas plonger dans un nouveau bain de sang pour réfléchir à une alternative». Le jeune chef des Kataëb ne cache pas sa préférence pour un système fédéral «en vue de gérer ce pluralisme tout en préservant l’unité», à l’instar de nombreux pays qu’il cite dont la Suisse, l’Autriche, la Belgique, les Emirats arabes unis… Le député du Metn met l’accent sur quatre lignes rouges qui doivent être respectées: le rejet de la violence, la préservation de l’entité libanaise, donc des 10 452 kilomètres carrés, la coexistence entre toutes les communautés, l’indépendance et la liberté.
Revenant sur l’échéance présidentielle, il affirme inacceptable de garder le pays sans président à la tête de la République «pour satisfaire les ego des uns et des autres, et pour privilégier l’intérêt personnel au détriment de l’intérêt national». «Arrêtons, dit-il, de trouver des prétextes par-ci et par-là et de lancer des initiatives utopiques. Si nous ne pouvons nous entendre sur un nom, ayons la décence de nous rendre au Parlement et d’élire un président». Dans une tentative de rassurer les chrétiens, parfois inquiets sur leur sort dans cette partie du monde, le président des Kataëb assure: «Notre place est ici au Liban. On a essayé de nous en déloger de force, de nous arracher à cette terre, et nous avons résisté par les efforts que nous avons déployés et ceux de nos héros». Et de poursuivre: «Les Kataëb sont de retour. Nous résisterons si le besoin se fait sentir pour défendre chaque grain de sable de ce pays».
Dès les premières heures du matin, les convois des partisans, venus des quatre coins du Liban, se dirigeaient vers le siège central. L’autoroute a été coupée du rond-point Charles Hélou dans les deux sens, jusqu’à la maison du parti. Brandissant des drapeaux à l’effigie des Kataëb, mais aussi des drapeaux libanais, reprenant en chœur leur célèbre chant partisan «Sur le rocher nous gravons le mot Kataëb», les jeunes et les moins jeunes affichaient une mine réjouie en ce jour qui comptera désormais dans leur histoire récente.
Le meeting s’est déroulé en présence de l’ancien président de la République et du parti, Amine Gemayel, et de son épouse Joyce, des ministres membres du parti, Sejaan Azzi, Ramzi Jreige et Alain Hakim, des députés Elie Marouni, Nadim Gemayel, Samer Saadé et Fadi Habr, ainsi que nombre de personnalités politiques, diplomatiques, économiques, sociales et médiatiques.

Danièle Gergès
 

Les Kataëb sont de retour
Les analystes et les observateurs ont vu dans ce déploiement de force une façon directe de dire aux partis notamment chrétiens, les Kataëb sont de retour. Il faut désormais compter avec eux. Ils ont tous les outils nécessaires pour s’imposer sur la scène locale: Gemayel a certes rassemblé de très nombreux partisans, mais il a également proposé un nouveau projet politique national qui devrait, selon lui, être discuté de façon démocratique et pacifique, sans tutelle étrangère, tout en sous-entendant que si besoin est, les Kataëb sont susceptibles de défendre le pays de toute tentative de déstabilisation sécuritaire.

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