C’est un rockeur, un motard, un tatoué, un homme de tous les extrêmes. Avec son regard bleu étiré, perçant comme un laser, ses biceps forgés par des heures de sport, l’intensité de ses gestes, sa voix rauque, chaude, inimitable, sa présence unique sur scène, résultat de plus de 50 ans de carrière, Johnny «la légende» a allumé le feu au stade Fouad Chéhab dans le cadre du Festival de Jounié, séduisant définitivement ses fans libanais qui l’ont ovationné debout, rendant hommage à son talent et à son énergie lumineuse.
«Rester vivant». Tel est le titre de la tournée – et celui du dernier album – de Johnny Hallyday. Vivant, cet homme l’est de façon vibrante. Les nombreux fans qui l’acclamaient en cette soirée exceptionnelle ont pu le constater. Fidèle à sa légende, il reste, à 72 ans, une bête de scène et enflamme les arènes en un tour de chant. Il est 22h précises. Les musiciens prennent place sur le podium. Des lasers blancs balaient le public. La fumée s’élève. Le fauve entre, pantalon et veste en cuir, arborant des lunettes noires, des bagues aux doigts, des bracelets au poignet et des tatouages sur les bras dont celui de sa femme Laeticia nue. Lui que l’on dit timide dans la vie, se lâche et le spectacle commence. Elle que l’on dit fan infaillible, calme et sereine, ne le lâche pas du regard. Assise au premier rang, jean et top noir, petit chignon tout simple enroulé sur la nuque, elle passera les deux heures de concert à filmer son rockeur de mari. Laeticia est d’ailleurs très investie sur cette nouvelle tournée. Elle a travaillé sur tous les costumes de son mari. Pour cela, elle s’est associée pour la première fois à Henry Duarte, créateur américain, qui a confectionné plusieurs tenues que le chanteur porte sur scène.
Répétition à LA
Dès le départ, le ton est donné avec trois guitaristes qui font résonner Rester vivant devant les 5 000 spectateurs toutes générations confondues. Sa voix grave aux intonations uniques s’élève, fait trembler la scène et galvanise le public. Guitare en main, il reprend plusieurs de ses tubes comme Quelque chose de Tennessee, Oh, ma jolie Sarah, Nadine, une adaptation signée Long Chris, J’ai besoin d’un ami, Que je t’aime que le public debout entonne en chœur avec lui, Toute la musique que j’aime, ses célèbres adaptations Fils de personne, Le Pénitencier et Jusqu’à minuit, alternant rock, countries, ballades et rhythm’n’blues. Gabrielle, interprétée de façon très rock avec un magnifique solo d’harmonica de Grep Zlap, met littéralement les fans en transe. Les gens se déhanchent et applaudissent à tout rompre. Et quand Hallyday va changer de tenue, toujours un ensemble en cuir mais avec une chemise satinée rouge vif, c’est son groupe qui assure un intermède musical très rock and roll. Mis en valeur par une lumière sobre, et sans effet pyrotechnique, douze musiciens et quatre choristes accompagnent Johnny dans les morceaux les plus riches. Ces artistes surdoués, apportent, chacun à sa façon, ses connaissances, sa sensibilité et son talent. Quant au visuel, un flot de lumière, mais aussi des projections changeant en fonction de chaque chanson.
Quatre semaines de répétition à Los Angeles avaient permis au groupe de se chauffer et à Hallyday d’accorder sa voix et ses guitares pour, dit-il dans une entrevue télévisée, «donner du plaisir aux gens». Et du plaisir, les Libanais en ont eu. Ils sont sortis comblés de ce concert ponctué par les «je vous aime» lancés par Hallyday, «Vous êtes un public formidable», «Vous êtes merveilleux», «Il fait quand même chaud chez vous ce soir»… Hallyday est arrivé à Beyrouth, la veille du concert, en jet privé, accompagné par sa femme Laeticia. Il s’est dirigé tout de suite vers l’hôtel Albergo, lieu de son séjour. Son équipe composée de plus de 50 personnes et de 700 tonnes de matériels est arrivée à bord d’avions d’Air France. La sécurité de la star était assurée par des équipes de l’ambassade de France. Après son concert, la star française, accompagnée de son équipe, a dîné à Maameltein au restaurant de poissons Chez Sami, avant de rentrer vers 3h00 à son hôtel et repartir le lendemain à Paris.
«Plus d’un demi-siècle de musique et de fureur. Le rockeur est devenu un personnage mythologique français, un personnage unique à l’immense stature, mais aussi aux fêlures légendaires. Car Johnny, c’est avant tout ce paradoxe. Un artiste brûlé par son art, pour lequel il a tout donné. Un passionné, dévoré par la musique, à la folle énergie, mais aussi par un mal de vivre ravageur. Une carrière monumentale. Un artiste unique. Aimé, adoré des Français. Malgré ses turpitudes, ses traversées du désert, son public ne l’a jamais abandonné. 26,7 millions de spectateurs ont assisté à ses concerts. En France, ses ventes de disques avoisinent les 60 millions d’exemplaires. Il a obtenu 39 disques d’or, 18 de platine et 7 Victoires de la musique». C’est ainsi que Johnny Hallyday est présenté sur le site qui lui est consacré. Ce natif des Gémeaux est pétri de contradictions, des contradictions qui en font un artiste hors du commun. Il fume des Gitanes. Se plaît dans des tenues rock and roll. C’est un fervent adepte de la Harley-Davidson, il en a d’ailleurs plusieurs dans son garage. Il lui arrive de pleurer, dans des moments forts de sa vie. Il l’a fait notamment en entendant Jacques Brel chanter Ces gens-là. Le plus célèbre des rockeurs français fait attention à sa ligne et s’astreint au moins à une heure de sport par jour. Des tatouages parsèment son corps. Ne renonçant pas à son esprit provocateur, il décide de se faire tatouer sur son bras sa femme Laeticia nue, insistant à continuer de multiplier les gestes tendres et indélébiles à son égard. Tatou qu’il qualifie «d’amour infini». Ce dessin qu’il s’est fraîchement offert à Los Angeles chez Rick Walters, un artiste californien réputé dans le domaine. Johnny Hallyday ne s’est pas arrêté là puisqu’il s’est aussi fait tatouer les chiffres 666. Des chiffres qui font suite à celui dessiné sur son bras en janvier dernier, une énorme tête de loup et à un autre tatoué en août 2014, un Captain America.
Danièle Gergès
Le public à contribution
Le public qui le suit partout et qui lui est si fidèle, Hallyday a voulu le mettre à contribution en lui demandant de choisir la programmation de son show via un sondage sur Twitter. C’est J’ai pleuré sur ma guitare qui a été finalement choisie par les internautes pour figurer sur la liste des morceaux qu’il jouera pendant la tournée.